Adèle Van Reeth

A la fois morale et érotique, la pudeur est une vertu très troublante qui pour certains peut paraître désuète de nos jours. On pense tout savoir sur la pudeur mais en réalité le concept est complexe. Adèle van Reeth et Eric Fiat en font l'éloge dans ce petit livre d'entretien qui peut facilement se glisser dans une poche. Le dialogue entre les deux philosophes s'articule par petites touches où sont abordées les notions de désir, d'érotisme, de coquetterie, de décence, de honte… Les auteurs cités sont nombreux. Les références sont également abondantes et éclairent un propos toujours intelligeant et passionnant. Tout au long du dialogue, les deux philosophes s'interrogent sur la définition de la pudeur, différemment des dictionnaires, et l'exploration de la notion de pudeur se confond avec son éloge. La pudeur a du charme, elle aiguise le désir, « La pudeur participe aux joies du désir.» Comme toujours, Eric Fiat parle avec d'infinies précautions et utilise les mots avec tact pour parler d'elle. Pour Eric Fiat, il en va de la pudeur comme de la simplicité ou l'humilité, on ne peut s'en prévaloir sans immédiatement la perdre.

«Disons-le d'emblée, écrit Adèle van Reeth, ce livre ne se présente pas seulement comme une réflexion sur la pudeur mais aussi comme l'occasion d'en faire l'éloge.»

Plongés dans une réflexion philosophique teintée d’un récit autobiographique, nous essayons de comprendre « l’ordinaire» selon Adèle Van Reeth. L’auteure mène une étude sur la « vie ordinaire », son quotidien et ses proches en sont les «objets-tests». L’écriture est fluide, c’est réussi. Si on peut tout décrire facilement de son quotidien, l’ordinaire, en revanche, semble indescriptible. De petits « riens » transformant l’ordinaire en extraordinaire, dit-elle. Mais attention, malgré notre pseudo facilité à vivre “tranquillement”, nous rêvons de dépasser une «intranquillité ». Voilà ce que j’ai retenu, mais non sans peine car ma philo de terminale est loin et surtout la philo a changé ….

Un beau témoignage, qui se lit tout seul. De belles pistes de réflexion, des passages touchants.

Notre nature inconsolable, notre rapport à la mort mais surtout celui à la mort des autres, qui laisse une fracture, un vide, une tristesse qui peut aussi être un moteur.

Le cheminement personnel est intéressant mais je reste sur ma faim quant à sa conceptualisation et sur l'analyse de cette "inconsolabilité" et de cette conciliation face à des phénomènes qui nous saisissent au vif et qui nous dépassent. À titre personnel j'aurais apprécié plus de théorisation.