Extraits

« Non ! »

Il s’énervait.

«Vous aviez quoi comme provisions ?

— On faisait les courses chaque semaine, et quand il ne restait plus rien, maman sortait une boîte de conserve », expliqua Lisa.

Elle avait compris où Elias voulait en venir.

« Donc, il y a des réserves dans les appartements ! Tout n’a pas dû pourrir... Il faut fouiller chez les gens ! » conclut-il.

Il y avait certainement de nombreuses maisons et beaucoup d’appartements dont les portes n’étaient pas verrouillées la nuit de la Disparition. Ils allaient les explorer méthodiquement, dans l’espoir d’y découvrir des provisions.

Mais, avant tout, il leur fallait un moyen de transporter ce qu’ils trouveraient.

Elle réfléchit un instant.

« Deuxième possibilité : un singe échappé du zoo. Un singe qui boit à la bouteille ? Il n’y a qu’à la télévision qu’on voit ça. »

Elle reprit une cuillerée de la crème dessert qu’elle avait ouverte quelques minutes plus tôt.

« Troisième possibilité... »

C’était presque impossible à envisager après le mois qu’elle venait de vivre.

« Troisième possibilité : je ne suis pas seule dans cette ville. »

L’idée était à la fois éblouissante et terrifiante. Enfin, parler à quelqu’un — quelqu’un d’autre que Dimanche. Se débarrasser de cette épouvantable impression de solitude complète, partager l’angoisse de cette situation insupportable. S’entraider pour mieux s’organiser, décider peut-être de pousser plus loin que les limites de la ville l’exploration de ce nouveau monde.

« Mais si quelqu’un d’autre a survécu à la Disparition, comment est-il possible qu’il ne m’ait pas aperçue alors que j’ai traversé les rues en long, en large et en travers ? »

Puis elle pensa à tous les messages qu’elle avait peints sur les murs de la ville, et la conclusion s’imposait d’elle-même. Il l’avait vue, et il n’avait pas voulu se montrer.

Était-ce parce qu’elle représentait un danger pour lui ? Ou parce qu’il en représenterait bientôt un pour elle ?