Extraits

En se retenant de toute ses forces pour ne pas reculer de dégoût, Will farfouilla dans les boutons de sa veste. Il savait a quoi "le Signe" devait ressembler. Mais en écartant la peau de mouton pour faire voir le cercle enfile a sa ceinture, sa main effleura le métal lisse et ressentit la morsure d'un froid glacial; au même instant il vit le vieil homme faire un bond en arrière et se recroqueviller les yeux fixés, non sur lui mais au-delà derrière son dos. Will se retourna et vit le Cavalier enroule dans sa cape sur son destrier de couleur nuit.

- Quel heureux hasard! dit le Cavalier d'une voix douce

Le vieil homme poussa un cri perçant, comme un lapin effrayer, fit demi-tour et se sauva en courant zig-zagant entre les congères et se cognant aux arbres.Will ne bougea pas et regarda le Cavalier, le cœur battant si fort qu'il en perdait le souffle.

- Ce n'est pas bien raisonnable de quitter la route, Will Stanton, dit l'homme a la cape, dont les yeux brillaient comme deux étoiles bleues.

En se retenant de toute ses forces pour ne pas reculer de dégoût, Will farfouilla dans les boutons de sa veste. Il savait a quoi "le Signe" devait ressembler. Mais en écartant la peau de mouton pour faire voir le cercle enfile a sa ceinture, sa main effleura le métal lisse et ressentit la morsure d'un froid glacial; au même instant il vit le vieil homme faire un bond en arrière et se recroqueviller les yeux fixés, non sur lui mais au-delà derrière son dos. Will se retourna et vit le Cavalier enroule dans sa cape sur son destrier de couleur nuit.

- Quel heureux hasard! dit le Cavalier d'une voix douce

Le vieil homme poussa un cri perçant, comme un lapin effrayer, fit demi-tour et se sauva en courant zig-zagant entre les congères et se cognant aux arbres.Will ne bougea pas et regarda le Cavalier, le cœur battant si fort qu'il en perdait le souffle.

- Ce n'est pas bien raisonnable de quitter la route, Will Stanton, dit l'homme a la cape, dont les yeux brillaient comme deux étoiles bleues.

Le monde tout gris s'était évanoui dans l'obscurité avant même qu'ils ne se retrouvent à l'intérieur de la cuisine. Par la fenêtre, ils voyaient la petite camionnette toute cabossée de leur père stationner dans un cercle de lumière jaune. La cuisine était encore plus bruyante et chaude que tout à l'heure. Gwen mettait le couvert, en contournant patiemment le groupe formé par M. Stanton et les jumeaux, Robin et Paul, tous trois penchés pour examiner une petite pièce mécanique d'origine inconnue ; les formes généreuses de Mary montaient la garde devant la radio qui, à présent, faisait tonner de la musique pop à un volume assourdissant. Quand Will s'en approcha, le poste recommença à crachoter avec des craquements si aigus que tout le monde se mit à hurler en grimaçant. Debout devant l'évier, Mme Stanton cria désespérément :

- Éteignez-moi ce truc !

Mais même après que Mary, avec une moue de pro­testation, eut coupé à la fois les craquements et la musique qu'on n'entendait plus derrière, le vacarme ambiant ne diminua guère. En fait, il se maintenait toujours à peu près au même niveau dès que plus de la moitié de la famille était là. La longue cuisine carrelée s'emplissait de bruits de voix et de rires chaque fois qu'ils s'asseyaient autour de la table de bois brut ; cou­chés à l'autre bout de la pièce, Raq et Ci, les deux colleys gallois, somnolaient près du feu. Will se tint à distance, il craignait de ne pas supporter que les chiens de la maison grondent contre lui. Il s'assit sagement pour prendre le thé - on appelait ça le thé si Mme Stanton réussissait à leur préparer quelque chose avant cinq heures, ou le dîner s'il était plus tard, mais c'était toujours le même repas, chaleureux - et il remplit son assiette et sa bouche de saucisses pour éviter d'avoir à parler. De toute façon, il était peu probable que quiconque pût remarquer qu'il manquait une voix dans le joyeux babil de la famille Stanton, surtout si c'était celle du petit dernier.

Du bout de la table, sa mère lui fit un grand geste de la main en lui criant :

- Qu'est-ce que nous allons prendre demain pour le thé, Will ?

En bredouillant, il répondit :

- Du foie au bacon, s'il te plaît. James grogna bruyamment.

- La ferme ! lui intima Barbara du haut de ses seize ans. C'est son anniversaire, il a le choix.