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– Sarah ? Il vient ce café ? hurla ma chef adorée.
Je relevai péniblement la tête, louchai vers la vitre qui séparait mon bureau, minuscule et déprimant, du sien, digne de la galerie des Glaces. Je finirai par tenir ma promesse : j’allai quitter cet endroit rapidement et, plus jamais, je n’accepterai de travailler pour une femme.
Ma chef, directrice financière, a la capacité incroyable de faire peur à tout le monde. Même aux machines. En tout cas, c’est la seule explication rationnelle justifiant ma relation longue et profonde avec la machine à café. Relation concurrencée par la fabuleuse histoire que je vis avec le photocopieur.
– Je m’en occupe, souris-je, les dents serrées, en mettant en route la maudite machine à expresso.
– Vous devriez cracher dedans, me conseilla Nicolas, notre dévoué directeur des ressources humaines.
Je relevai les yeux vers lui tandis que le liquide brunâtre s’écoulait lentement dans le gobelet. Nicolas m’offrit un sourire éblouissant. Avec ses cheveux courts, noir ébène, et sa peau encore hâlée par son dernier séjour aux Caraïbes, il était superbe. Surtout que, si mon œil était juste, son costume était du sur-mesure.
Afficher en entierLe lendemain matin, je me réveillai en sursaut, nue dans mon lit. À en juger par l’état des draps, je n’avais pas dormi seule. Je ne me souvenais pas exactement de comment nous étions arrivés ici, mais mes lèvres étaient gonflées et presque gercées, la peau de mon cou me piquait et mes cheveux étaient dans un état apocalyptique.
– Bonjour, murmura la voix d’Alexandre en entrant, vêtu de son pantalon de la veille, dans ma chambre.
– Bonjour, souris-je, ramenant le drap contre moi dans un élan d’embarras persistant.
Il me tendit un gerbera, un sourire gigantesque sur les lèvres. Je ne pus retenir le mien, tout aussi monumental, qui soulevait mes lèvres. Je récupérai la fleur, lançant un regard soupçonneux à mon amant, tout en faisant rouler la tige entre mon pouce et mon index.
– Je jure que je n’ai pas vandalisé ton parterre, promit-il en s’asseyant près de moi.
– J’espère bien.
– Je dois aller travailler, annonça-t-il en repoussant les cheveux qui masquaient partiellement mon visage.
– Moi aussi, dis-je en vérifiant l’heure sur mon réveil. Et mon patron est tyrannique !
– Mon assistante est imbuvable. Son café a intérêt d’être sacrément serré ce matin, car mon corps manque cruellement de repos.
– La faute à qui ? l’interrogeai-je, malicieuse.
Pour toute réponse, il posa ses lèvres sur les miennes dans un baiser tendre et presque chaste. Je l’entraînai avec moi, son corps couvrant le mien, pendant que ses mains tentaient de repousser le drap entre nous.
– Est-ce que ta soirée est libre ? murmura-t-il, en rivant ses yeux dans les miens.
– Tout dépend de mon patron, tyrannique, comme je te l’ai dit.
– Je vais lui parler et lui demander d’être plus… tendre avec toi.
Sa main droite caressa ma joue, puis descendit lentement sur mon épaule, puis sur mon sein. Un gémissement sonore m’échappa et je soulevai les hanches en espérant prolonger notre nuit. En réponse, Alexandre plaqua son corps au mien et reprit mes lèvres entre les siennes.
– Et maintenant ? l’interrogeai-je en passant mon index sur la ligne de sa mâchoire.
– Maintenant, je vais essayer de me contrôler pour ne pas te faire des choses inavouables sur mon bureau.
– Et sous le bureau ? m’enquis-je, décomplexée.
– Toujours aussi surprenante.
Afficher en entier– Je fais mon boulot, Mona. C’est juste… différent. Il fait tout pour m’agacer, mais en même temps, exige de moi une confiance absolue.
– Sarah, ne fais pas ça, me gronda gentiment ma meilleure amie. Si tu commences à trouver une once d’humanité à ce type, tu finiras par tout accepter.
– Tu ne comprends pas. Il m’a dit qu’il me voulait et qu’il avait besoin de moi. Est-ce qu’on dit vraiment ça à son assistante ? Est-ce que…
– Est-ce que c’est un plan pour profiter de toi derrière un bureau et sur un bureau ? Sûrement oui !
Afficher en entier- Voilà qui regonfle mon ego légèrement écorné par cette soirée. Je suis donc une bonne assistante, accessoirement potiche pour vos soirées mondaines. Mona avait raison, j’aurais dû…
- … Et parce que vous êtes très jolie en colère, me coupa-t-il brutalement.
Stupéfaite, je restai coite. Alexandre étouffa un rire et pendant une seconde je me demandai s’il était sérieux ou non. Sa manière de me déstabiliser en permanence devenait agaçante.
Afficher en entierMaintenant,tu es à moi,sourit-il, victorieux
Afficher en entier- On peut remettre ce dîner..., lançai-je en entrant dans son bureau.
Il sursauta dans son siège, pris par surprise. Il se frotta le visage, comme s'il cherchait à chasser ses tracas.
- Sarah, notre soirée est la seule chose qui m'aide à tenir, aujourd'hui. Annulez ce dîner et je n'ai plus qu'à me jeter par la fenêtre, plaisanta-t-il.
- Le chantage au suicide, c'est plutôt moche, constatai-je dans un sourire.
Afficher en entier- Je crois que vous devriez mesurer votre gratitude, Sarah!
- Vraiment?
- Oui. Dans un mois, vous regretterez d'avoir découvert le dixième étage. Et moi par la même occasion, ajouta-t-il en retirant sa cravate avant de l'enfoncer dans sa poche.
- Si je puis me permettre, monsieur, vous ne devriez pas présumer à mon sujet. Vous me connaissez à peine.
Afficher en entier- Merci, soufflai-je, en entourant sa nuque de mes mains.
- Encore un excès de gratitude… Je vais faire comme si je n’avais rien entendu.
Afficher en entierQuand il releva les yeux vers moi, j'y vis ce que je n'avais pas vu depuis ma prise de poste ici : il était sincère. Je trouvais la situation de plus en plus absurde. De nouveau, il brouillait les cartes, mélangeant mon métier à son ressenti, ses désirs à mes interdictions. Je me repris finalement et décidai de mettre un terme à cette conversation étrange.
Afficher en entierRegard de braise, sourire enjôleur, parfum entêtant. Diable, cet homme était la seule bonne raison qui me maintenait accrochée à mon bureau et à mon poste. Lui, son corps splendide, son humour dévastateur et ses manières de gentleman. La réincarnation du prince charmant - avec un téléphone portable en lieu et place du cheval blanc.
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