Extrait

- Son père t'a tapé sur les doigts, hein ? se moqua Sheryl que l'idée semblait amuser.

- En fait, non. Il avait l'air de croire que je l'épouserais.

- Pour son argent ?

Il hocha la tête.

- D'après lui, Margaret est déterminée à m'avoir.

- Vraiment ? fit Sheryl avec un grognement moqueur.

- C'est ce qu'il a dit.

Il n'avait encore parlé de cette discussion à personne et songea qu'il valait mieux la garder secrète. Au vrai, c'était plutôt embarrassant qu'autre chose. Depuis cette fameuse conversation, il avait pris grand soin d'éviter Margaret

- Tu vas l'épouser ?

- Non ! s'exclama-t-il aussitôt avec humeur.

Comment Sheryl pouvait-elle même le soupçonner d'une chose pareille ?

Elle resta silencieuse quelques instants, puis parut parvenir à une conclusion intéressante. Repoussant les couvertures, elle se mit à genoux, un sourire apparaissant lentement sur sa bouche pulpeuse.

- Et pourquoi ne l'épouserais-tu pas ?

- Eh bien, d'abord, parce que je ne l'aime pas. Et ensuite...

Il s'interrompit, aucune raison supplémentaire ne lui venant assez vite à l'esprit.

- Hé ! s'écria-t-il. Je croyais que tu voulais que je t'épouse, toi !

- Oh, tu m'épouseras, sois-en certain. Mais tu pourrais te marier d'abord avec Margaret.

Il n'en crut pas ses oreilles.

- Et pourquoi je ferais ça ?

- Pourquoi ? répéta-t-elle, comme si la question était hilarante. Parce qu'elle est riche.

- Et alors ?

- Voilà des années que tu rêves d'acheter le ranch Stockert.

- Oui, mais...

- Tu peux l'avoir.

Matt fronça les sourcils. Il commençait à voir où elle voulait en venir.

- J'espère que tu n'es pas en train de me dire ce que je pense.

- Bien sûr que si, répliqua-t-elle. Épouse-la. Elle est déjà amoureuse de toi - son père te l'a bien dit, non ? Donne-lui ce qu'elle veut, et au bout de quelques mois, demande le divorce.

- C'est cruel, lâcha-t-il, choqué par tant de cynisme.