Asli Erdogan

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre. C'est après l'émission de François Busnel que je l'ai acheté, plus sentimentalement que par intérêt. Cette femme qui a été emprisonnée et qui risque la peine de mort car elle écrit ce qui se passe en Turquie m'a émue. Si la vente de ses livres pouvait l'aider... .... Mais j'ai eu beaucoup de mal avec son écriture poétique trop difficile à comprendre pour moi. Quel tristesse de lire ce qui se passe là-bas.

Un roman fort troublant, le premier de la romancière turque, écrit en 1993. Troublant, par sa supposée dimension autobiographique, par son histoire, un amour impossible empreint de tension érotique. Mais, on retrouve aussi des thèmes qui font écho à la situation actuelle d'Asli Erdogan, sous le coup d'une lourde condamnation en Turquie, en particulier ceux de l'emprisonnement et de la libération.

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/2018/04/jai-besoin-que-quelque-chose-donne.html

Ce sont des extraits de ses écrits. Son écriture est presque poétique.

La plume est magnifique !!

Si vous croyez rejoindre une romance romantique...vous êtes loin du compte.

On est dans une sorte de "La Belle et la Bête" assez fantasmagorique, mais uniquement en filigrane. En réalité c'est la douleur interne d'une femme que l'on lit. Elle se perd dans un marasme pareil à la marée. Elle se noie, camoufle ses failles, s'asphyxie, les avoue.

L'homme Coquillage est laid, irrémédiablement. Et cela fait partie de ce qui attire notre héroïne au bord du gouffre. Derrière cette apparence un mystère charismatique se dessine. Tony est taiseux même quand il parle.

En suivant notre narratrice sans-nom (Asli elle-même ? Il semble bien) on découvre que tout ce qui est sombre la fascine. Elle veut se rendre où on lui déconseille d'aller. Elle a déjà fait une TS et failli la reproduire. La dépression ? Elle danse avec. On la qualifie d'ailleurs d'écrivaine torturée. (Vu son vécu...oui.) Inconsciente, elle ne peut s'empêcher de suivre le danger...même en étant lucide. Car la mort lui apparaît comme fort attractive.

C'est prenant. L'approche progressive qu'elle connait avec cet être qui frôle l'imaginaire (d'ailleurs au vu du résumé je pensais qu'il ne serait pas humain ^^) est déstabilisante. On oscille sur le surnaturel par l'évocation de la sorcellerie vaudou.

La folie est sous-jacente, la passion est forte mais reste platonique. Je n'ai pas compris les choix auto-destructeurs d'Asli (?!) . Mais elle même, se sentant en décalage, ne sait pas trop ce qu'elle fait, ni pourquoi. Ce vide de sens qui la saisit, ne cesse de pousser son existence vers l'abîme.

Son obsession l'accroche à un mirage. Elle finit par s'inventer des souvenirs avec cet amour de vacances aussi fusionnel, qu'irrationnel, éphémère et inasouvi...mais qui reste dans sa mémoire comme une blessure à vif qui refuse de guérir.

Si tout est poétiquement cru, je reste en désaccord avec sa volonté..de "ne pas se confronter à". Le monde onirique c'est fuir la vraie vie et faire l'autruche.