Rosa Liksom

J'avoue que j'ai un peu de mal...

C'est glauque et je "n'accroche" pas à l'écriture.

De plus, il y a certainement des "choses" qui m'échappent, que je ne comprends pas, faute de références peut-être ?

Nouvelles de longueurs inégales où des scènes de vies quotidiennes se succèdent de façon morose et poétique. Certaines nouvelles sont touchantes et sortent un peu du lot (la dernière avec le père par exemple) mais dans l´ensemble Rosa Liksom s´attache à dépeindre les mêmes sentiments : la jouissance, l´ennui, l´anxiété, la solitude, la joie, l´ivresse et surtout l´amour. Difficile de dire et d´expliquer ce qu´on retient après cette lecture. On lit plus "Le creux de l´oubli" pour les scènes de maison, de confort ou d´inconfort dans lesquelles l´auteure nous plonge quelques instants. C´est un livre dont l´acte de lecture lui-même est appréciable.

Compartiment n°6 nous emmène dans un long voyage à travers la Russie, la Sibérie puis la Mongolie où une jeune Finlandaise n'a d'autres choix que de passer son voyage entier avec un Russe vulgaire et alcoolique. Chaque arrêt est ponctué de beaux passages contemplatifs où Liksom nous décrit la nature sauvage de l'URSS mais aussi la pauvreté de ses villes industrielles, à peine peuplées, parfois à moitié laissées à l'abandon et bien souvent ignorées par le reste du monde. Ce sont des villes où la jeune Finlandaise s'arrête, seule ou accompagnée, et qui marquent une rupture ou une transition avec la suite du voyage.

Un voyage long, qui s'étire, semble même parfois ignorer sa fin, et qui nous dévoile peu à peu ses deux personnages au fil de conversations à sens unique. S'il n'est pas difficile de cerner le Russe qui raconte ses histoires de prostituées, d'amour, de vodka, la jeune Finlandaise, elle, reste silencieuse et cache un peu plus son histoire et ce qui l'a poussée à quitter Moscou. Ce sentiment de peur qui l'envahit à chaque fois que le Russe la choque ou l'agresse verbalement après avoir bu des litres de vodka la pousse à se réfugier dans ses pensées, ce qui nous permet d'en apprendre plus sur elle et son histoire.

Le travail de recherche sur cette zone méconnue du monde, sur cette période où la Russie est en guerre avec l'Afghanistan et la précision générale des descriptions est à saluer. Tout le long du roman, on ressent ce magnifique contraste de paysages sauvages et poétiques qui côtoient la saleté et la pauvreté. On se laisse embarquer par l'inconnu et on se plaît à suivre ce long voyage dont la toile de fond extrêmement précise est sans contexte le point fort du roman.

Spoiler(cliquez pour révéler)Le plus beau reste cette amitié timide qui semble naître entre deux personnages que tout oppose. Malgré sa violence extrême, la Finlandaise montre à plusieurs reprises des signes d'empathie voire d'amitié pour ce Russe. Il lui renvoie peut-être à la figure masculine avec qui elle était sensée faire ce voyage ?

Noirs Paradis parle de nouvelles en Finlande. J'ignore si ce sont de vraies histoires mais elles sont toutes plus créatives et absurdes les unes que les autres. Le fait qu'elles ne durent que deux ou trois pages m'a attiré, je voulais en voir toujours plus. Cela nous remet en cause sur notre confort et sur la société.