Extraits

LA ville de Pavia (Pavie), non loin de Milan, joua à sa façon un certain rôle dans l’histoire de France.

C’est ici, en effet, qu’en février 1525, après avoir combattu longtemps, mais avec une fougue irréfléchie, contre les Espagnols, le roi François Ier connut la plus cuisante défaite des guerres d’Italie.

Fait prisonnier à la suite de cette équipée, le souverain écrivit à sa mère la lettre se terminant par la phrase fameuse : « Tout est perdu, fors l’honneur. »

Au bord du fleuve Ticino (le Tessin), la cité de Pavie conserve encore de nombreux monuments datant du Moyen Âge et de la Renaissance.

On peut notamment admirer, rivalisant de hauteur, trois de ces tours dont les familles distinguées ordonnaient l’érection en signe extérieur de leur richesse. L’orgueil, à Pavie comme à Milan, faisait partie des bons usages et François Ier se laissa certainement griser par l’air qu’on respirait ici.

DANS ce temps-là, il était du dernier chic, pour les familles distinguées, de s’attacher les services d’un astrologue.

Un astrologue, vous le savez, passe pour connaître l’avenir, rien qu’en regardant les étoiles.

Grâce à de savants calculs, en connaissant l’heure et le jour de votre naissance, il peut vous prédire tout ce qui vous arrivera.

À l’époque dont je vous parle, il y a au moins cinq cents ans, ces mages possédaient tout le savoir qu’on pouvait alors imaginer et même, à propos d’imagination… ils en possédaient aussi suffisamment pour suppléer au peu de renseignements réels dont ils disposaient.

Car ce n’était pas un métier de tout repos que de prétendre consulter les astres. Ils passaient la moitié de leur vie à formuler des vœux pour que les bonnes choses se réalisent et l’autre moitié à craindre que les prédictions pessimistes ne mettent en colère leurs maîtres et bienfaiteurs.

Ainsi, un des astrologues du duc de Milan – celui-ci possédait les moyens d’en entretenir plusieurs – commit l’imprudence d’annoncer des catastrophes imminentes. Il en eut la tête coupée.

— Puisque tu n’as même pas été assez malin pour connaître ta mort prochaine, comment veux-tu que je croie à tes sinistres présages, déclara le duc en prononçant la sentence.

Cela n’empêcha pas, du reste, la réalisation de ce que l’astrologue craignait pour le duché.

TROIS jeunes gens reçurent peu de chose en héritage de leurs parents.

— Vendons ce bien, dirent les aînés. Et avec le petit profit que nous partagerons, nous irons tenter notre chance dans le monde au lieu de gâcher notre vie à moisir ici.

— Je ne veux rien vendre de ce qui nous vient de notre pauvre mère, protesta le cadet. Prenez tout, cela m’est égal.

Les deux aînés prirent tout – ce qui ne faisait guère – et partirent en laissant une chatte dont ils ne pouvaient s’encombrer.

Le garçon, la chatte dans les bras, alla s’asseoir sous un arbre pour pleurer. Quand il eut bien pleuré…

— J’ai faim, soupira-t-il.

— C’est qu’il est midi, constata la chatte. Attends-moi, je vais revenir.

Elle alla jusqu’au palais du roi et, se faufilant par un soupirail des cuisines, réussit à voler un poulet rôti qu’elle enleva sans se faire remarquer.

Rassasié, le jeune homme se remit à pleurer.

— Qu’est-ce que je vais devenir ?

LE Val d’Aoste est vraiment une des régions les plus particulières d’Italie.

S’enfonçant comme un coup de poing dans la Savoie française, dans le dos du massif du Mont-Blanc, un ensemble de vallées profondément tranchées trace ses sillons entre les montagnes les plus hautes d’Europe.

Des alpages aux neiges éternelles, on trouve en abondance et soigneusement protégés des animaux disparus ailleurs : bouquetins, aigles royaux, chamois, marmottes, hermines… Cette faune remarquable justifie le nom de son domaine, le parc du Grand Paradis, célèbre également par une flore alpine groupant des espèces rarissimes.

Tout comme leur environnement, les Valdotains (tel est le nom des habitants du Val d’Aoste) sont demeurés à travers les siècles d’une espèce particulière. Ce peuple de montagnards et de pâtres continue à vivre de nos jours selon des traditions et des coutumes qui n’ont plus cours nulle part et cela, en dépit de la proximité des stations de ski à la mode, telle Courmayeur.