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Tod est un spécialiste du capital-risque qui approche de la cinquantaine. C’est un homme grassouillet, chauve, au teint olivâtre, avec une peau constellée de cicatrices d’acné et des yeux globuleux noisette. Mais l’important, sur le plan financier, c’est qu’il est fou de notre projet. Il y croit dur comme fer et avait très envie d’investir. Il a libellé un premier chèque qui n’était qu’un amuse-gueule. J’ai dû maintenir la pression jusqu’à ce que le collecteur de fonds puisse encaisser la seconde partie de sa contribution – la plus importante – au printemps. Car bien que nous ayons reçu le dernier chèque, ce dernier est post daté. Mais je ne me fais aucun souci.
Tout ça pour dire que soudain, les projecteurs se sont braqués sur nous comme jamais. Nous avons commencé à nous intéresser de très, très près à tout ce qui avait un rapport avec l’H²0. Les Journées Nationales des Zones Humides et les Forums Mondiaux de l’Eau ont pris soudain une place croissante dans notre emploi du temps. Désormais, jamais plus nous ne nous prélasserons dans un bon bain, jamais plus nous n’utiliserons de lave-vaisselle et ne sauterons dans une piscine, jamais plus nous ne laisserons couler trop longtemps l’eau du robinet pour nous brosser les dents, sans nous sentir horriblement coupables.
Green World est en train de prendre une ampleur énorme, et si j’en crois la direction, c’est la raison pour laquelle on nous envoie Trutch. Pour faire un peu d’élagage stratégique avant que les branches ne poussent dans tous les sens.
— Ecoutez, Jake, quand ce Trutch arrivera lundi matin, envoyez quelqu’un d’autre chercher les cafés et les beignets. On ne va quand même pas lui dérouler le tapis rouge, à cet exploiteur ! Vous n’avez qu’à envoyer Penelope.
Jake dresse l’oreille et demande :
— A propos, ça se passe comment avec Penelope ?
Une voix grave et langoureuse interrompt notre conversation.
— Jake, mon chou, la prochaine fois que vous prendrez la décision d’embaucher quelqu’un de doué pour les langues, assurez-vous qu’il soit suffisamment âgé pour tenir l’alcool et baiser en toute légalité.
C’est Cleo Jardine, Chargée des Relations avec les Partenaires de la GWI et qui travaille avec moi pour le bien des salariés. Cleo est originaire à 50 % des Barbades et à 50 % de Montréal. Ses cheveux en bataille ont une couleur qui n’est pas sans rappeler la cerise au marasquin trempée dans un bain de chocolat amer.
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