Kaoutar Harchi

Un roman très noir d'une dystopie! Il faut s'accrocher car c'est livre emprunt de tristesse et de noirceur. Cependant, il est très bien écrit et se lit facilement mais ne vous attendez pas à sourire, cela vous transperce plutôt le coeur .

Un roman fort et poignant que j'ai pu cesser de lire uniquement lorsque je suis arrivée à la fin. Le suspens n'était pas haletant, il ne s'agit pas d'un livre où l'action ne s'arrête jamais et le lecteur est transporté dans un tourbillon d'aventures plus folles les unes que les autres, et pourtant je ne pouvais me résoudre à cesser de le lire. Certaines descriptions étaient à couper le souffle, je ne pouvais littéralement plus respirer à certains moments tant j'étais choquée par l'horreur de certains faits, la violence de certaines réactions des personnages, la complexité de leurs émotions. Cette histoire m'a réellement chamboulée.

Zone cinglée m’a été recommandé par plusieurs personnes de mon entourage. Ecrit par Kaoutar Harchi, une jeune écrivaine originaire de Strabourg ayant fait un doctorat de sociologie, ma curiosité a été piquée à vif. D’autant plus que le livre est court, et rapidement dévoré.

Kaoutar Harchi a créé un univers naviguant entre les limites du fantastique et de la réalité brutale. Le fantastique introduit dans l’histoire se rapproche d’une métaphore de cette réalité. Le fantastique révèle la réalité, permet de l’exprimer.

Ceux qui m’ont recommandé le livre m’ont dit que, même si l’auteure ne l’évoque jamais clairement, l’Elsau est tout à fait reconnaissable dans les descriptions. Je ne saurais le confirmer, mais je pense que Kaoutar Harchi a réussi à saisir quelque chose de la cité, et à l’imprégner dans son texte. Il ne s’agit pas forcément du sujet qui va me toucher le plus, à un niveau personnel, mais c’est incontestablement un sujet qui mérite d’être évoqué et qui n’est que trop peu présent dans la littérature. L’auteure répare ce tort avec brio, et avec grâce, surtout. Avec sensibilité et brutalité, tout à la fois.

Ce livre est un voyage dans un monde inconnu, qui touche à l’hallucination. Aux songes. À la poésie, incontestablement. C’est noir et c’est lumineux.

L’écriture de Kaoutar Harchi est unique. On me l’avait vantée. Je ne peux que confirmer : à 23 ans seulement, elle écrit comme personne. Elle possède son univers, ses mots, sa façon de les agencer. Un style inimitable, car il possède la brutalité, la sécheresse, le tranchant, mais aussi un rythme et des images absolument envoûtants. Et terriblement beaux. C’est de la poésie en prose.

C’est un livre à découvrir, pour l’écriture principalement et pour cet univers original. Aucun autre livre ne ressemble à celui-là, et c’est déjà quelque chose de très fort.

Saisissant. Une tragédie à la Wajdi Mouawad, sans lumière, sans issue. Comment ressortir de cette lecture sans être broyée ?

"Comme nous existons" est l'histoire de l'ascencion sociale de Kaoutar Harchi, jeune autrice née en France en 1987, sociologue et plume de" l'immigration seconde".

C'est aussi la vie au quotidien de ses deux parents immigrés qui regardent avec nostalgie la vidéo de leur mariage au Maroc, qu'ils ont quitté pour travailler,vivre et surtout offrir à leur fille unique, tout pour qu’elle puisse apprendre.

C'est encore la vie de l'autrice qui fréquente une école publique mais pas celle de son quartier, suit des études secondaires dans un lycée catholique mais pas dans les établissements du quartier.A cette occasion, elle découvrira les affres de l'autre société, basée sur les rapports dissymétriques des "post-colonisateurs blancs" sur les "arabes et les noirs des pays colonisés. "Tout est exposé dans ce rapport de ces immigrés avect le reste de la société exacerbée par les gens racistes, les lois toujours plus stigmatisantes vis à vis de l'Islam au nom d"une certaine laïcité...

L'autrice pur produit de l'école de la République en critique durement ses institutions : la justice, l'école, la police sont coupables à ses yeux et elle le vit ainsi des différences liées à la religion et à la couleur de peau, surtout chez les garçons, sans travail, sans perspectives, harcelés par ces mêmes institutions défaillantes, à ces yeux car non assimilatrices.

"Comme nous existons" c'est un cri emporté chez eux mais tu à l'extérieur par les parents contre leur patron exploiteur, c'est une révolte de cette population immigrée, recluse dans les quartiers des banlieues des grandes villes, obligée de courber le dos et d'accepter l'inacceptable.

"Comme nous existons", c'est surtout l'amour d'une fille pour ses parents à qui elle est et sera éternellement reconnaissante.

"Comme nous existons" c'est cette vie en vase clos à 3, rythmée par l'école, le travail, le retour du travail des parents tard le soir, les départs estivaux avec les voitures chargées vers leurs pays, région, ville d'origine où on les nomme les français et où ils visitent leur famille en les gâtant...Cette vie est émaillée par les secousses que connaissent les banlieues en 2005 dans lesquelles les mères, les sœurs, les filles font tout pour en éviter l'embrasement avec d'un côté la police et de l'autre leurs fils, leurs frères secoués par l'injustice, le mépris,l'exaspération...

"Comme nous existons" c'est enfin cette culpabilité ressassée de l'autrice qui désormais appartient à la classe des gens qui ont le savoir, la culture, qui appartiennent à cette classe dominante...et le regard de ses parents, agents de nettoyage qui se sont sacrifiés pour elle, en est de plus en plus gêné.....

Ce sont certes les études qui ont permis à Kaoutar Harchi qui lui ont permis de s'émanciper mais c'est l'écriture qui lui a permis de témoigner sur l’existence de ces immigrés venus en France pour se sortir de leur pauvreté et hisser leurs enfants,nés en France, à de meilleures conditions de vie.Ce sera cela sa revanche et le juste retour à ses parents.

Bravo pour ce livre, finement écrit,avec des mots justes et forts, emprunts de respect et d'amour pour ce que "comme nous existons".