Pierre Deram
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Note moyenne : 6.5/10Nombre d'évaluations : 2
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Je profite de la sortie en poche de cet excellent roman pour vous en reproposer la critique.
Djibouti nous raconte la dernière nuit du lieutenant Markus, affecté à Djibouti depuis six mois. Ces dernières heures sont l’occasion pour le militaire de se remémorer les principaux épisodes de son séjour, mais aussi de vivre ses dernières heures dans cette ville de tous les extrêmes. Six courts chapitres qui permettent d’explorer les dérives de l’âme humaine, les faiblesses des solitaires et des amoureux, la singularité de l’amour. Mais le personnage principal de ce beau livre est sans aucun doute la ville de Djibouti. Chaleur, sécheresse, obscurité sont les ingrédients du climat qu’installe l’auteur. L’obscurité surtout. Il fait sombre, il fait noir, et lorsque la lumière des enseignes des bars brillent trop fort, les soldats jouent «Le jeu», celui ou l’on se bat les yeux bandés, sans savoir ou est l’adversaire ni d’où vont venir les coups, la vie en quelque sorte. Pierre Deram touche avec une justesse cruelle à nos écorchures, nos failles, nos faiblesses. Mais il montre aussi ce qui fait la beauté insoutenable du désespoir, ce qui raccroche, in extremis, à la vie, ou à ce qui y ressemble. Thérèse, femme de colonel, pleure seule dans un bar. Elle pleure Snoopy, son chien, tué par un serpent. L’empathie pour l’animal mort dépasse de loin celle que d’aucuns pourraient ressentir pour les Djiboutiens, privés de tout, pour les soldats, exilés solitaires et en mal d’amour, pour les jeunes femmes affamées et contraintes à se prostituer pour un biscuit de ration de secours. Jusqu’où l’homme peut-il aller, par plaisir, par dépit, par solitude, par bêtise.
Dans quel état se trouve la planète? Dans quel état l’avons nous mise? Somme-nous allés trop loin, le retour en arrière est-il possible? A 26 ans, Pierre Deram, qui signe ici son premier roman, donne l’impression d’avoir vécu mille vies, d’avoir touché du doigt l’extrémité des émotions, positives ou négatives. Dans une langue poétique mais qui appelle un chat un chat et une bite une bite, il jette sur la condition humaine la plus cruelle des lumières, celle de la vérité.
Djibouti, par Pierre Deram, Editions Folio, 2017, 144 pages
Afficher en entierhttp://jldragon.over-blog.com/2017/10/djibouti-de-pierre-deram.html
Avec ce roman très, très court, j’ai eu l’impression de me retrouver au fond du trou.
On est loin de l’effet carte postale.
Avec Deram, rien ne donne envie.
Vous ne trouverez pas ce roman dans le catalogue de l’office de tourisme de Djibouti.
Enfin, je ne pense pas.
Et au cas où, il existerait un office de tourisme d'ailleurs.
Au fond du trou, parce que Deram a une réelle obsession avec la petite rosette, la petite rondelle que nous avons tous.
Sans tomber non plus dans la bouse, je vous rassure.
Du coup, oui, ce roman est plongé au cœur des ténèbres.
Tombons-nous ici dans l’exutoire ?
Dans les névroses de l’auteur ?
Dans des fantasmes non assouvis ?
Il y a forcément un truc qui nous échappe.
Car au-delà des mots, il y a le pourquoi.
Et c’est ça qui est un peu frustrant, parce que je n’ai pas l’impression qu’on ait vraiment de réponse à quoi que ce soit dans ce livre.
Dans tous les cas, c’est très cru.
Ce roman est-il bien écrit ?
On peut dire que oui.
Pierre Deram sait utiliser les mots, les figures de styles et allégories en tout genre etc.
En tout cas, il fait preuve d’une certaine maturité.
Le roman est très court, mais cela n’empêche pas l’auteur de digresser.
Il est parfois un peu trop verbeux à mon goût, notamment dans les descriptions.
Est-ce que j’ai aimé le livre ?
Je n’ai pas détesté.
Je n’ai pas adoré.
J’ai bien aimé certains passages.
Je n’ai pas aimé l’image que faisait Deram de Djibouti.
Ni l’image qu’on retient d’un soldat de la coloniale.
C’est un point de vue après.
Ce que je regrette, c’est le manque de péripétie.
Et puis une nuit, c’est trop court…
Beaucoup trop.
Note globale : 12/20
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