Nicolas Laquerrière

Le 9-4 comme personne ne l’a jamais vu. Tout le monde a son idée de la banlieue parisienne. De ses quartiers « mal famés ». De sa population hétéroclite. Des fantasmes nourris à son égard. Henri y habite. Il ne se fait aucune idée de sa banlieue. Pas parce qu’il ne sait pas, mais parce que cela l’indiffère. Comme tout ce qui l’entoure d’ailleurs. Il n’a d’intérêt que pour le soda, le sucre, la musique et sa voisine Clara. Même son diabète ne l’intéresse pas, ni ne l’inquiète. Par contre, il connait le vrai 9-4 (nueve quatro) qui gère tout dans sa ville. A la disparition de sa voisine, quelque chose se réveille en lui. Il décide de partir à sa recherche. De se lier avec ceux de l’autre côté. Est-ce une bonne idée?

Toute sa vie, Henri ne s’est occupé que de sa propre personne. Pour une fois, il veut agir pour quelqu’un d’autre. Une personne qui lui tient à coeur. Il décide de rechercher son amie Clara. Comment faire? Par où commencer? Il doit sortir de sa zone de confort et côtoyer des personnes qu’il n’a jamais fréquenté: ceux de l’autre partie de sa ville. Il découvre sa ville, Ratigny, par la petite porte. Celle des paumés, des oubliés de la société. Des hommes et des femmes qui ont une vie parallèle à celle des bien pensants. Cela le fera t-il reculer? Finalement, le 9-4 (nueve cuatro) couvre toute sa ville. Il met un doigt dans l’engrenage et va de découverte en découverte. Peut-être qu’il aurait mieux fait de rester chez lui et de mener une vie « normale »? Il découvre la réalité de ce qui se passe dans sa ville qu’il pensait calme. Clara a t-elle basculé du côté obscur de la ville? Est-ce contre sa volonté? Pourquoi ses parents ne la recherchent-ils pas?

La lecture est addictive. Le vocabulaire est adapté aux deux mondes qui se côtoient dans la même ville sans jamais se fréquenter. Henri part à la rencontre de cette micro société qu’il n’a jamais aimée sans les connaitre. Pour Clara, ce monde devient le sien. Il en oublie son diabète morbide. Il se noie dans ce microcosme bien géré, partagé comme un gâteau et surveillé comme une prison. Il va à la rencontre d’une mafia qui ne dit pas son nom. Il se sent enfin vivant et s’amuse comme jamais. Ce roman est superbement écrit et nous fait voyager dans les dessous crasseux d’une ville de banlieue. Un lieu où les armes servent à sceller les contrats. Un monde où la solidarité existe tant que cela peut servir à quelque chose ou qu’un retour d’ascenseur est possible. Henri retrouvera t-il Clara? Basculera t-il de l’autre côté du miroir? Le Nueve quatro devra t-il faire face à un bain de sang?

Une nuit comme une autre dans le fast food où travaille Sam - Samsara - depuis qu’elle s’est rachetée une conduite. Sauf que, ce soir-là, elle se fait braquer et le contenu de la caisse s’envole en même temps que ses espérances de CDI. La jeune femme reprend alors ses vieilles habitudes et plonge dans la nuit pour récupérer l’argent - la kichta.

Nicolas Laquerriere est scénariste et cela se sent dans ce roman qui se lit comme on regarde un film d’action. Au pas de course, en Audi ou en scooter, on parcourt les quartiers mal famés à un rythme effréné, entre petites frappes et travailleur·euses de la nuit. Le rythme est trépident, le verbe haut et vous réviserez vos notions d’argot au passage.

Une lecture sympa qui a un peu bousculé ma routine de polar pépères!