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Anne s’éveilla en sursaut au milieu de la nuit, hantée par les terribles images du cauchemar qu’elle venait de faire. Elle se promenait avec Stephan dans le jardin clos, à Montaigu. Il l’avait prise par la taille et serrée contre lui, pour l’embrasser. Ce baiser, quel délice ! Et puis quelque chose l’avait éloigné d’elle, elle l’avait vu disparaître dans une sorte de brouillard. Elle s’était mise à l’appeler, à crier son nom, mais il ne l’entendait pas, sa voix ne portait pas assez loin. Quelque chose les séparait, les tenait éloignés l’un de l’autre, mais elle ne savait pas quoi.
Ses larmes lui brouillaient la vue. Plus que tout au monde, elle voulait qu’il revienne. Elle avait besoin de lui, qu’elle aimait d’un si grand amour. Elle en venait à se détester, à détester sa fierté, qui l’empêchait de lui envoyer un message, de le rappeler près d’elle.
— Stephan, mon amour, soupira-t-elle, je veux tant te revoir… Reviens, je t’en prie, j’ai tant besoin de toi, murmura-t-elle dans la pénombre de la chambre.
Afficher en entier— Je viens aux nouvelles, dit Stephan en entrant dans la chambre.
Depuis déjà dix jours, la rescapée occupait le grand lit de bois situé dans la plus grande chambre du château. Pendant la première semaine, une fièvre ardente avait fait craindre pour sa survie. La peau brûlante, elle s’agitait sans cesse, tournant la tête de droite et de gauche, d’autant plus pitoyable que sa longue chevelure luisante de sueur était encore imprégnée de sel marin, car ses sauveurs n’avaient pas osé la nettoyer. Dès son arrivée à Montaigu, Ali avait envisagé de l’en débarrasser en la coupant court, mais Stephan lui avait interdit de le faire.
Au neuvième jour, la fièvre était tombée et la jeune fille reposait calmement. Mais elle n’avait pas encore ouvert les yeux. Stephan se pencha sur elle pour lui tâter le front. Elle avait la peau fraîche. Son regard croisa celui d’Ali, qui hocha la tête : il avait fait la même constatation.
Ils étaient amis depuis presque dix ans, puisque Stephan de Montfort l’avait soustrait en même temps qu’Hassan à la cruauté d’un marchand d’esclaves. Ali, philosophe et médecin, conseillait volontiers son bienfaiteur, qui ne manquait pas de faire appel à sa science, en cas de besoin.
— Puisqu’elle n’a plus de fièvre, pourquoi ne se réveille-t-elle pas ?
— Il arrive que l’esprit se mette en sommeil pour permettre au corps de retrouver toutes ses facultés, répondit le sage Oriental. Elle a échappé au pire, j’en suis certain. Quant à savoir à quel moment elle va se réveiller, je ne saurais le prévoir. Quand elle reprendra conscience, il faut craindre qu’elle éprouve un nouveau choc, dans le cas surtout où certains de ses parents ou de ses amis auraient péri dans le naufrage.
— Elle est trop jeune pour voyager seule, estima Stephan. Si le navire a sombré, les personnes qui l’accompagnaient ont certainement disparu.
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