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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:53:18+02:00

J’ai songé à prier pour lui, mais je me suis dit que ce serait peut-être une hérésie. J’ai pensé qu’il faudrait que j’en parle au père César.

J’ai mis la voiture au garage, je suis entrée dans la maison et j’ai rangé le dossier dans le coffre-fort. J’ai pris une douche glacée, mais je bouillais toujours à l’intérieur.

Pour la première fois depuis des années, je me suis regardée nue dans le miroir, sans ressentir la moindre gêne. JR avait raison : je n’avais pas besoin de chirurgie ni de régime draconien pour rester belle, très belle, même. Ensuite, dans le silence de la résidence, je me suis profondément endormie pour ne me réveiller que huit heures plus tard, il y a dix minutes, en songeant qu’après tout Benito avait raison.

Pour les boléros, je ne sais pas. Mais parfois, les proverbes mentent.

L’un de ceux de papa dit que “morte la bête, mort le venin”.

Et la pauvre bête est morte.

Mais une voix en moi me dit que le venin ne fait que commencer à se répandre.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:53:08+02:00

Il était presque deux heures du matin quand je suis rentrée à la résidence. J’avais la tête qui tournait et du mal à assimiler toutes les informations. Cela dit, je comprenais mieux la colère de JR quand je lui avais parlé des Russes : il y avait suffisamment de factures de compagnies aériennes et d’hôtels dans le dossier d’Ortega pour en déduire que Benito m’avait trompée avec mon amie pendant des années. Elle m’a presque fait de la peine : tout son déploiement de sensualité dissimulait seulement une immense solitude.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:52:44+02:00

Moi, par exemple, elle m’appelle SP. Ce sont les initiales du surnom qu’elle m’a donné le jour où on s’est rencontrées : Sœur Piedad. Il y en a avec qui elle est plus vache. Moi, je suis incapable de lui en vouloir. Si on avait lancé des paris, dans la résidence, pour savoir qui serait la meilleure amie de JR, je n’aurais même pas figuré sur la liste des candidates. Mais c’est moi qu’elle a élue, et même si sa manière directe d’aborder les sujets intimes me gêne parfois, je dois avouer que je suis fière d’être sa confidente. De fait, je suis la seule à connaître l’origine de son propre surnom. Certaines des plus anciennes pensent que c’est une référence à Jessica Rabbit, l’ondoyant personnage de dessin animé qu’elle cite en guise d’excuse chaque fois qu’elle passe les bornes : “J’suis pas mauvaise, j’suis juste dessinée comme ça.”

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:52:35+02:00

On peut dire ce qu’on veut du sens de l’amitié très particulier de JR Benavídez, mais elle est toujours là quand on a besoin d’elle. Et plus encore quand elle flaire un parfum de scandale. Comment elle s’est débrouillée pour faire si vite le trajet jusqu’au centre-ville, je l’ignore, toujours est-il qu’elle a débarqué pile à l’heure dans le café où je lui avais donné rendez-vous, avant de foncer droit sur ma table, bien consciente des regards braqués sur ses courbes.

— Raconte. Tout. Maintenant, a-t-elle exigé.

Et j’ai raconté. Tout, à part le dossier qu’Ortega m’avait donné. Normalement, je suis plutôt réservée, mais si quelqu’un peut me pousser à l’action, c’est bien JR. Elle est du bois dont on fait les chefs, même si quand je le lui ai dit, il y a quelques mois, elle s’est pratiquement fait pipi dessus de rire.

— Du bois, certainement pas, SP, m’a-t-elle corrigée. Du Botox, du silicone ou des fils d’or, OK. Mais pas une matière aussi peu cool que le bois…

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:52:23+02:00

— Reviens, Piedad, reviens, m’a priée une voix vaguement familière.

Et je suis revenue.

Le paysage que l’on devinait par la petite fenêtre m’a indiqué que je me trouvais toujours dans l’immeuble du siège social de DLV, dans une autre pièce, plus petite et plus modeste que la salle de réunion, et Ortega m’éventait avec un dossier.

— Dieu merci. Doucement. Ne te lève pas tout de suite, s’il te plaît.

Je me suis aperçue que j’étais allongée sur une sorte de sofa, dans un bureau situé dans la partie arrière du bâtiment, à en croire le peu de lumière qui filtrait par la minuscule fenêtre. Je n’ai pas compris ce qu’Ortega fabriquait dans un endroit pareil alors qu’il était l’un des fondateurs de la société, le bras droit de Benito. Mais il m’a semblé déplacé de lui poser la question. En plus, j’ai eu peur que, dans la position où je me tenais, ma jupe ne soit remontée. Je me suis assise et il m’a tendu un petit verre rempli d’un liquide doré. C’était une boisson alcoolisée. Je ne bois jamais mais j’ai accepté parce qu’il a insisté.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:52:12+02:00

À cet instant je me suis rappelé avec quel enthousiasme Benito avait personnellement mené, ces dernières années, les opérations de la société en ex-Union soviétique. “L’avenir est à l’Est, Piedad”, me répétait-il avant chacun de ses voyages. Et il me demandait aussi de garder la plus grande discrétion : “Tous ces idiots de chefs d’entreprise louchent sur la Chine, mais la Russie est le nouveau filon et quand les autres s’en apercevront, ils partiront là-bas en troupeaux”, disait-il.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:52:03+02:00

— Je ne comprends pas, ai-je avoué, honteuse. C’est une sorte de sigle en anglais ou quelque chose comme ça ?

L’avocat m’a répondu avec cette amabilité que je lui connaissais déjà à l’époque où Benito organisait des dîners d’affaires ou des réunions à la maison, même s’il m’a semblé aussi détecter une certaine impatience dans sa voix :

— Non, doña Piedad. “Faillite” n’est pas un sigle, ça veut dire ce que ça veut dire : que le groupe est ruiné, ou peu s’en faut.

— Mais… les propriétés, les champs en Andalousie…

— Saisis, et plusieurs fois, il y a des années.

— Benito le savait ?

Je me suis sentie toute petite dans la salle de réunion de DLV, même si sur le papier j’étais bien la propriétaire de cette grande salle à l’éclairage indirect, de l’interminable table design et de tout l’immeuble de quinze étages sur la Castellana*.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:51:53+02:00

Dans son enthousiasme, le toutou m’a déséquilibrée et je suis tombée par terre, en plein sur sa gamelle d’eau. Il était si content d’avoir de la compagnie qu’il a perdu tout contrôle de lui-même et a tenté de me mordre la jambe, mais j’ai réussi à l’esquiver et il a seulement réussi à déchirer ma jupe. Puis il est parti en courant.

Je suis rentrée à la maison me changer et j’ai décidé de ne raconter cet incident à personne. Dans la résidence, les gens s’alarment pour un rien et auraient appelé la fourrière. Et le pauvre Toby avait assez de problèmes comme ça. Quand j’ai enfin pu sortir la voiture du garage, j’étais déjà en retard pour la réunion et je me suis sentie coupable. J’ai tout de même pris le temps de chercher Paco pour lui dire que Toby s’était enfui, mais je ne l’ai pas trouvé.

En sortant de la résidence, je l’ai vu qui dormait à l’ombre d’un chêne, la casquette sur les yeux et une épaisse cigarette roulée entre les doigts.

Je suis passée à côté de lui sans accélérer, pour ne pas le réveiller.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:51:43+02:00

Toby n’a pas arrêté d’aboyer pendant que je m’habillais pour mon rendez-vous au siège de la société. Je ne suis pas superstitieuse, mais ses aboiements résonnaient comme des augures. De mauvais augures. Je trouvais déplacé de parler affaires si peu de temps après la mort de Benito, mais l’avocat avait énormément insisté et répété que ma présence était indispensable. Je lui ai demandé pourquoi, puisque depuis vingt-cinq ans, c’était mon mari qui s’occupait de tout ça, mais il a répondu que légalement j’étais la présidente du groupe DLV et qu’en tant que telle, je devais assister à la réunion.

Il me fallait donc passer outre à mes principes et y aller.

“Une vie oisive est une mort anticipée”, aurait dit papa en citant Goethe. L’un des aphorismes célèbres qu’il empruntait pour s’orienter dans la vie. Mais en sortant de la maison, je me suis rappelé une autre phrase qu’il répétait aussi souvent que la précédente, en d’autres occasions : “Le travail acharné n’est que le refuge des gens qui n’ont rien d’autre à faire.” Oscar Wilde, je crois.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-07T16:51:35+02:00

Puis il a souri comme s’il s’agissait d’une bonne blague qu’il était le seul à comprendre, et je dois reconnaître que ça m’a un peu contrariée parce qu’après tant d’années de mariage Benito était censé savoir que les proverbes et les boléros étaient tout ce qui me restait de papa et maman. Ça, l’entreprise et les terres en Andalousie, même si ça faisait des années que je n’y avais pas mis les pieds et que je laissais Benito s’en charger.

Mais on ne peut pas se fâcher contre son mari quand il crache du sang et qu’on vient de l’extraire d’un amas de tôle froissée qui, quelques minutes plus tôt, était une BMW métallisée de série limitée. Ça m’a fait de la peine pour le pauvre Benito qui aimait tellement les voitures de luxe. Il prétendait que c’était bon pour l’image, qu’un PDG ne pouvait pas aller au travail dans la même voiture qu’un pouilleux de la comptabilité. Chaque fois qu’il disait ça, je me rappelais en silence l’un des dictons de papa : “L’argent est fait pour être dépensé, et la femme pour être touchée.” Le fait est que Benito ne m’avait pas touchée depuis longtemps, mais l’entreprise l’accaparait tellement que le pauvre était presque à bout de forces et qu’il aurait été égoïste de ma part de le lui reprocher.

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