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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:48:28+02:00

Au cours de mes années à Wicklow, soit la moitié de ma vie, je n’avais jamais eu la curiosité de visiter Glenskehy. Je découvris un bourg niché dans les Wicklow Mountains, perdu au milieu de nulle part, trop isolé pour attirer les citadins qui recherchent désespérément un logement à un prix abordable. De vieilles maisons blanchâtres groupées de guingois autour de l'église où l’on devait célébrer la messe une fois par mois; un pub; un bazar. À 8 heures, en ce mardi matin, la rue principale était déserte, hormis une vieille femme qui tirait un chariot à provisions le long d’un monument de granit à l’inscription illisible, dressé contre la masse indifférente des collines vert et ocre. J’imaginai le genre d’assassinat que l’on pouvait commettre ici : un fermier victime d’une querelle de voisinage remontant à plusieurs générations, une femme battue à mort par son mari rendu fou par l’alcool et la déprime, un homme partageant son logis avec son frère quarante années de trop. Des crimes aux racines profondes, typiques de la vieille Irlande, peu susceptibles de bouleverser un enquêteur aussi expérimenté que Sam.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:48:19+02:00

Calant l’appareil entre mon oreille et mon épaule, j’entrepris de remonter mon pistolet. Si la victime n’était pas quelqu’un que nous connaissions, il devait s’agir, pour mettre Sam dans cet état, de quelque chose de mauvais; de très mauvais. Les homicides, en Irlande, sont simples, classiques : règlements de comptes entre dealers, cambriolages qui tournent mal, crimes passionnels. Nous n’avons pas encore connu les horreurs qui ensanglantent les autres pays : tueurs en série, tortures raffinées, sous-sols tapissés de cadavres. Ce n’est qu’une question de temps. En dix ans, Dublin a changé à une allure vertigineuse. Le boom du « Tigre celtique » est passé par là, avec son lot de nouveaux riches à la fortune douteuse et de déracinés qui, réduits à la misère, n’ont plus rien à perdre. Déjà, à la fin de mon séjour à la brigade, j’avais perçu, dans la ville, les prémices de la démence. Tôt ou tard, nous nous trouverions confrontés à la boucherie.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:48:11+02:00

J’envisageai la solution traditionnellement adoptée par les flics : picoler dès l’aube, sans discontinuer. J’y renonçai, redoutant de m’épancher au téléphone auprès de n’importe qui à 3 heures du matin. Enfin, je découvris que le tir m’anesthésiait aussi bien que l’alcool, mais sans les effets secondaires. À première vue, cela semblait absurde, dans la mesure où je supporte mal tout bruit un peu fort. Pourtant, cela fonctionna. Après les premiers coups de pistolet, un fusible sautait au fond de mon cerveau. Le reste du monde s’évanouissait, devenait un chuintement inaudible. Solides comme des rocs, mes mains serraient la crosse de mon arme. Il n’y avait plus que moi et la cible, l’odeur puissante et familière de la poudre, mon dos raidi contre le recul. Je me sentais détendue, aussi placide que si j’avais pris du Valium. Au moment où l’effet se dissipait, j’avais bouclé une nouvelle journée de travail et je pouvais de nouveau, une fois rentrée chez moi, buter contre les meubles. Je devins capable de placer neuf balles sur dix dans la tête de la cible à quarante mètres. Le petit homme ratatiné qui gérait le stand me jaugeait avec l’intérêt d’un entraîneur de chevaux, évoquant à haute voix les championnats de la police.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:48:04+02:00

Le stand est enfoui dans le centre-ville, sous la moitié des autos de Dublin et une épaisse couche de smog. Je n’avais aucune raison d’être là. J’ai toujours été une bonne gâchette et mon test de qualification n’aurait pas lieu avant des mois. Mais, depuis quelque temps, je me levais trop tôt pour aller travailler, dans un état d’agitation qui m’interdisait toute autre activité. Je n’avais trouvé que ces séances de tir pour me calmer les nerfs. Je pris mon temps pour ajuster mon casque et vérifier mon arme, attendant que les deux autres policiers présents se concentrent sur leur cible, ce qui les empêcherait de me voir galvanisée, tel un personnage électrocuté de dessin animé, par mes premiers coups de feu.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:54+02:00

Bizarrement, le cas qui me fît craquer, le dernier que je traitai à la brigade, ne fut pas un massacre spectaculaire, une prise d’otage à l’issue tragique ou un brave type collectionnant des organes humains dans son frigo. Ce fut un crime banal, comme tant d’autres : une gamine retrouvée morte un matin d’été, mon partenaire et moi tirant au flanc dans la salle commune au moment où le téléphone sonna. Vue de l’extérieur, l’enquête fut même un succès. Selon les conclusions officielles, nous avons résolu l’énigme en moins d’un mois. Les médias applaudirent à la mise hors d’état de nuire des méchants, pour le plus grand profit de la société et des statistiques de fin d’année. Il n’y eut pas de poursuite dramatique en voiture, pas de fusillade. Je fus la seule personne brutalisée, physiquement en tout cas. Et encore... Je m’en tirai avec deux griffures sur les joues qui ne laissèrent même pas de cicatrices. Bref, une fin heureuse.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:41+02:00

Les rayons obliques du soleil sur le bois ébréché du bureau. Frank sentait bon : un mélange de savon et de cuir. C’était un excellent, un merveilleux professeur. Son stylo à bille noir alignait les dates, les endroits, les événements. Lexie Madison émergea du néant comme une photo Polaroid. Elle s’échappa de la page, s’éleva devant nous telle une fumée d’encens. Une fille dotée de mon visage et d’une existence issue d’un rêve à demi oublié. À quel âge remonte votre premier flirt ? Où habitiez-vous ? Comment s’appelait-il ? Qui a plaqué qui ? Pourquoi ? Frank dégota un cendrier, m’offrit une Player’s. Lorsque les rayons de soleil délaissèrent le bureau et que le ciel s’assombrit, il fit tourner son siège, s’empara d’une bouteille de whisky sur une étagère et corsa nos cafés.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:39+02:00

Il décrocha une veste de cuir suspendue au coin d’une étagère, éteignit la lumière et ferma la porte sur le petit bureau. Je gagnai à pied l’arrêt de bus, ébahie, émerveillée par l’univers secret, tout neuf, dans lequel je venais de plonger. La biographie de Lexie craquait dans la poche de mon uniforme. C’était aussi rapide, aussi simple que ça.

Je ne vous imposerai pas la longue chaîne d’événements chaotiques qui me firent passer des opérations d’infiltration au département des violences domestiques. Version abrégée : le dealer en chef de l’université devint parano et me poignarda, ma blessure en service commandé me valut un poste à la brigade criminelle, où je fus tellement meurtrie que je finis par m’en aller. Il y avait des années que je ne pensais plus à Lexie et à sa courte vie. Je ne suis pas du genre à regarder par-dessus mon épaule. Du moins, je m’y efforce. Le passé est le passé. Prétendre le contraire n’est qu’une perte de temps. Pourtant, je crois avoir toujours su que la création de Lexie Madison aurait des conséquences. On ne peut pas inventer une personne de toutes pièces, la date de son premier baiser, sa forme d’humour ou son sandwich favori, puis s’attendre qu’elle se dissolve dans des notes griffonnées à la hâte et un café arrosé de whisky quand son existence ne se justifie plus. Oui, j’ai toujours eu l’intuition qu’elle reviendrait, qu’elle me retrouverait un jour.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:31+02:00

Je m’amusais comme une folle. Cette liberté d’invention m’enchantait : piocher à ma guise, avoir de la famille sur tous les continents, habiter les pays les plus invraisemblables. J’aurais pu avoir été élevée dans un palais du Bhoutan en compagnie de sept frères et sœurs et avoir eu un chauffeur pour moi toute seule. Je fourrai un biscuit dans ma bouche avant que Frank remarque mon sourire et doute de mon sérieux.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:23+02:00

Je compris seulement au bout d’une minute que j’avais emporté le morceau : j’étais engagée. Je m’étais attendue à un entretien de trois heures ponctué de toute une série de tests de Rorschach et de questions sur ma mère. Mais Frank ne travaille pas comme ça. J’ignore toujours à quel moment de notre entrevue il prit sa décision. J’ai longtemps guetté l’occasion propice pour l’interroger à ce sujet. À présent, je ne suis plus certaine d’avoir envie de savoir.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-04-19T15:47:09+02:00

Frank Mackey était une légende : encore trentenaire et dirigeant déjà des opérations secrètes; le meilleur agent d’Irlande dans sa partie, disait-on, téméraire, insensible à la peur, funambule opérant sans filet, toujours. Il évoluait au sein des cellules de l'IRA et parmi les caïds du grand banditisme comme dans son pub habituel. Tout le monde m’avait raconté cette histoire : lorsque le Serpent, un truand de haut vol doublé d’un barjot de première qui avait laissé un de ses hommes tétraplégique pour ne pas avoir payé sa tournée, menaça de lui transpercer les mains avec un pistolet à clous, Frank le fixa droit dans les yeux sans trahir la moindre émotion et le bluffa avec une telle assurance que le malfiat lui tapa dans le dos avant de lui offrir, en guise d’excuses, une fausse Rolex. Frank la porte toujours.

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