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On est toujours content quand les gens qui nous aiment relèvent vos travers comme des raisons supplémentaires de vous aimer
Afficher en entierLe lendemain, au petit déjeuner, elle a ri, vraiment ri et m’a dit: je te trouve drôle. Tu es le seul type que je connaisse capable de penser que l’amitié de deux juges boiteux et cancéreux qui épluchent des dossiers de surendettement au tribunal d’instance de Vienne, c’est un sujet en or. En plus, ils ne couchent pas ensemble et, à la fin, elle meurt. J’ai bien résumé? C’est ça l’histoire?
J’ai confirmé: c’est ça.
Afficher en entierJe suis terriblement choqué par les gens qui vous disent qu'on est libre, que le bonheur se décide, que c'est un choix moral. Les professeurs d'allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché. Je suis d'accord, c'est un péché, c'est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n'arracheront pas à leur condition. Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c'est comme entre les pauvres et les riches, c'est comme la lutte des classes, on sait qu'il y a des pauvres qui s'en sortent mais la plupart, non, ne s'en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c'est comme dire à un affamé qu'il n'a qu'à manger de la brioche.
Afficher en entierJ'en ai marre!
C'est une phrase très simple mais extrêmement importante, parce que c'est une phrase qu'on s'interdit. On s'interdit de la prononcer, mais autant que possible de la penser. Parce que si on commence à penser: "J'en ai marre", on se retrouve assez vite à penser: "ce n'est pas juste" et : "je pourrais avoir une autre vie". Or ces pensées-là sont insupportables. Si on commence à se dire: "ce n'est pas juste", on ne peut plus vivre. Si on commence à se dire que la vie pourrait être différente, qu'on pourrait courir comme tout le monde pour attraper le métro ou jouer au tennis avec les enfants, la vie est pourrie. (...) Il n'empêche que ce sont des pensées qui existent et que cela ne fait pas de bien non plus d'employer toute son énergie à faire comme si elles n'existaient pas. C'est compliqué, de s'accommoder de ces pensées-là.
Afficher en entierElle aimait le droit, lui expliquait-elle patiemment, parce qu’entre le faible et le puissant c’est la loi qui protège et la liberté qui asservit, et c’est pour faire respecter la loi au lieu de la détourner qu’elle voulait devenir magistrate.
Afficher en entierJ'avais envie de dire, à voix basse : maman, et de pleurer et d'être, pas consolé, non, mais bercé, juste bercé, et de m'endormir ainsi.
Afficher en entierPersonne n'a pu se reposer en toute confiance dans mon amour et je ne me reposerai,à la fin,dans l'amour de personne.C'est ce que j'aurais dit à l'annonce de ma mort,avant la vague.Et puis après la vague,je t'ai choisie, nous nous sommes choisis,et ce n'est plus pareil.Tu es là,près de moi,et si je devais mourir demain je pourrai dire comme Juliette que ma vie a été réussie.
Afficher en entierIl n’empêche qu’il est prisonnier de ce que les psychiatres appellent un double bind, une double contrainte qui le fait perdre sur les deux tableaux. Pile tu gagnes, face je perds. Être rejeté parce qu’on a une jambe c’est dur, être désiré pour la même raison c’est pire.
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Ils descendent tous les deux au sous-sol, ils prennent place tous les deux devant l'ordinateur qu'il met en marche. La musique commence, les images défilent. Patrice regarde sa femme. Diane regarde sa mère. Patrice regarde Diane la regarder. Elle pleure, il pleure aussi, il y a de la douceur à pleurer ainsi tous les deux, le père et sa toute petite fille, mais il ne peut pas et ne pourra jamais plus lui dire ce que les pères voudraient dire à leurs enfants : ce n'est pas grave. Et moi qui suis loin d'eux, moi qui pour le moment et en sachant combien c'est fragile suis heureux, j'aimerais panser ce qui peut être pansé, tellement peu, et c'est pour cela que ce livre est pour Diane et ses soeurs.
Afficher en entierJe me sentais brillant, important, et cette semi-belle-soeur cancéreusedans sa petite maison au fond de son patelin de province, cela me faisait de la peine bien sûr , mais c'était loin.Cette vie qui s'éteignait n'avait rien à voir avec ma vie à moi où tout semblait s'ouvrir, se déployer.
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