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** Extrait offert par Michelle Smart **

1.

Benjamin Guillem promena son regard parmi la foule éparpillée dans le parc de la villa située au cœur de Madrid. Seul invité à ne pas être accompagné, il était également le seul à ne pas être venu dans l’intention de célébrer les fiançailles de Javier Casillas.

Il prit une flûte de champagne sur le plateau d’un serveur et la vida d’un trait. Les bulles lui brûlèrent la gorge comme en écho à l’aigreur qui l’habitait. Javier et Luis l’avaient trahi. Les frères Casillas avaient profité de leur amitié pour l’escroquer. Il prit une autre flûte et se dirigea vers la fontaine pour avoir une vue panoramique sur la propriété. Il aperçut Luis à l’autre bout du parc, entouré des flatteurs habituels. Javier, son jumeau, restait en revanche invisible. Il devait détester chaque instant de cette réception. C’était l’être le moins sociable qu’il connaissait. Il avait toujours été ainsi, même avant que son père tue sa mère vingt ans plus tôt.

Une jeune femme brune, élancée, sortit du salon d’été d’une démarche souple. Les frères Casillas quittèrent instantanément les pensées de Benjamin. Levant le visage vers le soleil, elle ferma les yeux pour savourer ses rayons. À en juger par sa grâce et son port de reine, c’était une danseuse. Il y en avait beaucoup à cette réception. La fiancée de Javier était la danseuse étoile de la compagnie que les frères Casillas avaient achetée pour honorer la mémoire de leur mère. Pour sa part il n’appréciait pas particulièrement la danse classique. Mais cette danseuse…

Le soleil mettait en valeur les reflets cuivrés de son épaisse chevelure ondulée qui ruisselait sur la peau laiteuse de ses épaules. Avec sa mâchoire volontaire adoucie par une bouche sensuelle, elle était d’une beauté saisissante. Son regard croisa soudain celui de Benjamin, comme si elle avait senti ses yeux sur elle. Son front se plissa furtivement, puis elle esquissa un sourire hésitant. Le cœur de Benjamin fit un petit bond étrange. Fascinante…

Impossible de détacher son regard d’elle.

Et apparemment c’était réciproque. Deux étrangers hypnotisés l’un par l’autre, dans une bulle de temps qui n’appartenait qu’à eux… Une ombre apparut derrière elle, et elle cligna les yeux. La petite bulle magique éclata aussi vite qu’elle s’était formée. L’ombre était celle de Javier, qui sortait du salon d’été à son tour. Il aperçut Benjamin et le salua d’un hochement de tête tout en prenant la jeune femme par la taille d’un geste possessif. Sa fiancée, comprit aussitôt Benjamin. Le temps qu’ils le rejoignent, il avait surmonté sa déception et s’était ressaisi. Il n’était pas là pour s’amuser.

— Benjamin, je suis heureux de te voir, déclara Javier. Tu n’as jamais rencontré ma fiancée, Freya, je crois ?

— Non.

Benjamin regarda la jeune femme droit dans les yeux, et elle s’empourpra.

— Enchanté de faire votre connaissance.

En d’autres circonstances, il aurait été réellement enchanté, mais à présent que le charme était rompu il ne ressentait plus qu’un certain mépris. Comment avait-elle pu le regarder avec une telle insistance alors qu’elle n’était pas libre ?

— As-tu vu Luis ? demanda Javier sans s’attarder sur les présentations.

— De loin, mais j’espère bien le voir de plus près. Il faut qu’on parle. Toi, moi et lui, précisa Benjamin d’un ton égal. En privé.

Javier le regarda un instant en silence avant de faire signe à un serveur.

— Trouvez mon frère et dites-lui de nous rejoindre dans mon bureau, le señor Guillem et moi.

Lâchant sa fiancée, il pivota sur lui-même et regagna le salon d’été sans un mot de plus.

Deux mois plus tard…

Souris, Freya.

Souris pour les photographes. Souris pour ton fiancé. Qui n’est pas encore arrivé mais qui attend de toi que tu joues ton rôle, même en son absence. Souris pour tous ces étrangers. N’arrête pas de sourire, voilà encore un photographe. Souris en feignant de boire ton champagne.

Souris aux serveurs qui circulent à travers la salle de bal avec des plateaux de canapés très appétissants mais, surtout, ne commets par l’erreur de manger quoi que ce soit. Contente-toi de sourire.

Freya avait mal à la mâchoire, mais elle gardait stoïquement son sourire factice aux lèvres. Être promue danseuse étoile de la Compañía de Danza Casillas imposait certaines responsabilités en dehors de la danse. Elle était à présent la vedette de la compagnie. Le nouveau théâtre ultramoderne que les frères Casillas construisaient ouvrait dans quelques mois, et c’était son visage qui figurait sur toutes les affiches. Et bien sûr elle tenait le rôle principal dans la première production qui y serait présentée. Elle, Freya Clements, issue d’une famille modeste de l’East End londonien, danseuse étoile… Elle était en train de vivre son rêve. Son mariage avec Javier Casillas, codirecteur de la compagnie, serait… la cerise sur le gâteau ? Non, ce n’était pas la bonne métaphore. En fait, elle ne parvenait pas à trouver une métaphore appropriée pour décrire ses sentiments à propos de ce mariage.

Javier était riche. Très riche. Personne ne savait exactement à combien s’élevait la fortune qu’il partageait avec Luis, son frère jumeau, mais dans la presse ils étaient souvent qualifiés de milliardaires. Il était également séduisant. Et il l’avait choisie pour être, selon ses termes, sa partenaire de vie. Quand elle le regardait elle pensait à lui comme à son prince charmant mais sans le titre. Ou sans le charme. Peu importait qu’il soit froid et peu disponible. C’était mieux ainsi. Ce mariage donnerait à sa mère les moyens de se battre contre la maladie. Dans une semaine exactement, il serait son mari. À partir d’aujourd’hui, toutes les activités de la compagnie étaient suspendues pendant deux semaines, le temps que l’installation des équipements de l’école de danse associée au théâtre soit terminée. Javier avait décidé de programmer leur mariage à cette période. Où était-il ? Il devrait être arrivé depuis une heure. Elle s’était éclipsée quelques minutes pour l’appeler depuis les toilettes, mais son téléphone ne fonctionnait pas. Impossible d’identifier le problème, mais elle n’avait ni signal ni connexion Internet. Elle ferait une nouvelle tentative dès qu’elle pourrait s’échapper de nouveau.

Les journalistes étaient venus en nombre, impatients d’assister à la première apparition publique du couple. Tout excités à l’idée que Javier, fils des danseurs Clara Casillas et Yuri Abramova, une union qui s’était terminée par une tragédie tristement célèbre, s’apprêtait à épouser une « ballerine dont la carrière s’annonçait aussi brillante que celle de sa mère ». C’étaient les termes employés dans un article d’un magazine culturel espagnol, traduit à Freya par Sophie, sa collègue, colocataire et meilleure amie. La facilité avec laquelle Sophie avait appris l’espagnol renforçait les complexes de Freya, qui au bout de deux ans à Madrid en connaissait tout juste les rudiments.

La plupart des membres du corps de ballet assistaient à cette soirée, afin de représenter la compagnie devant les mécènes dont le soutien était recherché. Sophie s’était fait excuser en raison d’une migraine, mal dont elle souffrait de plus en plus souvent depuis quelques semaines. Son absence ne faisait qu’accroître la nervosité de Freya. Souris. Elle échangea de fausses bises avec une femme comptant parmi les plus riches d’Europe. Suffoquée par un nuage de parfum écœurant, elle fit de son mieux pour masquer son dégoût.

Une haute silhouette apparut dans la salle de bal. Le cœur de Freya fit un bond dans sa poitrine. C’était lui. L’homme qui se trouvait à ses fiançailles. Benjamin Guillem. Son nom s’imposait souvent à son esprit depuis cette réception, deux mois plus tôt. Quant à son visage, il avait une fâcheuse tendance à hanter ses rêves… Elle changea de position afin qu’il ne soit plus dans son champ de vision, puis elle sourit à un homme âgé qui se dirigeait vers elle. Pas question de regarder Benjamin Guillem comme elle l’avait fait à ses fiançailles. S’il venait lui parler elle lui adresserait le même sourire factice qu’à tous les autres invités, et cette fois elle ne resterait pas muette. Elle dirait quelques banalités, de cette voix claire et distinguée qu’elle avait travaillée au fil des ans pour se débarrasser de l’accent populaire de l’East End, qui détonnait dans la haute société. La première fois qu’elle l’avait vu, elle avait été incapable de prononcer un seul mot…

Malgré tous ses efforts pour se concentrer sur ce que lui disait le vieil homme — quelque chose à propos de sa petite-fille passionnée de danse — elle resta sur le qui-vive, parcourue de frissons irrépressibles. Et soudain il fut là, juste derrière le vieil homme, attendant son tour de lui parler. Sans le regarder, elle rit à une plaisanterie de son interlocuteur. Pourvu que ce soit vraiment une plaisanterie… Elle entendait à peine ce qu’il disait. Le sang battait à ses tempes, et elle avait des bourdonnements d’oreille.

Benjamin Guillem eut la politesse d’attendre une pause dans la conversation pour s’avancer vers elle.

— Mademoiselle Clements ?

À sa grande consternation, elle se retrouva de nouveau sans voix et dut se contenter d’un hochement de tête.

— Nous nous sommes rencontrés le jour de vos fiançailles. Je suis Benjamin Guillem, un vieil ami de votre fiancé.

Il avait un accent français prononcé qui ajoutait à la sensualité de sa voix profonde. Contrairement aux autres invités, il ne se pencha pas vers elle pour lui faire une fausse bise. Il se contenta de fixer sur elle le regard qui l’avait envoûtée le jour de ses fiançailles. Le teint mat et les cheveux noirs, il avait une bouche au dessin ferme surmontée d’une fine cicatrice et un nez droit. Son visage était d’une beauté sublime, mais il avait quelque chose d’inquiétant qui évoquait un acteur de film noir. Alors que les autres hommes étaient en smoking, il portait un costume noir et une chemise de la même teinte, avec une fine cravate argent. Un borsalino aurait pu compléter sa tenue sans que cela paraisse incongru. La seule touche de couleur était apportée par ses yeux. Ces yeux fascinants. D’un vert émeraude lumineux, ils donnaient l’impression que rien ne leur échappait.

— Je me souviens, répliqua-t-elle d’un ton qu’elle espérait léger. Vous me l’avez volé.

Elle lui en avait été reconnaissante. Javier l’avait prise par la taille, ce qui l’avait laissée complètement froide. Alors que n’importe quelle autre femme aurait sans nul doute été ravie à sa place. Il fallait espérer que d’ici leur mariage, dans sept jours très exactement, elle commencerait à éprouver au moins une vague attirance pour lui. Il ne s’était encore rien passé entre eux, mais cela changerait forcément très bientôt.

Ils savaient l’un et l’autre ce qui les attendait, se rappela-t-elle pour la énième fois. Leur mariage serait un mariage sans amour, le seul genre d’union qu’ils envisageaient l’un et l’autre. Elle continuerait à danser et à construire sa brillante carrière aussi longtemps qu’elle en aurait envie, puis quand elle estimerait le moment venu, elle lui donnerait des enfants. Elle était le trophée de Javier. Elle en était consciente et elle l’acceptait. Malgré tout, elle espérait qu’une certaine amitié naîtrait entre eux une fois qu’ils se connaîtraient mieux. Mais de toute façon, même si aucun lien ne devait se nouer entre eux, ça n’avait aucune importance. L’essentiel c’était la santé de sa mère. Une fois mariée à Javier, elle aurait enfin les moyens de soulager la douleur de celle-ci et de lui rendre la vie moins pénible. Sans cesser de la regarder dans les yeux, Benjamin inclina légèrement la tête.

— Je m’en excuse mais c’était nécessaire. Nous avions une affaire urgente à régler.

— C’est ce qu’il m’a dit.

Javier ne lui avait pas donné d’autres précisions quand elle l’avait interrogé à son retour, une heure plus tard. Et son ton sans réplique l’avait invitée à en rester là. Son fiancé était un livre fermé, impossible à ouvrir. Si sa disparition en compagnie de son frère et de son ami avait piqué sa curiosité ce jour-là, c’était uniquement à cause de son ami. Benjamin Guillem. Elle avait dû refréner son envie d’assaillir Javier de questions à son sujet. Une envie qu’elle avait trouvée inquiétante. C’était une chance qu’elle ne ressente rien pour Javier. Si son cœur battait aussi fort pour lui que pour ce Français, elle aurait hésité à accepter de l’épouser…

— Si vous cherchez Javier, je suis désolée mais il n’est pas encore arrivé. Et je ne pense pas que Luis soit là non plus.

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