Romane K.

J’ai encore du mal à poser mes émotions et mes mots sur cette autobiographie. Car oui, disons-le tout de suite, c’est une autobiographie. Certes, ce n’est écrit nulle part, mais lorsqu’on lit la biographie de l’auteur et le roman, nous pouvons faire immédiatement le rapprochement. C’est cette dimension autobiographique qui rend le roman d’autant plus poignant, émouvant. Nous allons apprendre à connaître Nael et Roxane dans leur couple mais aussi leur passé, leurs blessures, leurs difficultés. Pour moi, le roman se découpe en deux parties. Une première partie plus axée sur Nael et l’horreur de la guerre qu’il a vécu puis une deuxième partie plus axée sur Roxane et ses traumatismes d’enfance. Le fil conducteur du roman reste le couple et les préjugés auxquels ils font face, au rejet de leur entourage concernant la nationalité de Nael.

Le récit aborde plusieurs points sociétaux problématiques. Nous avons principalement le racisme, la maltraitance infantile et la guerre (de Syrie principalement). C’est un roman sensibilisateur. En plus de raconter la vie difficile du couple, il pointe du doigt tout ce dont nous ne voudrions pas avoir connaissance. Ce que nous, nous prenons pour des « théories » sur le rôle des Etats-Uniens dans la guerre Syrienne est ici relaté par Roxane, qui l’a elle-même entendu de son mari. Honnêtement, je n’ai aucune connaissance dans ces faits dramatiques, mais j’ai été très choquée d’y apprendre tout un tas de choses aussi horribles les unes que les autres. Ce roman ouvre les yeux sur la réalité de la guerre, sur la difficulté de l’immigration, sur la vérité que les médias tentent d’étouffer et sur le racisme vécu au quotidien. Et ce n’est pas tout, il sensibilise aussi à la maltraitance infantile, à la difficulté de gérer ces traumatismes dans la vie d’adulte.

« J’ai vécu une guerre faite de bombes et d’armes tenues par des terroristes. Tu as vécu une guerre faite de coups et d’humiliation donnés par tes propres parents. Tu as vécu la guerre. Ce n’est simplement pas la même. » (paroles de Nael, page 110)

Les descriptions des souvenirs, surtout de ceux de Nael, sont particulièrement jolies. On se croirait dans son petit village calme de Syrie, auprès de lui et sa famille. C’est d’autant plus destructeur lorsque ces mêmes descriptions changent brusquement pour se tourner vers la guerre, le petit paradis campagnard détruit, les familles endeuillées. J’en ai pleuré des torrents. L’auteure a une plume qui retranscrit à merveille les émotions, ses émotions, leurs émotions. C’est poignant, émouvant, révoltant. Ça vous claque la réalité en face.

« Tu sais, dans mon village à Foua, on avait une grande maison avec une cour intérieure où je jouais avec mes cousins toute la journée. En partant du portail, il y avait une longue galerie dont le toit était recouvert de grappes de raisin. En été, il suffisait de tendre le bras au-dessus de nos têtes pour en cueillir quelques grains. J’adorais ça. » (paroles de Nael, pages 25 et 26)

C’était un gros coup de cœur. Un titre poétique et un roman transpirant d’émotions et de vérité. Je ne peux que le conseiller à n’importe quel lecteur.