Extraits

« De n’importe quelle autre personne, j’aurai pu dire qu’elle était encombrante, mais d’elle, ce sentiment ne venait pas. Elle était montée dans l’antre des enfants, curieuse de leur nid et de leurs trésors entassés au fil des étés. Au passage, elle avait débarrassé la table dans un courant d’air qui m’avait laissée par terre. Elle n’était pas Corse, je savais déjà cela d’elle !

Je préparais le café, l’attendant dehors, éclairée par une lampe à pétrole dénichée dans une brocante. Elle descendait, calme, le sourire aux lèvres, les yeux encore remplis de rêves d’enfants.

Elle ne prit pas de café, préférant le thé parfumé, caramélisé. J’acceptai une de ses cigarettes dont je n’avais jamais vu la marque en France. Le silence qui suivit reflétait parfaitement le bien-être dans lequel nous baignions. Mon esprit était serein, nullement tracassé par les propos à tenir. Mon invitée semblait également partager cette béatitude nocturne. Elle prit pourtant l’initiative de rompre ce petit bonheur.

- Ce n’est pas l’heure ?

Je ne voyais pas ce qui lui prenait soudain. J’essayais de trouver un sens à sa question avec ce que j’avais éventuellement pu dire auparavant. Mon regard sur elle trahissait mon étonnement. Elle souriait en coin, heureuse de me voir ainsi troublée.

- Et si on y allait toutes les deux, ensemble sur cette plage ? »