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La passion de Bastien Balthasar Bux, c'était les livres. Qui n'a jamais passé tout un après-midi sur un livre, les oreilles en feu et les cheveux en bataille, à lire et lire encore, oublieux du monde alentour, insnsible à la faim et au froid -
Qui n'a jamais lu en cachette, sous la couverture, à la lueur d'une lampe de poche, parce qu'un père ou une mère ou quelque personne bien intentionnée avait éteint la lumière, dans l'idée louable que le moment était maintenant venu de dormir puisque demain il faudrait se lever tôt -
Qui n'a jamais versé, ouvertement ou en secret, des larmes amères en voyant se terminer une merveilleuse histoire et en sachant qu'il allait falloir prendre congé des êtres avec lesquels on avait partagé tant d'aventures, que l'on aimait et admirait, pour qui l'on avait tremblé et espéré, et sans la compagnie desquels la vie allait paraître vide et dénuée de sens -
Celui qui n'a pas fait lui-même l'experience de tout cela ne comprendra visiblement pas le geste de Bastien.
Il regardait fixement le titre du livre et il se sentit alternativement bouillant et glacé. C'était bien là ce dont il avait tant de fois rêvé, ce qu'il souhaitait depuis le jour où la passion des livres s'était emparée de lui : une histoire qui ne finit jamais ! Le livre des livres !
Afficher en entierBastien considéra le livre :
"Je voudrais bien savoir, se dit-il, ce qui se passe réellement dans un livre, tant qu'il est fermé. Il n'y a là, bien sûr, que des lettres imprimées sur du papier, et pourtant - il doit bien se passer quelque chose puisque, quand je l'ouvre, une histoire entière est là d'un seul coup. Il y a des personnages, que je ne connais pas encore, et il y a toutes les aventures, tous les exploits et les combats possibles - parfois surviennent des tempêtes, ou bien on se retrouve dans des villes et des pays étrangers. Tout cela est d'une façon où d'une autre à l'interieur du livre. Il faut le lire pour le vivre, c'est évident. Mais c'est déjà dans le livre, à l'avance. Je voudrais bien savoir comment."
Afficher en entierC'est une chose bien mystérieuse que les passions humaines et il en va de même en cette matière pour les enfants et pour les adultes. Ceux qui sont atteints ne peuvent pas s'expliquer, et ceux qui n'ont rien vécu de semblable ne peuvent pas les comprendre. Il y a des hommes qui risquent leur vie pour venir à bout d'un pic de montagne. Personne, pas même eux, ne pourrait vraiment expliquer pourquoi. Il y en a qui se ruinent pour conquérir le cœur d'une certaine personne, qui ne veut rien entendre. D'autres courent à leur perte parce qu'ils sont incapables de résister aux plaisirs de la table - ou à ceux de la bouteille. D'autres encore renoncent à tout ce qu'ils possèdent dans l'espoir de gagner à un jeu de hasard ou sacrifient tout à une idée fixe qui ne se concrétisera jamais. Certains croient ne pouvoir être heureux qu'ailleurs que là où ils sont et passent leur vie à courir le monde. Il y a des gens, enfin, qui n'ont de cesse de devenir puissants. Bref, il y a autant de passions différentes que d'individus.
Afficher en entierIl n'avait aucun goût pour les livres qui racontaient sur un ton maussade et pessimiste les événements ordinaires de la vie ordinaire menée par des gens ordinaires. De l'ordinaire, il y en avait bien assez dans la réalité, pourquoi aurait-il dû aller encore en chercher dans les livres ? D'ailleurs, il avait horreur de se rendre compte qu'on voulait l'amener à quelque chose. Et, dans ce genre de livres, il fallait toujours que, d'une manière ou d'une autre, on vous amène à quelque chose.
Afficher en entierEt c'était très important pour le petit garçon, car il avait certes toujours voulu jusqu'à présent être autre que ce qu'il était, mais il n'avait jamais voulu se changer.
Afficher en entier"De l'ordinaire, il y en avait bien assez dans la réalité, pourquoi aurait-il dû aller encore en chercher dans les livres ?"
Afficher en entierSur la fragile tablette de mica - elle n'était pas très grande, à peu près du format d'une page de livre ordinaire - on voyait très nettement et distinctement un homme vêtu d'une blouse blanche. Il tenait dans une main un dentier en plâtre. Il était debout, là, et son attitude et l'expression muette et soucieuse de son visage saisirent Bastien au cœur.
Afficher en entierIl y a aussi une foule de pauvres têtes molles qui se tiennent naturellement pour très intelligents, et croient servir la vérité - qui n'ont rien de plus pressé que de dissuader jusqu'aux enfants de croire au Pays Fantastique.
Afficher en entier- Je m'invente des histoires, j'imagine des noms et des mots qui n'existent pas.
- Et tu te racontes tout cela à toi-même? Pourquoi?
- Eh bien, c'est qu'il n'y a personne d'autre que ce genre de choses intéresse.
Afficher en entierQui n'a jamais passé tout un après-midi sur un livre, les oreilles en feu et les cheveux en bataille, à lire et lire encore, oublieux du monde alentour, insensible à la faim et au froid -
Qui n'a jamais lu en cachette, sous la couverture, à la lueur d'une lampe de poche, parce qu'un père ou une mère ou quelque personne bien intentionnée avait éteint la lumière, dans l'idée louable que le moment était maintenant venu de dormir puisque demain il faudrait se lever tôt -
Qui n'a jamais versé, ouvertement ou en secret, des larmes amères en voyant se terminer une merveilleuse histoire et en sachant qu'il allait falloir prendre congé des êtres avec lesquels on avait partagé tant d'aventures, que l'on aimait et admirait, pour qui l'on avait tremblé et espéré, et sans la compagnie desquels la vie allait paraître vide et dénuée de sens.
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