Etienne Kern

Je vais donc tenter de vous donner un aperçu de ce que vous pourrez y trouver sans trop en dire au cas où vous voudriez découvrir ce livre. Déjà, c’est un ouvrage que j’ai vraiment beaucoup apprécié. La plume est très fluide et l’on est très vite immergé dans les différentes histoires entre les protagonistes. Les duos présentés sont très éclectiques et ne s’arrêtent pas à une époque ou un pays : la diversité est un autre des points forts. Et la dernière chose importante qui mérite d’être soulignée c’est que les auteurs de ce recueil n’inventent pas pour combler les trous ou les zones flous des récits. Parfois, les documents sont trop peu nombreux et on ne peut que supposer certaines choses ou garder en tête une zone de flou sur un ressenti ou un évènement.

On y côtoie des auteurs classiques et très connus (Dumas & Hugo, Schiller & Goethe, Tolstoï et Tourgeniev) et d’autres que je connaissais moins (Coleridge et Wordsworth par exemple), des duos que je ne m’attendais pas à trouver (Sand & Flaubert) mais également des auteurs contemporains (Eluard & Char, Mishima & Kawabata, Sanghor & Césaire).

Si certaines relations sont très stables sur toute la durée et que chez d’autres on constate quelques remous, il y a aussi les relations amour/haine assez violentes, à la limite parfois du toxique. J’ai ressenti beaucoup de respect dans ces relations, des gens qui se sont influencés et qui se sont mutuellement aidés pour grandir. Parfois, certains se sont éloignés pour des divergences d’idées (souvent politiques).

Je crois que parmi les plus marquantes, je retiens celle Sanghor & Césaire ainsi que celle de Flaubert & Sand qui m’ont vraiment touchées par leur réciprocité et la beauté de leur relation.

En bref, c’est un livre que je vous recommande pour découvrir les auteurs sous un nouveau genre !

Le 4 février 1912, Frantz Reichelt, tailleur pour dame venu de bohême, se jette du premier étage de la tour Eiffel pour essayer son invention, un parachute. Cette mise en lumière de ce fait véridique nous emmène du Paris joyeux à la Belle Epoque. Un premier roman tout en mélancolie et en poésie. Un récit touchant et nostalgique qui fait une belle part aux propres disparus de l'auteur.

Un roman dichotomique qui alterne un récit historique consacré à Franz Reichelt, héros des temps modernes, et les réflexions d’un narrateur qui cent ans plus tard analyse la situation et partage son ressenti avec le lecteur. Un texte puissant, élégant, beau et émouvant, sans mièvrerie, sans pathos. Un premier roman particulièrement réussi ! L’intrigue nous propulse dans le Paris de la Belle Époque, parmi les héros, les inventeurs, les passionnés de l’aviation. Nous sommes immergés dans des recherches jusqu’au-boutistes, dans des passions qui déchirent tout sur leur passage, y compris l’amour pour

Une femme incomprise et délaissée, stigmatisée par les conséquences d’une course au progrès obsessionnelle.

À travers les déchirures des différents protagonistes, une exploration des nôtres.

Un roman intemporel dont nous recommandons vivement la lecture !

Franz Reichelt, ce nom vous dit-il quelque chose ?

Rassurez-vous, avant la lecture des « Envolés » d’Etienne Kern je ne le connaissais pas non plus et pourtant cet homme a marqué l’histoire, tragiquement. Dans son premier roman - mais pas son premier livre car il a déjà écrit six essais - Etienne Kern nous raconte la courte vie de Franz Reichelt qui, un jour de février 1912, s'est élancé du premier étage de la Tour Eiffel pour tester son invention, un "costume-parachute d'aviateur". Il hésite longuement, très longuement, mais comme il a du public – une trentaine de badauds et surtout de nombreux reporters qui filment la folle tentative – il ne veut pas les décevoir alors il saute et s’écrase au sol, 57 mètres plus bas. C'est une des premières fois qu'une caméra saisissait la mort en direct. Un film impressionnant, qui interroge sur le pouvoir d'attraction des images. Des médias déjà à la recherche de scoops et d’émotions fortes … L'auteur décrit la naïveté candide de son personnage, qui s’était donné pour mission de créer un parachute qui imite les ailes d’une chauve-souris et qui devait sauver à l’avenir les apprentis aviateurs. Une utopie qui lui coûtera la vie et dont il ne reste rien aujourd’hui si ce n’est la postérité de ce saut visible encore actuellement sur la chaine youtube. L’auteur essaye de comprendre ses motivations car Frantz Reichelt était d’abord et avant tout tailleur pour dames, venu de Bohême pour s'installer à Paris, la capitale de la mode. Il n'a eu qu'un but après la mort de son meilleur ami : fabriquer un parachute et être le premier homme qui réussit le saut depuis le premier étage de la Tour Eiffel. L'obsession de cet homme se résume dans cette citation "Les gens que nous aimons, nous ne pouvons rien pour eux". Rien ni personne. Même la femme qu’il aime n’a pu le détourner de son objectif, changer sa décision. « Les envolés » sont tous ceux qui ont perdu la vie en voulant voler comme Icare. Ce désir, cette folie d’aller toujours plus loin, toujours plus haut, au risque de se brûler les ailes et d’en mourir. En ce début de 20ème siècle, les Français se sont pris de passion pour les aéroplanes, pour ces bricoleurs qui fabriquaient au fond de leur garage, de leur grange, de drôles de machines pas toujours volantes. Les foules se rassemblaient pour admirer ces pionniers, ces aventuriers faisaient rêver. Juste pour la gloire, l'envie d'être le premier à voler. Franz Reichelt n’était pas un homme qui rêvait de gloire lui, c’était un homme réservé et solitaire, hanté par la culpabilité "Franz est appelé par des voix qu'il est le seul à entendre. Il porte son rêve comme une blessure au flanc."

Ce petit roman de 150 pages est aussi un hommage de l’auteur en mémoire de deux de ses proches, disparus, eux aussi des « envolés » : son grand-père tombé d’un balcon et une amie qui s’est défenestrée.

Je suis toujours ébahie par ces auteurs qui arrivent à retrouver dans le passé des faits historiques ou des personnages qui sortent de l’ordinaire et qui sont tombés dans les oubliettes de la mémoire collective. Je pense entre autres au « bal des folles » de Victoria Mas, à Vivian Maier remise au goût du jour dans le livre « la femme en contrejour » de Gaëlle Josse, les livres de Jean Teulé mais ce ne sont pas les seuls…

« Les envolés » est un texte puissant, nostalgique, qui dépeint La Belle Epoque, les Années Folles. Tiré d'un fait divers, ce roman est admirablement maîtrisé, très sobre et d'une grande pudeur. Une écriture touchante, des personnages attachants. De la poésie, beaucoup de poésie …

Une belle découverte de la rentrée littéraire de septembre 2021.

Un roman très intéressant qui mêle fiction et réalité sans en faire "trop". On est propulsé dans une époque, dans un contexte qui est celui de l'essor de l'aviation ce qui rend notre esprit tout chamboulé, tout imaginatif ! Non seulement ce livre nous permet d'imaginer l'histoire tragique de Franz.R et son échec quant à la création de son parachute, mais l'auteur ajoute une romance très mesurée, légère qui vient modeler le roman en lui donnant une ligne de force, un aspect encore plus accrocheur. C'est finalement un très bon roman qu'Etienne Kern propose en ces pages, et au fur et à mesure que le livre se termine, c'est un déchirement de l'abandonner !

très très bon travail

Ailes déployées, regards fiévreux, pensées déstructurées, envies douloureuses, espoirs perdus, désillusions sournoises. La vie qui ne tient qu’à un soupir.

LES ENVOLÉS est un roman terriblement poignant. Les mots s’entrechoquent, s’animent, s’aimantent, s’envolent vers les espoirs vains et les doutes accablants. A l’heure où apprivoiser le ciel est un eldorado, un espace encore vierge où la liberté semble libératrice, les esprits s’échauffent et innovent.

Franz Reichelt immortalisé, archivé, homme volant, homme libre, homme condamné.

Et tous les autres envolés, laissant leurs empreintes dans les âmes désolées.

Passé, présent, ultime témoignage de la perte, de la femme, de l’homme, des rires, des larmes, de l’amour vivant, brisé, de la folie inconsciente, ultime pardon, foi perdue, esclave du temps qui s’assombrit.

Plume enjôlée, plume triste, plume sincère, plume enchanteresse narrant les vies avec un respect incommensurable. Apprivoisée la vie, la comprendre, la décortiquée et la laisser s’en aller au loin vers cette liberté.

Un roman saisissant. Un roman pétrifiant. Un roman recelant une part d’ombre lumineuse.

On suit dans ce roman, Franz Reichelt tailleur pour dames, devenu obsédé par la confection d'un parachute à la suite d'événements personnels. Étienne Kern nous livre ici, l'histoire vraie mais romancée de ce tailleur et également les souvenirs de ses propres disparues comme le dit si bien l'éditeur. Un petit roman joliment écrit, ou l'auteur arrive à nous immerger en si peu de page, dans le Paris de 1912.