Extrait

Chapitre 1

Je descends enfin du train après pas moins de six heures de voyage.

Ce séjour m’agace déjà !

Je peste contre les voyageurs qui se bousculent pour descendre. Trop occupée à râler, je traîne nonchalamment ma valise derrière moi au lieu de la porter comme les autres. Soudain, elle me résiste. Le type derrière moi s’impatiente, alors que je tire de toutes mes forces sur la poignée sans parvenir à la dégager.

Je fulmine.

Je me retourne et m’aperçois que cette dernière est bloquée entre les rails et le quai de gare. Non, mais c’est bien ma veine ! Je tire de mes deux mains comme une forcenée et, quand la valise se libère enfin, je tombe en arrière sur les fesses, emportée par mon élan.

J’atterris donc par terre, sur ce quai de gare, au milieu des passants, la poignée entre les mains, et constate avec dépit que mon bagage s’est ouvert sous le coup du choc et que le contenu est éparpillé sur le sol. Les voyageurs continuent de descendre du wagon, tentant d’enjamber mes effets personnels. Trop pressés de rejoindre leur famille pour les fêtes, aucun d’eux n’a l’air avoir pitié de moi.

— C’est ça l’esprit de Noël ? hurlé-je, désespérée et furieuse.

Après avoir fourré rageusement mes affaires dans la valise, je me relève en époussetant mon manteau. Je réajuste mon béret et tente de récupérer un semblant de dignité, la main serrée sur la poignée, prête à fuir le plus vite possible.

Je remarque alors qu’un type m’observe à quelques mètres à peine, le visage caché sous son bonnet et derrière le col de son blouson. Il profite visiblement du spectacle avec jouissance.

Dommage pour lui, je ne suis pas d’humeur à rire.

— Ça va ? Le divertissement vous convient ? À défaut de ricaner, vous auriez pu venir m’aider ! Non seulement on nous bourre le crâne avec ce putain d’esprit de Noël qui n’existe que dans les contes, mais vous, au lieu de m’ignorer et de passer votre chemin, vous vous délectez du spectacle. J’espère que ça vous a plu, car il n’y aura qu’une seule représentation.

Malgré ma tirade, il ne semble pas décider à bouger. Ce connard se marre ou je rêve ? Les poings le long du corps, je jurerais que de la fumée me sort des oreilles. Je vais me le faire cet abruti !

Alors que je m’approche de lui, prête à en découdre, le son de sa voix me fige sur place :

— Elsa ?