William Ard

Manipulation, chantage et arnaque à l'assurance dans le New York des années 1950, pour ce véritable polar à la sauce hard-boiled, avec un privé très tough et humain qui se coltine à de vilains méchants et se frotte à de fatales femmes avec une certaine réussite. De la bath en barre, avec de l'action et du rythme, une violence désuète, un humour alerte et une tonalité badine qui font mouche. Premier volume d'une série de neuf titres avec ce personnage, dont trois traduits à la Série Noire, pour ce sémillant roman, qui, si il n'apporte rien de neuf (c'est même tout le contraire), rempli parfaitement son rôle de divertissement léger, démodé et amusant.

Dans la ville de New York, le privé Timothy Dane est engagé par un industriel prospère, père d'une jeune fille qui se trouve dans une situation délicate. Son journal intime a été volé par un valet de la maison et le riche homme souhaite le récupérer, quitte à y mettre le prix fort. Une enquête bénigne pour Dane, sauf que le grossium lui cache qu'il est en pleine préparation d'une nouvelle carrière politique, étant le futur candidat au poste de gouverneur de la région, et que le parti ennemi est lui aussi à la recherche de ce journal, pour mieux le faire chanter et l'amener à retirer sa candidature.

Une belle plongée dans le triste milieu de la politique, entre corruption, chantage, manipulation, trahison et lutte d'influence et de pouvoir, pour une histoire qui commence et termine bien, mais qui connaît un sérieux trou d'air en son milieu. Le genre de texte qui aurait fait une excellente nouvelle et qui donne seulement un bon polar. Seulement étant réducteur, puisque Ard, en bon conteur, mène parfaitement son récit malgré ces quelques longueurs, en jouant sur les codes du genre sans s'appesantir sur ses côtés sombres, avec une mise en scène finale qui rappelle le dénouement des enquêtes d'Hercule Poirot (dans un style totalement différent).

Petite lecture plaisante, divertissante et vieillotte comme je les aime, avec un solide personnage en la personne de Dane, ce privé à la dur à la sauce « pulp magazine » qui affiche une éthique admirable, à mille « miles » d'autres privés de la vague des romans noirs américains de l'époque, cousin lointain d'un Lew Archer auquel il fait par moment penser. Pas de quoi se relever la nuit, mais suffisant pour se coucher tard si on aime ce genre d'histoires.