Léonnic Asurgi

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Ronan est agent immobilier le jour, peu passionné par son métier, et écrivain amateur la nuit, aux rêves grandiloquents, nourrissant des fantasmes de succès et de gloire. Il a une foi indiscutable en son talent, malgré les échecs qui se succèdent auprès du monde éditorial. Mais il refuse d’abandonner, s’obstinant à écrire. Jusqu’au soir où son meilleur ami, Tristan, décède dans un terrible accident de voiture. Depuis, Ronan peine à faire son deuil, se mettant à tout remettre en question. Harcelé, aidé d’une curieuse manière aussi, il ne se doutait pas que cela l’entrainerait dans une aventure atypique, susceptible de déboucher sur une éclatante vérité.

Un secret halo de rose est un roman assez court, mais non moins dense. Il faut avouer que l’écriture participe à notre lecture lente, vouée à décortiquer chaque mot, chaque terme, chaque syntaxe, travaillés par l’auteur. L’on peut penser que c’est indigeste, mais en réalité, nous pouvons plutôt nous pencher sur la subtilité qui se cache dans l’intrigue elle-même. Il suffit de prêter attention aux petits détails, notamment lorsque les refus qu’essuie Ronan sont expliqués. Nous n’irons pas en révéler la teneur, en revanche, ils donneront un indice sur le petit jeu et/ou défi que s’est lancé l’auteur (si tel est bien le cas). À partir de l’instant où l’on accepte de mettre un pied dans cette danse menée d’une bonne main, l’on peut finir par se familiariser avec cette « lourdeur » narrative. C’est un parti pris qui semble tout à fait conscient. Le lecteur doit lâcher prise et se dire « Allez, pourquoi pas ? » En outre, un effet miroir avec les manies de Ronan, ses tocs d’écriture. Pourrions-nous parler d’autodérision ?

Le texte est parsemé de jeux de mots plutôt amusants, créant une gymnastique de l’esprit sans que nous en ayons bien conscience. Vous pourriez parfois être surpris de vous arrêter en pleine lecture pour réfléchir au sens, l’intérêt ou à la pertinence. Une petite risette soulèvera le coin de vos lèvres ou une petite moue d’incompréhension, de scepticisme. C’est un des points agréables de ce petit roman : celui de diviser les avis, mais d’unifier le tout dans cette quête de réflexion tant sur le plan littéraire que sociétal.

C'est le titre qui m'a attirée de premier abord, séduite sans doute par le jeu de mot. Le résumé par la suite m'a interpellée, le sujet est pour le moins sérieux. Et en effet, l'auteur va aborder le sujet très délicat du deuil et de l'acceptation de celle-ci, surtout quand elle a lieu suite à un accident, on se pose à ce moment là des tonnes de questions et on essaie de chercher l'erreur.

C'est ce que va faire le protagoniste du roman, Ronan. Il est agent immobilier et écrivain. Il connait malheureusement le problème de la page blanche depuis qu'il a vécu le drame de perdre son ami Tristan dans un accident de voiture. Ronan était lui aussi dans la voiture à ce moment là, mais en garde très peu de souvenirs. Il ne sait s'il est responsable ou pas. Le père de Tristan le poursuit, le harcèle même, lui met toutes les fautes sur lui. Cet accident est arrivé à un endroit du village où habite Ronan où beaucoup d'autres ont eu lieu, il s'agit d'un rond-point, un banal rond-point, mais qui cause à chaque fois pas mal de dégâts. Ronan va chercher à comprendre, à savoir si ce qu'il a vu ce soir là sur le rond-point, au moment de l'accident, est vrai, il n'ose en parler de peur de passer pour un fou. Il va d'ailleurs consulter un psychiatre pour essayer de se souvenir, mais il ne lui dit pas tout et le psy lui conseille de s'exiler sur une île.

Ronan prend au pied de la lettre ce que lui dit son psy et part donc sur cette île où se trouve un phare. Cette solitude va lui permettre une grande introspection sur lui-même, les images de l'accident vont enfin revenir. Il va vouloir, une fois revenu chez lui, prouver ce qu'il affirme.

L'auteur, à travers un texte parfois un peu farfelu par les actes de son héros, a su me captiver. C'est un roman court qui se lit vite et facilement. J'ai apprécié le ton qui, avec les jeux de mots et l'humour, apporte un peu de légèreté à ce thème si sérieux. Il fait vivre à son personnage des aventures parfois un peu rocambolesques (je pense notamment à la façon dont Ronan arrive et repart de l'île), on pourrait avoir du mal à y croire, mais au vu du style, ça passe. J'ai réussi à croire à certaines idées farfelues impossibles à réaliser. Je me suis laissée entrainer dans cette recherche de vérité et de preuves.

Le personnage de Ronan est bien travaillé, de même que Goulien, le psychiatre, qui a une façon particulière de mener sa thérapie. Je pensais au début que l'on allait rester dans ce côté un peu irréel, et petit à petit, lorsque les souvenirs de Ronan reviennent, je me suis rendue compte que tout n'était pas aussi imaginaire. J'ai eu des doutes, qui se sont confirmés vers la fin, mais je n'imaginais pas tout de même en arriver là au final.

C'est un roman original, qui malgré la tristesse du sujet, a un côté burlesque. L'auteur à travers Ronan part dans des élucubrations pour le moins étonnantes. L'histoire a le charme de se passer en Bretagne, on voyage en différents endroits de cette région. J'ai passé un bon moment avec cette lecture singulière. Je pense qu'elle fait partie de celles auxquelles on adhère de suite ou pas, selon notre humeur du moment ou notre recherche de lecture. Je ne peux résister à l'envie de vous dévoiler la dernière phrase du roman, montrant bien la petite dose d'humour « Sinon, à part ça, rien à signaler. Jusqu'ici tout va bien ! » Original comme point final je trouve !