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On prétend que notre époque offre le plus grand champ à l'existence humaine, mais je crois qu'un homme gagne plus à connaitre chaque grain de sable doré d'une seule petite île du Pacifique que de passer sa vie à bourlinguer ainsi, de monde en monde.
Afficher en entierIl remplit ses poumons de cet air étranger et regarda le ciel parsemé d’étoiles inconnues, recherchant spontanément quelques constellations familières. Un vent glacé balayait la plaine. Ce monde semblait vide, morne et désolé. À l’école, il avait appris quelques notions sur Lemnos : une des anciennes planètes abandonnées depuis mille siècles par une race étrangère et inconnue. Rien ne restait de ce peuple à part quelques ossements fossilisés et quelques débris d’objets façonnés… et le labyrinthe. Ce labyrinthe démoniaque qui défendait une ville morte, à peine dégradée par le temps.
Afficher en entierRawlins, en un éclair, avait pris conscience des discordes et des troubles qui étaient le sort commun : les chances gâchées, les amours ratées, les paroles trompeuses, les douleurs injustes, les désirs, les envies, les convoitises coupables, la morsure de la faim, les frustrations qui rongent et brûlent la chaîne du temps, la mort des petits insectes en hiver, les larmes des choses. Il avait reçu d'un coup le vieillissement, l'affaiblissement, l'impotence, la fureur, l'abandon, la solitude, l'isolement, la désolation, la rage impuissante et la folie. C'était un hurlement silencieux criant la colère cosmique.
Afficher en entierLes impôts, l'âge, les voyages et la gravité étaient des aspects permanents de la condition humaine, bien que les progrès de la science moderne en eussent considérablement diminué les désagréments.
Afficher en entierElle s'appelle le Soleil. Oui mon garçon, notre Soleil. C'est une petite étoile laide et faible, couleur de vomissure. Et elle est ceinturée par des planètes peuplées de laids petits monstres qui se répandent comme un écoulement d'urine sur tout l'univers.
Afficher en entierJ'ai lu, p. 290
« Votre odeur est hideuse et me soulève le cœur. Même vos visages. Ils sont ignobles. Vos pores gras et suintants. Ces bouches s'ouvrant stupidement pour rien. Vos oreilles. Regardez un jour une oreille humaine de près, Charles. Objectivement, avez-vous déjà vu quelque chose de plus laid que cette espèce de petite excroissance rosâtre pleine de coins et de recoins, toute tordue ? Vous m'écœurez tous ! »
Afficher en entierIl faut qu’il sorte de cet endroit de son plein gré, Ned. C’est pourquoi nous en sommes réduits à le tromper avec de fausses promesses. Je sais que c’est ignoble et que cela pue. Mais parfois, l’univers entier pue. Vous n’avez pas encore remarqué cela ?
— Il n’est pas obligé de puer ! dit Rawlins violemment, élevant la voix. C’est la seule leçon que vous ayez apprise pendant toutes ces années ? L’univers ne pue pas ! C’est l’homme qui pue ! Et il pue de propos délibéré, parce qu’il préfère puer que sentir bon ! Nous ne sommes pas obligés de mentir ! Nous ne sommes pas obligés de tricher ! Nous pourrions choisir la franchise et la propreté…
Afficher en entierCe que vous me racontez, je l’ai entendu des milliers de fois à l’université. C’est du cynisme de collégien. Le monde est méprisable, dites-vous. Méprisable. Méprisable. Méprisable. Vous avez percé à jour la vraie nature humaine et vous ne voulez plus rien avoir à faire avec l’humanité. Mais tout le monde répète cela à dix-huit ans. Et puis, on change. On dépasse l’époque confuse de l’adolescence et on regarde le monde. Alors on découvre que ce n’est pas un si mauvais endroit, que les gens essayent de faire de leur mieux, que nous sommes imparfaits mais pas répugnants…
Afficher en entierParmi les autres objets laissés par les anciens bâtisseurs du labyrinthe, bien peu étaient aussi humainement utilisables et pratiques. Il y avait, par exemple, dressée sur une estrade en plein milieu de l’esplanade centrale de la cité, une pierre à douze faces de couleur rubis, qui était abritée sous une voûte de cristal. À l’intérieur de ce bloc battait un mécanisme hautement compliqué.
Afficher en entierMuller vivait depuis neuf ans dans le labyrinthe. Maintenant il le connaissait bien. Il savait ses pièges, ses méandres, ses embranchements trompeurs, ses trappes mortelles. Depuis le temps, il avait fini par se familiariser avec cet édifice de la dimension d’une ville, sinon avec la situation qui l’avait conduit à y chercher refuge.
Il continuait néanmoins à se déplacer prudemment. À trois ou quatre occasions déjà, il s’était rendu compte que sa connaissance des lieux, quoique pratique et relativement exacte, était encore incomplète. Plus d’une fois il s’était trouvé au point d’extrême limite, se reculant juste à temps, grâce à un réflexe heureux, pour éviter le jet d’énergie brute barrant soudainement son chemin.
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