Extraits

Il s'enfonça dans son siège.

-Tu t'es déjà lassée de moi ?

Elle inspira avec difficulté.

-Loin de là. Tu as encore quelques litres dans le réservoir.

Le regard de Gavin s'assombrit.

-Ouais, tu vas voir ce qui me reste. Va aux toilettes et enlève ta culotte.

-Pardon ?

-Tu m'as très bien entendu.

-Non.

-Tu veux que je l'enlève moi-même ?

-Tu n'oserais pas.

-Ah bon ?

Il vida son verre et glissa une main sous la table pour remonter sa robe.

Elle l'écarta d'une tape sur la main, puis elle compris d'un coup.

Il lui avais demandé de se changer.

-Tu avais prévu tout ça.

Il esquissa un sourire.

-Peut-être.

- Elizabeth, ce que ton père faisait, c'était de la maltraitance.

Elle secoua la tête.

- Non. C'était un connard dominateur, mais il ne nous a jamais frappés, ni l'une ni l'autre.

Gavin changea de position sur la balancelle pour lui faire face.

- Ma chérie, la maltraitance n'est pas nécessairement physique. Elle peut également être psychologique. Tu ne crois pas que c'est ce que faisait ton père en prenant le contrôle de ta mère, en la forçant à vivre comme une prisonnière?

— Elizabeth, accepterais-tu de me faire une tarte ?

Elle lui donna un petit coup d’épaule.

— Tu es cinglé. Je ne cuisine pas. C’est toi qui es censé cuisiner pour moi, tu te rappelles ?

— Je te ferai à dîner si tu me fais une tarte.

— Je ne cuisine pour personne.

— Mais tu ferais une tarte? Pour moi ?

Il se conduisait vraiment comme un gamin, parfois. C’était exaspérant. Mais c’était une des choses qu’elle préférait chez lui.

— On en reparlera plus tard.

— Non, on décide maintenant. C’est toi, la grande négociatrice. Tu m’as appris ce truc-là. On boucle l’affaire pendant qu’elle est sur la table.

— Salaud ! Et dire que je croyais que tu ne m’écoutais jamais. D’accord, je te ferai une tarte. Ou du moins j’essaierai de me rappeler comment on fait. Je ne garantis rien. Il est possible que je ne réussisse qu’à t’empoisonner.

— Je suis prêt à prendre le risque. Donc, revenons à ton enfance.

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« Elle prit une grande inspiration et exhala un soupir théâtral.

— Très bien.

Elle referma l’ordinateur et alla mettre les plats dans l’évier. Gavin s’avachit dans son siège et termina son vin en la regardant reporter sa frustration sur les casseroles.

Elle était mignonne quand elle était contrariée. Il la laissa s’énerver dans la cuisine un moment, puis apporta son assiette et l’aida à finir la vaisselle. Elle ne lui adressa pas un mot ni un regard, ce qui signifiait soit qu’elle était fâchée contre lui, soit qu’elle se préparait à enchainer sur le deuxième round.

— Qu’est-ce que tu fais en dehors de la saison ?

Deuxième round.

— Je viens ici pour pêcher et me reposer. Je vais voir mes parents. J’assiste aux matchs de Mick. Je me détends.

Elle s’essuya les mains sur un torchon à vaisselle.

— Tu cuisines ?

Il esquissa un sourire.

— Oui. Je cuisine.

— Seul ou avec ta mère ?

Il eut un petit rire.

— Je n’ai plus besoin de ma mère pour cuisiner, Elizabeth. Je suis un grand garçon, maintenant, et je suis capable de me servir du four tout seul.

— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Est-ce que tu essaies de nouvelles recettes en compagnie de ta mère ? Est-ce qu’elle t’aide ou est-ce que tu inventes des plats tout seul ?

— Je passe pas mal de temps tout seul en dehors de la saison. Donc oui, je cuisine pour moi seul. Pourquoi ?

Elle plia le torchon et le suspendit à son support.

— Pour rien.

Pour rien ? Mon cul ! Mais il ne l’interrogea pas d’avantage, car il ne voulait pas l’encourager à poursuivre son idée ridicule de lui, cuisinant et faisant sa promotion par ce biais.»

—Toi et moi? C’est-à-dire? demanda-t-elle.

—Tu as fini ce que tu avais à faire avec tes clients? Elle hocha la tête.

—Dans ce cas, j’aimerais qu’on aille quelque part tous les deux, pour…

Il laissa descendre son regard le long de son corps, s’attardant à l’endroit où son chemisier en soie épousait la forme de ses seins. Puis il releva les yeux sur son visage, guettant sa réaction. Elle avala sa salive, et les muscles de sa gorge se tendirent sous l’effort.

Elizabeth était nerveuse. Gavin ne pensait pas l’avoir jamais vue dans cet état.

C’était parfait.

—… parler, termina-t-il.

—Parler ?

—Oui.

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— Non, c’est sûr qu’elle n’est pas facile. En fait, elle me rend complètement cinglé depuis qu’on a commencé à sortir ensemble.

Sa mère continua à émincer les carottes.

— Oui, tandis que toi, tu es formidablement facile à vivre.

— Hé !

Elle posa son couteau et le regarda droit dans les yeux.

— Mets-toi un peu à sa place. C’est ton agent, et elle est amoureuse de toi depuis des années, mais elle est obligée de regarder toutes ces bimbos se succéder à ton bras sans jamais rien dire. Puis soudain tu t’intéresses à elle. Elle se dit sûrement que pour toi elle ne sera jamais qu’une conquête de plus. Comment est-elle censée réagir ? Il me semble normal qu’elle garde une certaine distance.

Gavin fronça les sourcils.

— Attends. Quoi ? Elle est amoureuse de moi depuis des années ? D’où tu sors ça ?

Sa mère leva les yeux au ciel.

— Dieu que les hommes sont obtus, parfois ! Je suppose que je n’étais pas censée en parler, mais oui, Gavin, Elizabeth est amoureuse de toi depuis des années. Elle ne t’a jamais rien dit à cause de votre relation professionnelle.

— Je ne savais pas.

— Bien sûr que non, puisqu’elle pensait qu’il ne se passerait jamais rien entre vous.

C'était la fin de la neuvième manche, les bases étaient pleines, et il était à la batte.

Affronter Elizabeth était plus important que les World Series.

Et il avait perdu. Le match le plus important de sa vie.

Il avait perdu la femme qu'il aimait.

C'était terminé.

"... l'amour, c'est toujours compliqué. Si c'était facile, ce ne serait pas amusant de gagner à la fin."

Elle sortit de la salle de bains vêtue d’une serviette.

— J’ai mis ta valise dans ma chambre.

Elle haussa un sourcil. Gavin aussi.

— Tu ne pensais pas que je t’avais invitée pour que tu dormes dans la chambre d’amis ?

Si ?

— Non, c’est vrai.

«  Ne permets jamais à un homme de prendre le pouvoir sur toi, ou il te détruira. »