Extraits

On dit qu’il faut avoir marché un mille dans les souliers d’une personne pour comprendre ce qu’elle vit réellement....... Malgré tout cela, même si elle a, en quelque sorte, enfilé les souliers de son enfant, elle ne comprend toujours pas la personne qu’est son fils et ce qu’il vit réellement.

Plus que tout au monde, ce soir, elle aimerait se redresser pour atteindre l'amour de son fils, rejoindre son épaule, y déposer sa tête une seconde. Se hisser vers lui pour avoir quelques miettes d'amour. De l'amour sur la pointe des pieds.

Anna va à la pêche dans ses souvenirs. Au hasard. Elle attend sagement que quelque chose remonte à la surface. S'accrocher à n'importe quoi! Pour comprendre. Elle a tellement erré dans cette forêt de pourquoi...

– J’ai besoin de faire le deuil d’un enfant vivant. Et je ne sais pas comment faire ça.

C’est ce qu’Anna a répondu à la dame assise en face d’elle, quand celle-ci lui a demandé pourquoi elle venait consulter.

Un enfant qui vient de mourir et qu’on doit laisser partir, à qui on doit faire des adieux définitifs ; le corps qu’on doit mettre en terre ou envoyer à l’incinération, pour repartir ensuite avec ses souvenirs et son immense chagrin à jamais tatoués sur le cœur... Ça, elle pouvait arriver à l’imaginer, même si ça lui semblait être la chose la plus difficile à accomplir pour un parent. Mais quitter un enfant vivant, même si c’est pour son bien, comment arrive-t-on à faire cela ?

“L’enfant-vieillard se promène dans sa vie tel un escargot transportant son univers.”