Gringe

« Ensemble on aboie en silence »est l’histoire d’une fratrie particulière, qui ne se conforme pas, accepte sa différence.

C’est un livre qui se lit d’une traite. Une partition à quatre mains spontanée et sans fioritures.

Nous découvrons Guillaume et Thibault gamins, une fratrie comme tant d’autres, l’aîné est turbulent, le second facile à vivre pourtant à l’adolescence il deviendra schizophrène.

Ce livre est une histoire d’amour et de tendresse car même si son frère est une énigme, Guillaume est toujours là pour lui. Il éprouve parfois de la colère envers les autres et leur regard, il lui arrive de se sentir coupable mais pas de ressenti envers ce petit frère, ils voyagent même ensemble.

C’est très beau et très émouvant car même Thibault exprime sa tendresse.

Gringe nous offre une réalité troublante mais ce qu’il dit est tellement juste.

Il nous offre un magnifique passage :

« Vivre dans un éternel présent.

Voilà ce qui nous lie, Thibault et moi. C’est notre privilège. Évoluer sur une même échelle de temps, ensemble ou séparément. »

Mon coup de cœur de la saison.

Merci aux éditions Harper Collins de leur confiance

#Ensemble on aboie en silence # NetGalleyFrance#

« On aboie en silence » est le premier livre coup de poing de Gringe, jusqu’ici plus connu pour son rap et ses quelques rôles au cinéma. C’est un récit à quatre mains et à plusieurs voix sur son frère Thibault, diagnostiqué schizophrène en 2001.

Sur un fond de tragédie universelle, Gringe revient sur l’enfance de ces deux frères que tout oppose malgré un amour peut-être pudique mais indéfectible. L’un turbulent, l’autre trop calme, l’un qui prend des risques, l’autre qui calcule tout. C’est avec une grande tendresse et en évitant le pathos et les poncifs sur cette maladie que Gringe revisite ses souvenirs pour expliquer comment sa vie, à Cergy puis à Caen, s’est inévitablement articulée autour de la maladie de son frère. De l’anonymat jusqu’à une célébrité vécue dans la honte, coupable du fameux « syndrome du survivant », Gringe explique l’horreur et la souffrance d’avoir connu la notoriété et d’attirer toute l’attention de sa famille, brillant à bien des égards alors que son frère est fatalement coincé dans sa maladie. « Devenu le grand frère de son frère malade », Gringe plonge alors dans les excès et mène un mode de vie léthargique, comme pour partager la folie de son frère et se rapprocher de lui.

Avec une écriture frontale, incisive, sans fioriture, où l’ombre d’une punchline n’est jamais loin, Gringe s’amuse aussi à perdre son lecteur : on ne sait parfois pas si c’est lui ou son frère qui partage son souvenir. La temporalité, elle aussi, est parfois floue puisque se mêlent d’anciens textes un peu cryptiques de son frère à des textes plus récents. Et pourtant, la façon dont s’articulent thèmes et courts chapitres, tels des fragments de souvenirs, est plaisante et toujours reliée par un fil conducteur : celui de l’existence parallèle de ces deux frères, qui fluctue et évolue, au gré des épreuves de la vie. Et notamment d’une épreuve vécue de manière presque commune, celle de la schizophrénie, brillamment abordée en filigrane, sous un plan plus émotionnel et humain que purement médical. Et pourtant, les quelques écarts de route pour parler des symptômes et des traitements, actuels et plus prometteurs à venir, sont toujours intéressants et savamment dosés. Car en plus d’être informatifs et pertinents, ils sont souvent vecteurs d’espoir, car même si le récit des bribes de vie de ces deux frères est unique, n’oublions pas que la tragédie qui les touche et les affecte possède, elle, une portée dramatiquement universelle.

On appréciera également les infusions d’humour ici et là, les réflexions personnelles, les références culturelles qui font mouche et les improbables voyages (Roumanie, Islande, Maroc) qui emmènent le lecteur à la rencontre de paysages et de personnes hors du commun. Certains de ces récits de voyage sont d’ailleurs semblables à des quêtes initiatiques (« Les enfants du Dar Tifl ») pour les deux frères.

Enfin, et c’est ce qui fait toute la singularité de l’œuvre et de l’homme, il y a aussi les voix de Thibault, qui à elles seules, esquissent de nombreux personnages et reflètent sa grande richesse intérieure que Gringe met si bien en exergue tout au long de son livre. Et si derrière la maladie, se cachait un génie, dont les réalités échappent au monde et au commun des mortels ?

En plus de rétablir le vrai sur une maladie finalement aussi méconnue qu’injustement stigmatisée, « On aboie en silence » est une sorte d’hommage mutuel et sincère d’un frère à l’autre, et de ce lien parfois si fort qui unit deux êtres et les pousse, par un effet de mimétisme, à surpasser les épreuves de la vie pour en ressortir grandi. Le chapitre final en est sans doute la plus belle preuve.

Rappeur, comédien et maintenant écrivain, Gringe peut se consoler de ses années d’errance qui n’auront pas été vaines : il est un artiste accompli. Double consolation d’ailleurs, car il n’est pas seul, son frère a lui aussi toute l’étoffe d’un artiste. Une lecture incontournable et mon coup de cœur de ce début d’année.

Un beau récit tout en douceur et amour fraternel, plaidoyer en faveur d'une meilleure compréhension des maladies mentales dont les représentations courantes sont très souvent bien éloignées de la réalité. Ici la schizophrénie en particulier, vue à travers les souvenirs de deux frères qui font chacun au mieux pour affronter la vie avec les armes qui sont les leurs.

Ça aura été une lecture vraiment magnifique. Dès que j'ai su que Gringe avait écrit un livre, et que j'en ai vu le sujet, je savais que j'allais aimer. Il est de toute manière difficile de ne pas aimer un livre pareil, vrai.

J'ai aimé l'écriture, et la manière dont les différents chapitres sont articulés, parfois à nous perdre dans le temps, à nous perdre sur qui également.

C'est beau et c'est tout. Je pense qu'en un sens ce livre était une nécessité, et je suis vraiment heureuse qu'il ait vu le jour.

https://derivedelivres.home.blog/2022/01/10/ensemble-on-aboie-en-silence-gringe/

Si je devais décrire cette lecture en un mot, je dirais qu'elle est surprenante.

Dès les premières pages, Gringe pose le contexte : l'oeuvre est proposée par la maison d'édition, moyen de se faire de la thune sans trop forcer, tout en se racontant. le problème, c'est de convaincre son frère Thibault de lui accorder des entretiens pour parler de la schizophrénie, trouble dont il souffre. L'offre est alléchante, 10 000 euros d'avance. Pour 10K, tu le fais ou pas ?

"Au cours de ma quête éperdue de conneries à faire, tu te retrouvais souvent aux premières loges, quand je ne décidais pas de t'attribuer le premier rôle.."

Ensemble on aboie en silence, c'est avant tout une histoire de famille qui ne baisse pas les bras face à la maladie, qui raconte les beaux moments, l'amour et l'espoir, les désillusions, les traitements et l'impuissance sans se rendre.

Les voix des frères Tranchant se mêlent : si Guillaume évoque sa culpabilité envers son frère, son amour, ses angoisses, sa tristesse, sa haine contre ceux qui détourne le regard, et son admiration pour lui, Thibault, nous partage ses textes à l'écriture poétique et onirique, ses photos, des bribes de sa vie, ses voix auxquelles il s'est attaché, sa lutte quotidienne.

Si vous vous attendez à un roman dur, qui parle de la maladie, en fait la typologie, passez votre chemin. La schizophrénie est le fil conducteur de l'intrigue, mais elle ne pèse pas sur chacun des mots. Pourquoi ? Parce que derrière la maladie, il y a l'humain, qui vit avec, qui précède la pathologie. C'est un roman de ressentis, d'espoirs, de peur, de culpabilité.

De fraternité et d'amour, au-delà de tout.