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A l’heure du déjeuner, je prends la décision de me prendre un sandwich et de manger seule, loin des rires bruyants et des moqueries incessantes de Keith et de sa bande.
Stacy et Jeff me manquent… J’aimerais tant pouvoir leur avouer la vérité, toute la vérité. Ces évènements seraient plus faciles à traverser avec eux à mes côtés, pas en comptant sur cette espèce de loup-garou au caractère de cochon.
Je m’installe à l’ombre d’un arbre, sur un petit coin d’herbe. D’une étrange façon, je n’ai pas envie de manger, mais mon estomac crie famine et me fait souffrir.
J’engloutis mon repas à une allure phénoménale, sans en être rassasiée.
Mince ! Connor a un sacré appétit !
- Tiens.
Une main tenant un sandwich se plante devant moi. Avant de laisser la gourmandise de Connor l’emporter, je découvre mon bienfaiteur, hébété.
- Dépêche-toi, sinon, c’est moi qui le bouffe.
Sans répondre, je me saisis de ce présent et y mord à pleines dents.
- Faudra t’y habituer. Vu ta carrure, tu dois descendre pas mal, déclare Keith en s’asseyant à son tour.
- Et toi ? je demande, la bouche pleine.
- T’inquiètes, j’ai de quoi me remplir la panse, réplique-t-il en dégainant un autre sandwich.
En prime, il me tend un soda. C’est dans le silence –et dans la confusion pour ma part- que nous mangeons ensemble.
Bien sûr, ceci n’était qu’une sorte de trêve. Dès que la cloche retentit, Keith se dirige de nouveau vers sa bande de potes grossiers et puants la vantardise.
Dans un soupir, je le suis, identique à cette matinée qui me sort par les narines. Alors que je suis persuadée que les dernières de cours vont respecter le précédent schéma, voici mon chien de garde qui fait volte-face.
- Allez, on y va.
- Mais, le lycée se trouve de ce côté, j’affirme, perplexe.
- Je n’ai pas envie de me taper deux heures de littérature. Alors, si je sèche, tu sèches.
- Mais…
- Y a pas de mais ! C’est un ordre du proviseur ! T’aurais déjà oublié ?
Non, mais l’ordre du proviseur était que Keith veille sur moi et aide à démasquer les coupables. Pas que je serais son esclave…
Keith m’attend devant sa voiture. D’un noir brillant, à l’allure sobre. Je l’aurais plutôt imaginé dans le genre de décapotable rouge vif. A croire que je n’ai pas encore cerné le loup.
En ouvrant la portière, il me fixe et semble m’attendre. Je ne sais pas quoi faire. En tant que Georgia, le mouton noir, il était impensable de sécher les cours ! Je me dois de travailler plus dur que la moyenne, afin que mes notes théoriques rattrapent la catastrophe pour les devoirs pratiques. Mais maintenant que je suis Connor, un mouton gris, puis-je me permettre de sécher les cours pour la première fois de ma vie ?
Un combat entre ma conscience, ma raison et mon impulsivité se déclenche. Alors que je piétine sur place, Keith déclare :
- Après ce qu’il t’est arrivé, tu crois que tes parents te puniront pour avoir séché quelques malheureux cours ?
Son ton sérieux met K.O mes doutes. Ma conscience, ma raison et mon impulsivité se mettent d’accord sur son affirmation.
Ce n’est pas en sautillant, encore moins le sourire jusqu’aux oreilles que je le suis et prend place sur le siège passager de sa voiture aussi propre qu’un sou neuf. Mais je dois avouer, que tout au fond de moi, Georgia et Connor se trémoussent à l’idée de faire l’école buissonnière.
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