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L'université d'Oxford était encore plus belle qu'elle se l'était imaginé. Un voyage dans le temps, un bond dans le passé à une portée d'ailes d'avion et de voies de chemin de fer. Des siècles d’architecture, une multitude de têtes pensantes célèbres, des rêves et des destins fabuleux entre ses murs fortifiés. La cité rayonnante aux 39 collèges, constituant l’une des plus prestigieuses universités au monde. La plus ancienne université britannique, l'élite anglaise. Liza se laissait submerger par la majesté des lieux. Oubliant la raison de sa visite, elle se tenait, émerveillée, devant l’une des monumentales entrées de la cité aux clochers rêveurs.
Afficher en entierLiza avait voulu s'imprégner de l'univers de New York dès le petit matin. Elle ne voulait rien manquer de cette extraordinaire mégalopole, tous ses aspects l'intéressaient. Elle avait prévu de marcher dans ses rues, trouvant elle-même des recoins ne figurant pas dans les guides touristiques, avant de se rendre à la galerie en milieu de matinée. Elle désirait faire corps avec la ville. Elle avait besoin d'un lien fort et étroit avec cet environnement afin d’y puiser son inspiration. Elle souhaitait observer les New-Yorkais et leurs habitudes, s'en étonner, s'en attrister ou en rire mais toujours s'en émouvoir. Un travail préparatoire, chez elle nécessaire, pour retranscrire de l'émotion dans ses dessins, dans ses toiles.
Afficher en entierElle avait toujours été fascinée par les différences entre les gens. Les modèles qu'elle avait dessinés étaient tous particuliers : petits, grands, minces ou enrobés. Toutes les formes lui plaisaient. Le corps des gens longilignes lui rappelait le tronc noueux des arbres en hiver, celui des gens généreux évoquait la rondeur des fruits d'été. La finesse des mains lui rappelait Dürer et ses merveilleux croquis de détail. C'était un plaisir sans fin, jamais assouvi. De son papier, naissaient les arabesques d'une femme, la courbure des fesses d'un modèle masculin, le visage et les mains d'un enfant.
Afficher en entierElle ferma les yeux un instant.
Quelques cheveux s'échappant d'un chignon blond, nez fin, long cou, léger décolleté laissant deviner deux petits seins qui se soulevaient à chaque respiration, de longues jambes galbées dans une jupe droite.
Afficher en entierSes parents lui avaient réservé une chambre à l'hôtel Trump SoHo, gigantesque tour de 46 étages surplombant Lower Manhattan. Ils lui avaient fait la surprise au dernier moment. Un établissement de luxe, gratte-ciel bleuté de verre et d'acier. Tout New York était représenté dans cette structure qui s'élançait vers le ciel. Démesure et fragilité. Folie et investissements calculés. L'hôtel lui rappelait ces graphiques en forme de rectangle qui indiquaient une croissance ou un déficit. Le capitalisme vertical, extrême. Elle avait souvent parcouru les brochures ou les pages internet de son site et se plaisait à le dessiner. Il la fascinait.
Afficher en entierAu coup de feu, Liza se coucha à terre à l'abri du taxi qui était venu l'emmener à l'aéroport. Puis elle se releva et partit en courant, abandonnant sa valise sur le trottoir. Elle courait sans s'arrêter, sans un seul regard en arrière, mue par une énergie incroyable. Elle aperçut un taxi, le héla et s'engouffra à l'intérieur.
Afficher en entierLe tireur posa les yeux sur le visage de Liza et sa respiration se bloqua. Puis il sentit le canon froid d'une arme pointée sur sa nuque. Première mission de la sorte. Autonomie totale. Aucune possibilité de compter sur son chef de pièce. Et il n’avait rien entendu. Une erreur de débutant qui pouvait lui coûter la vie.
– Ne te retourne pas et pose doucement ton fusil à terre, lui dit l’homme derrière lui.
Son regard restait sur Liza qui refermait la porte de sa maison. Il n'arrivait pas à se détacher d'elle, à avoir peur de mourir.
– Pose ton fusil à terre !
Il n'obéit pas. Il ne bougea pas. Il resta en position, le doigt sur la détente. « N'oubliez pas. Vous ne devez pas échouer. » Les paroles de son supérieur lui revenaient en boucle, se mêlant à celles de l'homme derrière lui.
Afficher en entierLiza monta dans sa chambre dont les murs étaient tapissés de dessins. Sa vie se composait de traits de fusain et de touches de couleur. Son monde était fait de crayons, de pinceaux et de couteaux à peindre. Elle regarda le bureau, le lit où trônaient ses peluches mais elle ne les emportait pas. Elle avait atteint l’âge où elles restent dans les chambres d'enfant.
Elle glissa dans sa valise ses petits cartons à dessin contenant ses croquis qui ne la quittaient jamais. Ses œuvres, ses huiles l'avaient précédée. Le galeriste n'avait pas voulu perdre de temps et les avait déjà installées dans la galerie.
Afficher en entierElle allait exposer ses œuvres dans la galerie Arbora, en plein cœur de Chelsea à New York. Jeune artiste au talent prometteur, elle avait exploré le monde des apparences dans ses toiles. Le journaliste signalait cet évènement comme un rendez-vous artistique incontournable marquant le début de l’hiver et la date du vernissage ressemblait au début d’une grande aventure.
Afficher en entierSur les toits de Paris, l’homme se mit en position de tir. Une fois allongé, il plaça son fusil dans le creux de son épaule, sa joue droite légèrement appuyée contre la crosse, il regarda dans la lunette de visée télescopique et pointa son arme vers la porte d'entrée de la maison. Il se concentra sur sa respiration et ses battements cardiaques. Il était prêt.
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