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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T09:17:11+01:00

** Extrait offert par Jane Porter **

1.

Rachel Bern se surprit à trembler devant les portes imposantes du palazzo Marcello. Les bourrasques s’engouffraient sous son manteau et faisaient voltiger sa queue-de-cheval. D’épais nuages gris s’amoncelaient au-dessus d’une lagune houleuse qui détrempait les rues de Venise. Ce temps n’était guère différent de celui de Seattle où elle avait grandi. Si elle tremblait ce matin, ce n’était pas de froid, mais de nervosité.

Dieu seul savait ce qui l’attendait ! Qui sait si cette démarche n’allait pas les plonger, elle et Michael, dans une situation plus désastreuse encore ? C’était pourtant sa dernière chance. Elle avait tout tenté pour se faire entendre de Giovanni Marcello, épuisé tous les moyens de communication. En vain. Elle prenait un énorme risque en venant ici. Mais quel autre choix avait-elle ?

Giovanni Marcello, milliardaire italien, était l’homme d’affaires le plus reclus d’Italie. Il ne possédait ni adresse mail ni numéro de téléphone direct. Et lorsque Rachel était enfin parvenue à joindre ses bureaux, impossible de laisser un message au P-DG de la société Marcello SpA. Voilà comment elle se retrouvait à Venise devant le palazzo Marcello, leur demeure ancestrale depuis plus de deux cents ans. Jusqu’au tournant du XXe siècle, les Marcello avaient prospéré dans le domaine de la production industrielle et gagné leur place dans la société. Puis ces quarante dernières années, ils s’étaient diversifiés dans le bâtiment et l’immobilier et, sous la houlette de Giovanni Marcello, avaient investi sur les marchés internationaux. Leur fortune avait alors quadruplé, faisant d’eux l’une des familles les plus influentes d’Italie.

À trente-huit ans, Giovanni continuait à diriger la société mère, située à Rome. Mais ainsi que le lui avait appris son détective privé, il passait rarement au bureau, préférant travailler chez lui à Venise. Raison pour laquelle elle se retrouvait là aujourd’hui, épuisée par le décalage horaire, mais plus résolue que jamais. Pas question de le laisser ignorer Michael plus longtemps.

Le cœur serré, elle baissa les yeux sur le bébé de six mois blotti dans ses bras et s’excusa en silence de ce qu’elle s’apprêtait à faire.

— C’est pour ton bien, chuchota-t-elle en le pressant contre son sein. Je ne serai pas loin, je te le promets.

Dans son sommeil, le bébé gigota comme pour protester. Rachel avait mauvaise conscience. Elle n’avait pas fermé l’œil depuis qu’ils avaient quitté Seattle. À vrai dire, elle ne dormait plus depuis qu’elle était devenue la mère de substitution de Michael. À six mois, il aurait déjà dû faire ses nuits, mais peut-être percevait-il son stress ? Ou était-ce sa mère qui lui manquait ?

Les yeux de Rachel s’embuèrent de larmes. Si seulement elle avait été là pour sa sœur Juliet. Si seulement elle avait compris sa détresse… Mais on ne pouvait revenir en arrière, n’est-ce pas ? C’est pourquoi elle s’apprêtait à confier l’enfant à la famille de son père. Oh ! pas pour toujours, juste quelques instants. Une opération coup de poing, en quelque sorte. Elle avait besoin de soutien. Elle était à bout de ressources et sur le point de perdre son emploi. N’était-ce pas injuste, puisque les Marcello étaient en mesure de les aider ?

D’un doigt ferme, elle appuya sur la sonnette. Fonctionnait-elle, au moins ? L’avait-on entendue ? Si elle ne percevait aucun bruit à l’intérieur, elle se savait observée par plusieurs photographes postés dans la rue. Il y en avait un de l’autre côté du canal, un autre sur le balcon d’un édifice voisin et un troisième tapi dans une gondole toute proche. Elle avait aperçu les objectifs en descendant du bateau-taxi, pour sa plus grande satisfaction. C’était elle-même qui avait prévenu les paparazzis. Mieux, elle les avait alléchés en évoquant évasivement l’existence d’un bébé Marcello.

Simple comme bonjour lorsqu’on était chargée de la publicité et du marketing pour l’une des plus puissantes compagnies aéronautiques au monde. Sa fonction d’experte en relations publiques chez AeroDynamics consistait principalement à attirer de nouveaux et riches clients — cheiks, magnats des affaires, vedettes sportives, célébrités — en faisant la promotion de leurs luxueux jets privés. Mais aujourd’hui, si elle avait besoin des médias, c’était pour leur pouvoir de pression. Leurs photos alerteraient l’opinion publique, ce qui ne manquerait pas de déplaire à Giovanni Marcello. Très attaché à sa vie privée, il prendrait des mesures immédiates pour régler l’affaire. Naturellement, elle devait d’abord s’assurer de ses bonnes intentions. Son but n’était pas de s’aliéner les Marcello en les livrant à l’opprobre. Elle avait besoin d’eux de son côté. Restait à espérer que son action n’ait pas l’effet inverse…

Non, se persuada-t-elle. Giovanni Marcello devait accepter Michael. Et il le ferait lorsqu’il verrait à quel point son neveu ressemblait à son frère. Alors qu’elle s’apprêtait à sonner une seconde fois, la porte s’ouvrit. Un homme âgé, grand et sec, se découpait dans l’embrasure. L’espace derrière lui évoquait une immense grotte sombre, à peine égayée par le scintillement d’un lustre ouvragé suspendu à une hauteur impossible. Rachel reporta son attention sur l’homme. À en juger par son uniforme noir tout simple, il devait s’agir d’un employé et non d’un membre de la famille.

— Signor Marcello, per favore, s’enquit-elle poliment, en priant pour que son italien soit intelligible.

Elle avait répété cette phrase en boucle dans l’avion afin de l’énoncer avec l’accent d’autorité adéquat.

— Signor Marcello non è disponibile, répondit sèchement le majordome.

Rachel fronça les sourcils. Tout ce qu’elle avait compris était la négation.

— È lui non a casa ? articula-t-elle tant bien que mal.

Elle s’était sans doute emmêlée dans l’ordre des mots. Son petit guide de conversation n’était guère étoffé.

— No. Addio.

Cela, elle l’avait compris. « Non. Au revoir. » Prestement, elle glissa un pied dans la porte avant qu’il n’ait le temps de la lui claquer au nez.

— Il bambino Michael Marcello, dit-elle en italien, avant de passer à l’anglais. S’il vous plaît, dites au signor Marcello que Michael aura besoin d’un biberon à son réveil.

Tout en parlant, elle avait planté d’autorité le bébé dans les bras du majordome. Elle ôta le sac de couches de son épaule et le déposa sur le pas de la porte.

— Il aura aussi besoin d’être changé, de préférence avant le biberon, ajouta-t-elle d’une voix aussi égale que possible.

Dans sa poitrine, son cœur menaçait d’éclater et elle dut résister de toutes ses forces à l’impulsion d’arracher le bébé des bras du vieil homme.

— Tout le nécessaire est dans le sac. Si vous avez des questions, les coordonnées de mon hôtel s’y trouvent également, ainsi que mon numéro de portable.

Sa voix se brisa sur ces mots. Vivement, elle tourna les talons et s’éloigna vers le canal, juste au moment où ses larmes débordaient. C’est pour le bien de Michael, se répéta-t-elle en s’essuyant les yeux. Sois forte. Tu fais cela pour lui.

Elle n’en serait pas séparée très longtemps, car elle ne doutait pas une seconde que Giovanni Marcello ne la rattrape. Dans la rue, ou alors à son hôtel, à peine à cinq minutes de là en bateau-taxi. Mais chaque pas qu’elle faisait l’éloignait un peu plus de Michael, et comme elle se sentait vide sans lui ! Son instinct lui criait de faire demi-tour, d’affronter Giovanni en face. Mais s’il refusait de venir à la porte ? Comment le forcer à sortir de sa tanière ?

Le vieil homme cria quelque chose dans son dos. Elle ne distingua qu’un seul mot : polizia. La menaçait-il d’appeler la police ? Rien d’étonnant à cela. C’est aussi ce qu’elle ferait si une inconnue abandonnait un bébé sur le pas de sa porte. Démoralisée, elle fit signe au chauffeur du bateau-taxi sur le canal. Au même moment, une main se referma sur son bras, si violemment que cela lui fit mal.

— Aïe ! Lâchez-moi ! cria Rachel avec une grimace.

— Cessez de fuir, gronda une voix masculine, aussi ferme que la poigne autour de son bras.

Son propriétaire s’exprimait dans un anglais parfait mâtiné d’un soupçon d’accent. Elle fit volte-face, sa vision obstruée par les cheveux dans ses yeux.

— Je ne fuis pas, rétorqua-t-elle avec feu.

Elle tenta de se dégager, sans succès.

— Pourriez-vous me lâcher, s’il vous plaît ?

— Aucune chance, mademoiselle Bern.

Rachel sut, alors, qui se tenait devant elle. Un frisson la parcourut. Giovanni Marcello, en plus d’être très grand, affichait une carrure impressionnante, avec d’épais cheveux noirs, des yeux très clairs et des pommettes saillantes. Elle avait vu des photos de lui sur Internet. Il y en avait peu car, contrairement à son frère Antonio, il se montrait rarement en public. Mais chacune d’elles le montrait vêtu avec élégance, exsudant un mélange de raffinement et d’extrême dureté.

C’était encore plus frappant de visu. Il la toisait d’un regard glacial, ses traits ciselés figés en un masque sévère. Un frisson lui remonta l’échine. Derrière la façade policée se cachait une part d’ombre, devina-t-elle aussitôt. Quelque chose qui n’avait rien de civilisé. Elle recula d’un pas, soucieuse de mettre de la distance entre eux.

— Je croyais que vous ne fuyiez pas, tonna-t-il.

— C’est le cas. Inutile de chercher à m’intimider.

— Vous venez d’abandonner un bébé sur le pas de ma porte…

— Je ne l’ai pas abandonné. Vous êtes son oncle.

— Je vous conseille de récupérer l’enfant avant que la police n’arrive.

— Qu’elle vienne. Ainsi, le monde entier saura la vérité.

Il arqua un sourcil perplexe.

— Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ?

— Je vais très bien, merci. En fait, cela ne pourrait pas aller mieux, le détrompa-t-elle. Si vous saviez le mal que j’ai eu à vous localiser ! Comme si j’avais les moyens d’engager un détective privé… Mais le résultat est là. Vous voilà enfin prêt à discuter de vos responsabilités.

— La seule chose que j’ai à vous dire, c’est de récupérer l’enfant…

— Votre neveu.

— … Et de rentrer chez vous avant que cette histoire ne prenne un tour désagréable.

— Elle l’est déjà pour moi. J’ai besoin de votre aide.

— Vos problèmes ne me concernent pas.

— Michael est un Marcello, le fils de feu votre frère. Il est du devoir de sa famille de le protéger et de subvenir à ses besoins.

— Cela ne risque pas d’arriver, je vous le garantis.

— Oh ! je crois que si.

Ses yeux bleu acier se plissèrent.

— Cherchez-vous délibérément à me provoquer ?

— N’est-ce pas plutôt l’inverse ? Cela fait des mois que vous ignorez mes mails et mes nombreux appels. Alors me voilà. Je suis venue vous confier votre neveu.

Ce n’était pas la vérité. Elle n’avait aucune intention de lui laisser Michael. Mais cela, il n’avait pas besoin de le savoir.

— Vous devez être complètement folle pour abandonner le fils de votre sœur…

— Et d’Antonio, compléta-t-elle. Vous avez dû apprendre cela en biologie, non ? La conception d’un enfant nécessite un ovule et un spermatozoïde. En l’occurrence, ceux de Juliet et d’Antonio. Le test de paternité se trouve dans le sac de couches.

Elle désigna du menton le sac à l’entrée du palazzo.

— Vous y trouverez aussi son dossier médical, ainsi que toutes les informations dont vous pourriez avoir besoin. J’ai rempli ma part. À votre tour, maintenant.

Sur ces mots, elle tourna les talons. Par chance, le bateau-taxi l’avait attendue. C’était compter sans Giovanni, qui n’envisageait nullement de la laisser partir. Cette fois, c’est autour de sa nuque que ses doigts s’enroulèrent.

— Vous n’irez nulle part, mademoiselle Bern. Pas sans l’enfant.

Sa voix avait pris une intonation grave, presque menaçante. Il ne lui faisait pas mal, mais elle tremblait de la tête aux pieds. Un peu comme s’il l’avait branchée à une prise électrique. Lorsqu’il la fit pivoter sur ses talons, ses bras se hérissèrent de chair de poule. Chaque parcelle de sa peau était devenue incroyablement sensible. Elle plongea les yeux dans les siens et eut très chaud tout à coup, puis très froid. Un frisson la traversa. Elle n’avait pas peur, mais la sensation était trop vive, trop intense pour être agréable.

— Et vous, signor Marcello, vous devriez vraiment arrêter de me molester, répliqua-t-elle, le cœur battant.

— Et pourquoi cela, mademoiselle Bern ?

Elle soutint son regard, qui n’avait plus rien de glacial en cet instant. Non, il brillait d’intelligence, d’un éclat prédateur. Il y avait quelque chose chez lui d’intensément physique qui lui coupait le souffle. Elle avait beau essayer de garder la tête froide, son énergie s’insinuait en elle au point qu’elle avait l’impression d’être totalement nue devant lui. Ses yeux s’égarèrent vers son nez droit, vers les parenthèses encadrant sa bouche. Ce n’était pas là le visage d’un jeune garçon, mais celui d’un homme dans la force de l’âge, avec ses rides et ses sillons. Si elle ne le détestait pas autant, elle aurait trouvé ces lignes séduisantes.

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