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Une impression onirique de lucidité et de force peut-être imméritée m'a submergée quand je me suis rappelé une chose qu'avait dite grand-père en me retrouvant après ma promenade dans les collines, au-delà de la Niobrara : à savoir que chacun doit accepter son lot de solitude inévitable, et que nous ne devons pas nous laisser détruire par le désir d'échapper à cette solitude.
Afficher en entierQuand on voit le désert pour la première fois, et je crois que c'est vrai de n'importe quelle région sauvage, ça n'est qu'un désert, la somme de toutes les bribes d'information que l'on a entendues sur le désert. Puis on se met à l'étudier, à marcher, à camper dans le désert pendant des années, ce que nous avons fait tous les deux ; alors, comme tu l'as dit, il devient insondable, mystérieux, stupéfiant, plein de fantômes et de mirages, au point que l'on entend les voix de ceux qui y ont vécu quand on examine le moindre dessin ou un fragment de poterie. Il faut ensuite laisser le désert redevenir désert, sinon c'est l'aveuglement qui nous guette. (...) Chaque fois que nous demandons aux lieux d'être autre chose qu'eux mêmes, nous manifestons le mépris que nous avons pour eux
Afficher en entierUn individu en partie indien est néanmoins une pure vue de l'esprit : soit on est indien, soit on ne l'est pas ; et cette décision résulte d'une combinaison entre le sang qui coule dans vos veines et vos propres choix
Afficher en entierRéfléchir à Spinoza en pissant risque de vous faire rater la cuvette.
Afficher en entierMa mère défend une théorie du travail un peu alambiquée, qui selon elle lui vient de mon père, des grands-parents, des oncles, bref de la nuit des temps : d’instinct les gens veulent se rendre utiles ; ils ne pourraient supporter l’impitoyable quotidienneté de l’existence sans travailler du matin au soir. C’est l’oisiveté qui met la mort dans l’âme et provoque des névroses.
Afficher en entierC’était cette période de la vie où l’on veut être comme tout le monde, même si l’on commence à comprendre que ce « tout le monde » n’existe pas et n’a jamais existé.
Afficher en entierNous détruisons le monde sauvage chaque fois que nous voulons lui faire incarner autre chose que lui-même, car cette autre chose risque toujours de se démoder
Afficher en entierJ'ai constaté avec soulagement que le vent ne le pousserait pas vers nous et que je pourrais donc le voir dériver pesamment en direction du nord, avec ses éclairs éblouissants qui s'abattaient vers l'horizon en prenant la forme de racines d'arbre, de système artériels de deltas de rivière aérienne, tandis que leur lumière bleutée se reflétait sur mon ventre nu.
Afficher en entierNous détruisons le monde sauvage chaque fois que nous voulons lui faire incarner autre chose que lui-même, car cette autre chose risque de se démoder. Pour le fanatique du véhicule tout terrain, pour les sociétés qui exploitent les mines, le pétrole ou le bois, cette liberté a toujours signifié une totale latitude pour se livrer à leurs exactions, tandis que le terme d'"héritage" sert invariablement aux politiciens désireux d'en appeler à une vertu dont ils ont oublié la signification. Le seul héritage repérable dans notre rapport à la terre, c'est l'exploitation et l'épuisement des sols.
Afficher en entieril est intéressant de remarquer que nous n'avons jamais respecté un seul traité signé avec les Indiens - que le reste du monde en prenne de la graine !
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