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Prologue
Sebastian serra le volant encore plus fort lorsque le camion qui le suivait toucha son pare-chocs arrière et poussa la petite MG, éjectant dans les airs la plaque minéralogique. Il essaya d’avancer d’une cinquantaine de centimètres mais il ne pouvait pas rouler plus vite sans heurter le camion devant lui et être plissé entre les deux comme un accordéon.
Quelques secondes plus tard, ils furent projetés en avant une deuxième fois quand le camion de derrière emboutit plus violemment la MG, la propulsant à trente centimètres du camion de devant. Ce fut seulement au moment où le camion de derrière les heurta une troisième fois que les paroles de Bruno ressurgirent dans son esprit. « Es-tu certain d’avoir pris la bonne décision ? » Il jeta un coup d’œil à son ami Bruno qui, livide de peur, agrippait le tableau de bord des deux mains.
— Ils essayent de nous tuer ! hurla-t-il. Pour l’amour du ciel, Seb, fais quelque chose !
L’air désemparé, Sebastian regarda vers les voies en sens inverse où un flot ininterrompu de véhicules roulaient en direction du sud.
Lorsque le camion qui les précédait commença à ralentir, Sebastian savait que, pour avoir le moindre espoir de s’en tirer, il devait prendre une décision, et très vite. Il lança un coup d’œil affolé vers l’autre côté de la route, guettant désespérément l’ouverture d’une brèche dans le flot de véhicules. Quand le camion le percuta une quatrième fois, il comprit qu’il n’avait plus le choix.
Il donna un brusque coup de volant à droite, traversa en zigzaguant le terre-plein central et se jeta au milieu des voitures. Il appuya à fond sur l’accélérateur, priant pour qu’ils puissent atteindre les vastes champs qui s’étendaient à perte de vue avant qu’une voiture ne les emboutisse.
Afficher en entier"Quand on a trouvé de l’or, pourquoi se faire chercheur de cuivre?"
Afficher en entierHarry Clifton fut réveillé par la sonnerie du téléphone.
Il était en plein rêve mais il ne se rappelait pas le sujet. Peut-être le son métallique persistant en faisait-il partie. Il se retourna à contrecoeur et, clignant des yeux, regarda les petites aiguilles vertes phosphorescentes du réveil posé sur la table de chevet : 6 h 43. Il sourit. Une seule personne oserait l'appeler à cette heure matinale. Il décrocha et murmura d'une voix exagérément endormie :
- Bonjour, ma chérie.
La réponse ne fut pas immédiate et Harry se demanda un instant si le standardiste de l'hôtel s'était trompé de chambre. Il s'apprêtait à raccrocher quand il entendit des sanglots.
- C'est toi, Emma ? s'enquit-il.
- Oui.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? fit-il avec douceur.
- Sébastian est mort.
Harry ne réagit pas tout de suite, s'efforçant de croire qu'il était toujours en train de rêver.
- Comment est-ce possible ? finit-il par dire. Je lui ai parlé pas plus tard qu'hier.
- Il a été tué ce matin, expliqua-t-elle, à l'évidence incapable de prononcer plus de quelques mots à la suite.
Harry se redressa brusquement, soudain tout à fait réveillé.
- Dans un accident de voiture, poursuivit Emma entre deux sanglots.
Il tenta de rester calme en attendant qu'elle lui explique précisément ce qui s'était passé.
- Ils se rendaient ensemble à Cambridge.
- «Ensemble» ?
- Sébastian et Bruno.
- Bruno a-t-il survécu ?
- Oui. Il est hospitalisé à Harlow mais les médecins ne sont pas sûrs qu'il passe la nuit.
Harry rejeta la couverture et posa les pieds sur le tapis. Il était frigorifié et avait mal au coeur.
- Je vais prendre un taxi pour l'aéroport sur-le-champ et attraper le premier vol pour Londres.
- Moi, je pars immédiatement pour l'hôpital...
Elle se tut brusquement et Harry se demanda un instant si la communication avait été coupée. Puis il l'entendit murmurer :
- Il faut que quelqu'un identifie le corps.
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