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Etonnant de constater que la vie n'est qu'une longue suite d'accumulations, la recherche permanente de moyens de combler l'espace, d'occuper le temps. Tout cela au nom du confort matériel, certes, mais surtout pour ne pas avoir à reconnaître qu'on ne fait que passer sur cette terre, qu'on la quittera bientôt sans autres biens que les habits dont sera revêtu notre cadavre. Amasser dans la seule intention de tromper le sort commun qu'est l'engloutissement à venir dans l'inconnu, de s'inventer un semblant de permanence, de croire à la solidité de ce que l'on a bâti.
Afficher en entierMon passé venait de voler en éclats, de disparaître à jamais. Plus de responsabilités, plus de pressions, plus de liens quelconques, plus d''avant'. C'était comme si je flottais dans le vide. Question : lorsqu'on efface entièrement l'ardoise, qu'est-ce qu'on obtient ? Réponse : l'ardoise, sans rien dessus. Autre réponse : la liberté. L'existence, délivrée de tout, dontj'avais si souvent rêvé. Mais devant cette chance - cette ardoise silencieuse - je n'éprouvais que de la peur. Et pourquoi ? Parce qu'une liberté aussi absolue procurait le même effet que de regarder dans l'espace intersidéral, de faire face à une immensité dont on ne devine même pas la structure.
Afficher en entiernous aimerions tant partir, voyager légers, et cependant nous ne cessons pas d'accumuler de nouveaux poids qui nous entravent et nous enracinent
Afficher en entierIls sont venus me chercher au bureau. Ils étaient deux, chacun vêtu d'un manteau bon marché et d'un costume minable.Tous deux m'ont montré leur insigne et se sont présentés. Détectives de la police criminelle, bureau de Stanford, Connecticut.
Afficher en entierTout le truc de la photo est là. Il suffit de partir en chasse l'esprit nimbé de théories sur l'objectif en tant que simple témoin de la Vérité avec un grand V pour revenir avec des images figées, grandiloquentes, qui n'abordent jamais le coeur des choses. Une bonne photo, c'est toujours un accident. [...] En photo, le fortuit est l'essentiel. On peut passer des heures à attendre "la" photo pour finir par constater que le moment attendu ne s'est pas produit, mais par découvrir aussi qu'en déclenchant l'appareil pour tuer le temps on a obtenu quelques prises vibrant d'une spontanéité qui manquera toujours aux compositions les plus léchées. Règle numéro un de cet art : on ne choisit pas le bon moment, on tombe dessus, en priant le ciel d'avoir alors le doigt sur le déclencheur.
Afficher en entier" Le moment ou l'on découvre qu'il n'y a plus d'avenirs devant soi, plus de choix possible, même plus le rêve de changer de vie "
Afficher en entierJ’étais l’œil invisible. Mon rôle préféré. Passer au travers de la vie, à l’insu de tous. Si j’avais pu continuer ainsi, toujours…
Afficher en entierUn mensonge éveille les soupçons, deux les confirment. Il n’y avait pas trente-six activités qu’elle chercherait àme cacher avec tant d’acharnement, et qui l’auraient amenée à se montrer soudain si gentille avec moi.
Afficher en entierLes yeux plissés sous un soleil d'automne patiné, la bourrasque dans mon dos, mes poumons électrisés par l'air marin, je me suis abandonné quelques minutes à la griserie de la course, la tête vide, tout à la tentation si désirée et si rare de n'être plus qu'une table rase, débarrassée de la moindre culpabilité, de la moindre peur, de la moindre haine. L'impression de vitesse pure, d'aisance, me captivait entièrement. Je partais, je laissais tout derrière moi, et rien, ni surtout personne, ne pourrait me rattraper...
Afficher en entier"Ainsi, j'ai réussi à faire le vide dans ma tête un court, un trop court moment. Plus de colère, plus de désespoir domestique. Je m'étais libéré de tous les carcans,de toutes les obligations. J'étais partout, sauf là, dans cette baraque."
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