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Extrait ajouté par Eleana2731 2017-07-28T16:35:26+02:00

Mais la réalité se rappelle finalement à moi. Chaplin s’écarte pour me désigner d’un mouvement du bras.

– Voici Alba Clancy, monsieur Ferris, dit-il comme si j’étais une personnalité hyper connue, que ce parrain de la Mafia rêvait de rencontrer.

Mais à voir la tête de Bobby Dragon, son regard intéressé, je me demande si ce n’est pas le cas.

L’homme corpulent se lève même pour s’avancer vers moi et me serrer la main.

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Extrait ajouté par AMETHYST 2016-02-04T10:51:50+01:00

J'essaie très vite de rapprocher toutes les pièces du puzzle très complexe qu'on me met régulièrement sous le nez depuis quelques heures. Et rien ne colle, je n'arrive pas à expliquer la présence de mon ami dans les bureaux du FBI. Je suis contente de le voir, mais je suis perdue et ça doit se voir sur mon visage.

– Je viens juste te dire que Celia est en lieu sûr, ajoute-t-il.

Je secoue la tête pour m'efforcer quand même de remettre tous mes neurones en place, mais ça ne fonctionne toujours pas. Je ne fais toujours pas le lien.

– On m'a contacté ce soir, le FBI, explique-t-il en parlant lentement comme s'il s'adressait à une simple d'esprit dont je dois avoir la tête. Je suppose que tu es au courant pour Matthew Ferris maintenant, qu'il collabore avec les agents fédéraux. Je n'étais pas de service, tu le sais, mais le FBI s'est arrangé avec le poste ; ma patrouille ainsi que trois autres ont été envoyées à cette villa où tu es allée plus tôt dans la soirée.

En fait, pendant que je me croyais en mission solo, toute la police de la ville et le FBI étaient au courant. Je trouve ça énorme !

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Extrait ajouté par Eleana2731 2017-07-28T17:41:51+02:00

– Oui, en effet, il vaut mieux qu’on se dise adieu, je poursuis toujours d’une voix défiante. Pas la peine de passer deux jours comme si de rien n’était. Moi, je ne saurai pas faire. Mais toi, peut-être que si, puisque tu le fais tous les jours, ça n’a… Je m’arrête au beau milieu de ma phrase. Matthew vient d’attraper une chaise qu’il fracasse contre le mur. Je me raidis devant la violence du geste, mais je ne veux rien laisser paraître. Il s’acharne encore une fois sur le meuble qui est en miettes, puis se tourne vers moi, l’air étrangement apaisé. Il joint les mains devant le visage, ferme les yeux et je vois qu’il inspire profondément. Bizarrement, je n’ai pas peur. Je comprends combien ce geste est libérateur. Je sais qu’il ne pouvait plus se contenir. Il pose les mains sur les hanches, les yeux baissés.

– OK, fait-il.

Puis il relève le visage. Ses yeux brillent d’un éclat sombre.

– Écoute-moi bien, Alba. JE NE VEUX PAS QU’ON ARRÊTE LÀ, OK ? Tu as bien entendu ?

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Extrait ajouté par AMETHYST 2016-02-04T10:49:06+01:00

Les trois heures passent sans que je m'en aperçoive tant la présence de Lucia est agréable, et j'en oublie même mes angoisses et l'attente. Quand elle fait enfin pivoter mon tabouret devant le miroir après m'avoir séché les cheveux, je reste bouche bée devant mon reflet. Lucia fait une petite moue appréciatrice.

– Hum, il y a un peu de Madonna, période Who's That Girl, je trouve, dit-elle en penchant la tête sur le côté.

Je me fixe avec un air sérieux qui nous fait éclater de rire toutes les deux.

– Ça doit être les sourcils noirs que tu n'as pas teints, dis-je sans l'ombre d'un reproche. Rassure-moi, ça ne ressemble pas à cet horrible brushing qu'elle avait à cette époque ?

– T'inquiète, me répond-elle. Les années quatre-vingt reviennent toujours à la mode.

– Mouais, je fais en m'ébouriffant les cheveux pour leur redonner une tournure plus naturelle.

Lucia est en train de ranger sa besace quand elle lève les yeux vers moi.

– Je t'assure, je crois que tu pourrais avoir les cheveux roses et les yeux jaunes, ça ne changerait rien pour Matthew, me dit-elle avec une attention qui me touche.

– Je me doute bien qu'il n'est pas avec moi pour mon physique, je réponds en faisant la grande.

Lucia écarquille les yeux et rapproche son tabouret du mien avant de s'asseoir.

– Tiens donc, c'est ce que tu crois, hein ? fait-elle avec un petit sourire amusé. Alors j'ai dû me tromper, je n'ai pas entendu Matthew me dire que tu étais la fille la plus sexy qu'il avait jamais vue et justement parce que tu ne le savais pas. Que tu étais une femme sans artifice parce que tu n'en avais pas besoin… que tu étais…

– Oh, oh ! je m'exclame en levant les deux mains pour stopper le flux de paroles de Lucia. Je n'allais pas à la pêche aux compliments !

– Je sais, je sais, reprend Lucia avec tact. Mais je vais être honnête, Matthew tient à toi, tu es la plus belle chose qui lui soit arrivée depuis des années et, ce qui m'embête, c'est de sentir en toi une part d'indécision et d'incertitude, de doute, qui pourrait mettre toute cette histoire en danger.

Je me fige et n'ouvre plus la bouche. Elle n'a pas tort, mais elle n'a pas complètement raison non plus.

– OK, poursuit-elle sur le ton de la confidence. Écoute-moi bien, Alba, s'il te plaît. Je tiens à Matthew comme à ma propre famille, je vois qu'il se donne sans se retenir avec toi et j'attendrais que tu fasses la même chose avec lui…

– J'entends ce que tu dis, Lucia, je comprends aussi, c'est ton ami, tu veux que tout se passe bien, je rétorque sans agressivité. Mais tu ne sais pas tout, il y a un peu plus en jeu que deux amants qui éprouvent des sentiments l'un pour l'autre. On n'a pas choisi la facilité.

Elle me fixe quelques secondes en estimant en silence le degré de complication que je suis en train d'évoquer, puis elle pose une main compatissante sur mon épaule.

– Je ne veux pas venir fourrer mon nez dans tes affaires, dit-elle avec sincérité. Tu me permets de te dire ce que je ressens après deux heures passées ensemble ?

J'acquiesce, confiante. Nous avons une vraie discussion entre femmes. Lucia reprend son souffle, ça n'est pas simple d'être honnête avec quelqu'un qu'on connaît à peine.

– Alba, je te sens forte, courageuse, honnête, droite…

J'accuse réception de chaque compliment qui m'est adressé. Pas simple de recevoir non plus cette honnêteté qui n'est pas feinte, j'en suis certaine.

– Je dirais que tu es sincère et authentique, tu ne joues pas, tu as des valeurs, en l'occurrence les mêmes que Matthew et, quand tu aimes, je suis sûre que ce n'est pas à moitié. Mais là, c'est peut-être la première fois, n'est-ce pas ?

Elle m'interroge silencieusement du regard, sourcils haussés. Je fais une moue pensive avant de répondre.

– Tout ça m'est un peu tombé dessus, j'avoue, réponds-je, très lucide, sans me sentir vulnérable après cette confidence. J'essaie de gérer mes émotions.

– C'est peut-être normal alors que tu ne saches pas où tu en es, que tu doutes, mais crois-moi, il y a quelqu'un en face de toi qui t'aime et qui n'a aucun doute sur le fait que tu es la femme de sa vie, dit-elle avec un sourire rassurant.

Je me vois mal mettre en doute ce que Lucia vient de me dire. Quel intérêt aurait-elle à me raconter n'importe quoi ? Je secoue lentement la tête.

– J'aurais tellement aimé rencontrer Matthew autrement, enfin tu vois, qu'il ait une autre famille, qu'il n'y ait pas tous ces problèmes…

– C'est sûr que vos vies ne sont pas simples, mais ça vaut le coup de franchir tous ces obstacles, j'en suis convaincue, dit-elle doucement et sincèrement préoccupée par notre histoire. Je peux te le dire, ça vaut le coup d'être avec un homme qui vous aime à ce point.

Puis elle relève la tête pour jeter un regard derrière moi.

– Et maintenant tu te reprends, tu te réjouis d'aller retrouver Matthew, parce que Dean est là, lance-t-elle en se redressant.

Lucia a visé assez juste. J'oscille toujours entre doute et certitude quand il s'agit de Matthew. Je crois que j'avais besoin d'entendre de vive voix ce dont j'essaie de me convaincre.

– Ça m'a fait du bien de parler avec toi, Lucia, dis-je en me sentant plus d'aplomb désormais.

Nous nous serrons dans les bras, fort, et Lucia me chuchote à l'oreille :

– Bonne chance pour ta mission, quelle qu'elle soit. Et pour le reste aussi.

Je m'écarte lentement d'elle en la fixant avec curiosité. Je suis émue comme je l'ai rarement été par une femme que, non seulement j'ai jalousée, mais que je ne connaissais pas quelques heures plus tôt.

J'aimerais beaucoup avoir cette fille comme amie…

– Merci, dis-je simplement avant de tourner les talons pour rejoindre Dean qui m'attend.

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Extrait ajouté par AMETHYST 2016-02-04T10:45:02+01:00

Dans l'antre du Dragon

Dan Chaplin attend que les deux monstrueuses portes se soient entièrement ouvertes, puis il enclenche la vitesse et la voiture s’engage au pas dans l’allée de la propriété de Bobby Dragon Ferris. Je suis persuadée que c’est bien l’adresse du père de Matthew et accessoirement de celui qui est à la tête de tous les trafics ayant cours à Miami.

– On est chez Bobby Dragon Ferris, c’est ça ? je demande à nouveau à Chaplin qui ne m’a pas répondu la première fois.

Il hoche la tête sans daigner prononcer un mot.

Au doute succède l’angoisse et je la sens à deux doigts de se transformer en peur puis en pure panique.

Merde, mais qu’est-ce qu’on fiche là ? !

Je regarde autour de nous, au-delà des haies, la vaste propriété qui s’étend, soignée, luxuriante. Puis je me retourne encore une fois vers Chaplin.

– Dan, qu’est-ce qu’on fiche là ? On a un mandat ? On vient l’interroger ?

Difficile pour moi de dissimuler la trouille dans ma voix. Chaplin reste muet, négociant toujours lentement les virages de l’allée.

– Putain, tu réponds, Chaplin ? ! finis-je par lâcher.

Nous arrivons devant la maison, ou plutôt le château de Bobby Dragon. On n’aura jamais d’explication au fait que ce genre de personnage, plein aux as et aux fréquentations douteuses, fasse rarement preuve de bon goût. Devant moi, j’ai l’exemple flagrant de cette règle, une sorte de croisement entre une hacienda et un petit château de la Loire.

La voiture est à l’arrêt devant l’édifice. Deux types élégamment habillés se tiennent sur le perron et encadrent la porte d’entrée comme les deux dragons gardant le portail du domaine.

Chaplin coupe le moteur et se tourne vers moi. L’expression de son visage est difficile à lire. Il me scrute avec calme et autorité.

– Premièrement, tu baisses d’un ton, Clancy, commence-t-il.

Je reste bouche bée et d’instinct, parce que j’ai l’intuition que la situation le demande, je porte la main à mon arme de service dans son holster.

– Ensuite, à ta place, j’oublierais tout de suite ce que tu as l’intention de faire, continue-t-il en m’indiquant mon arme des yeux. Je connais tes qualités de tir, mais ça n’est vraiment pas l’endroit où il faut faire preuve d’héroïsme.

Je le fixe toujours, sans comprendre. Et toutes les options défilent dans ma tête : ça fait peut-être partie de l’enquête, cette entrevue, non ? Chaplin a peut-être réussi à obtenir ce « rendez-vous » sans que le chef des Stups le sache. Je n’ai pas toujours été tenue au courant, ces derniers jours, de l’évolution du dossier Ferris, et pour dire vrai, j’ai essayé de m’occuper d’autres missions pour éviter de me retrouver dans une position délicate.

Matthew sait-il que je suis là, chez son père ?

Chaplin et moi nous nous affrontons toujours du regard en silence. J’écarte ma main de mon arme.

– OK, c’est mieux, dit-il. Un conseil, tu gardes ton sang-froid, ici. Pas de réaction fébrile ni déplacée, OK ?

Mais ça ne me dit pas ce qu’on fiche là…

Chaplin descend de voiture et je l’imite. Puis nous nous dirigeons vers le perron où nous attendent les deux types en noir. Les trois hommes se serrent la main et je me fige sur place. Ils ont l’air de se connaître. Un des gardes demande même à Chaplin comment il va, en l’appelant par son prénom. Ma gorge s’assèche d’un coup. Mes mains se mettent à trembler et cela ne doit pas échapper aux regards des deux cerbères quand ils me saluent d’un signe de tête.

– Près de la piscine, dit simplement un des deux hommes.

Chaplin acquiesce puis il se tourne vers moi. Je me sens toute petite près de ces types qui savent ce qu’ils font et pourquoi ils sont là. Je nage en pleine confusion. Malgré tout, je m’accroche à cet air de flic qui sait ce qu’elle fait. J’essaie de sauver les apparences et ce n’est pas simple.

– Tu laisses ton arme à ces messieurs, dit simplement Chaplin.

Bouche ouverte, sourcils froncés, je secoue la tête.

– Fais-le, ajoute-t-il simplement. Et ne pose pas de question.

Depuis le début, Chaplin a le don de réveiller chez moi des envies de tout casser. Quand il ne s’adresse pas à moi par monosyllabes ou par phrases de quatre mots maximum, il évite de répondre à mes questions ou se paie ma tête. L’accumulation de tous ses mauvais penchants dans ce moment assez troublant ne fait qu’attiser mon animosité envers mon collègue.

– Et toi ? je réponds en sortant mon arme de mon holster pour la tendre à un des types.

– Moi, je bénéficie d’un traitement de faveur, dit-il en me tournant le dos pour entrer dans la maison.

Je reste une seconde plantée sur place. Sa réponse laconique et mystérieuse vient de me frapper comme la foudre. J’ai peur de comprendre d’un coup ce qui se passe.

Chaplin serait l’indic des Ferris ? !

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Extrait ajouté par AMETHYST 2016-02-04T10:44:00+01:00

Oh my God !

– Il ne s’ennuie pas, dis donc, Matthew Ferris ? lance Chaplin en rigolant à moitié. Intéressant…

Je ferme les yeux au moment où les vignettes miniatures des photos de la surveillance de la soirée apparaissent sur l’écran de mon ordinateur. Je crispe les paupières et visualise très clairement un avion abattu en plein vol par un missile. Autant ne pas rester dans le symbolique, ma carrière vient d’exploser en pleine ascension…

Parce que je n’ai pas eu l’intelligence d’imaginer que Matthew Ferris puisse être placé sous surveillance H24, tout le service va se délecter de clichés de mes ébats de la veille avec l’homme sur lequel je suis censée enquêter, dans la cuisine de son penthouse de Key Biscayne.

J’entends toujours glousser Chaplin qui consulte les photos – alors que je l’aurais plutôt imaginé se mettre à me hurler dessus en découvrant ma trahison –, je daigne enfin ouvrir les yeux pour affronter la vérité.

J’ai une bonne trentaine de vignettes devant moi, toutes assorties de la mention de la date et de l’heure. Pas de doute, c’était bien hier.

La main tremblante, je clique sur celle affichant l’heure approximative à laquelle Matthew Ferris et moi, nus comme des vers, avions complètement oublié que j’étais flic et qu’il était supposé être voyou.

Oh merde… mais qu’est-ce que…

J’ouvre la bouche de surprise et je crispe de nouveau les paupières pour tenter de faire le vide dans ma tête, parce que là, je ne saisis plus rien.

– Alors, Clancy, c’est trop cru pour tes petits yeux innocents ? me balance Chaplin depuis son bureau.

J’ouvre les yeux et secoue la tête. C’est toujours la même photo devant moi. Une photo que je ne comprends pas, ou alors que je comprends trop.

La scène a été volée dans un salon, apparemment, à travers une baie vitrée. La lumière est tamisée, on n’y voit pas comme en plein jour en tout cas. Il y a un canapé, des fauteuils, des bibelots qu’on ne trouve que dans les musées d’art contemporain. Matthew est de dos, nu, je reconnais ses cheveux souples, sa carrure puissante.

Et il n’est pas seul. Il est avec une femme.

Une brune plantureuse qui a ce qu’il faut là où j’ai la petite moyenne. Poitrine généreuse et un postérieur comme un cœur. Des cheveux longs. Elle n’est pas très habillée non plus, c’est le moins qu’on puisse dire… Son visage est juste sublime et me rappelle quelqu’un. Je ne vois pas la figure de Matthew qui lui fait face, mais il a l’air d’avoir les mains bien occupées.

Passé l’énorme trouille, le rouge me monte aux joues et je ne sais si c’est par gêne de la scène que j’ai sous les yeux ou parce que je suis terriblement et soudainement en colère… Grosse fureur même.

Ce type se fiche tout simplement de moi !

Je clique sur une autre photo, puis une autre, m’infligeant le spectacle insoutenable de ces scènes explicites du couple dénudé. Et de toute évidence, ils ne jouent pas au bridge…

Je déglutis, pince les lèvres, j’ai tout simplement envie de prendre le moniteur et de l’exploser par terre, de tout ravager dans le bureau.

Matthew Ferris, cet homme avec qui je croyais qu’il se passait quelque chose, qu’il s’était passé quelque chose de très fort même, a fait l’amour à une autre femme hier soir.

Je regarde encore une fois la mention de l’heure au bas de la photo.

Mais ça ne colle pas…

Je mets de côté ma fureur, mon humiliation, et je déglutis avant de demander d’une voix blanche, presque administrative, à Chaplin :

– C’était hier soir, c’est ça ? Et c’est qui, cette femme ?

Chaplin se lève pour contourner le bureau et se poster derrière moi, pendant que je fais désormais défiler toutes les photos avec un calme qui m’étonne et me réjouit à la fois. J’ai enfin retrouvé mes esprits et des idées claires pour faire mon boulot de flic – et pas celui de potiche soumise au bon plaisir de M. Matthew Ferris !

– Ouais, hier soir, après le départ de son comptable, Ferris s’est payé un peu de bon temps avec sa petite amie régulière, dit Chaplin avec détachement, sans quitter des yeux, j’en suis sûre, les photos sur mon écran.

Cela me dégoûte un peu qu’on soit tous les deux, là, comme deux mateurs, puis je me rappelle que ça fait partie du métier : voir des choses secrètes, cachées, pour essayer de faire justice, de découvrir une certaine vérité.

Mais pas cette vérité-là !

– Elle, c’est Lucia Flores, poursuit Chaplin. Sa tête ne te dit rien ?

– Si, mais je n’arrive pas à la situer, je réponds.

Enfin là, pour le coup, je la situe très exactement là où je n’avais pas envie de la voir…

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Extrait ajouté par AMETHYST 2016-02-04T10:42:27+01:00

Ma famille, mon histoire

Si le serveur vient me demander encore une fois si je suis certaine de ne pas vouloir commander, je crois que je vais lui livrer le fond de ma pensée…

Je reprends une gorgée de mon cocktail de fruits que je sirote depuis un bon quart d’heure, voire une demi-heure. Ça m’apprendra à toujours être en avance à mes rendez-vous. Je commence à avoir faim. D’un autre côté, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, je sais bien que papa n’arrive JAMAIS à l’heure.

Ah ! le voilà qui déboule enfin !

Je ne peux m’empêcher de sourire en l’observant me chercher du regard dans la salle et se précipiter, affolé, vers ma table. Parvenu près de moi, il se penche pour m’embrasser chaleureusement.

– Je suis en retard, hein ? me lance-t-il avec son sourire contrit qui me fait toujours tout lui pardonner.

Je hausse les épaules.

– Juste ce qu’il faut pour que je sois encore plus heureuse de te voir, je réponds avec humour.

La vérité, c’est que je vois si peu souvent mon père que je suis toujours heureuse de le retrouver pour ces moments en tête à tête. Je le regarde s’installer à table, poser sa veste chiffonnée – tout autant que sa chemisette qu’il doit porter depuis deux jours – sur le dossier de sa chaise.

Taylor Clancy, mon père, avocat des causes perdues et des démunis se fiche complètement de sa mise et de ce que les autres peuvent penser. Après tout, ce qui importe, c’est ce qu’il fait pour les autres et j’avoue que je dois bien avoir hérité ça de lui.

Il se frotte énergiquement le visage, souffle un bon coup et frappe dans ses mains.

– J’ai faim, dit-il avec le ton enjoué d’un gosse qui revient d’une grande aventure.

Mais c’est un peu toujours le cas avec mon père, il revient toujours d’une aventure quelconque.

– Tu veux boire un apéritif ? je demande en constatant que j’ai bu jusqu’à la dernière goutte de mon cocktail.

– Non, non, dit-il en secouant la tête. Passons tout de suite aux choses sérieuses.

Il prend la carte posée sur la table, hèle le serveur qui nous épiait depuis un moment et passe notre commande.

– Pff, soupire-t-il. Je sors d’une réunion de quartier. On essaie de chasser des pauvres gens des masures qu’ils habitent depuis toujours.

– Des expropriations ? je demande.

– Plus vicieux que ça, des promoteurs qui proposent de racheter au rabais des parcelles. Le souci, c’est que certains habitants ont accepté, on les comprend, ils ont besoin d’argent. Mais ce qui est problématique, c’est que ceux qui résistent subissent des manœuvres d’intimidation.

Comme je m’apprête à intervenir, il lève la main pour m’interrompre.

– Je sais ce que tu vas me dire, Alba, pourquoi ne pas prévenir les autorités, c’est ça ?

Je ne peux m’empêcher de sourire. Il me connaît bien. Même si nous sommes tous les deux de la même trempe, à désirer œuvrer pour la justice avec un réel désir de droiture, nos opinions sur les recours divergent toujours.

– Je crois en la mobilisation de la population pour déjouer certaines injustices, poursuit-il alors que le serveur dépose nos assiettes devant nous. Je crois que les gens doivent se responsabiliser, qu’ils ont des droits et que c’est à eux, en premier lieu, de les faire valoir avec les moyens qui leur sont propres.

– Je suis d’accord, papa, dis-je en couvrant sa main de la mienne dans un souci d’apaisement.

– Je sais que tu es d’accord, Alba, réplique-t-il. Et pourtant tu as opté pour une autre voie.

Aïe, ça y est, on est dans le vif du sujet.

Je hoche la tête en lui adressant un sourire tendre.

– Papa, je respecte, tu le sais, ton engagement. C’est même pour cette raison que j’ai choisi cette carrière que tu désapprouves. Pour ma part, je pense que c’est à la police de protéger les citoyens, à la police de montrer l’exemple.

Il ferme les yeux. Nous avons déjà eu cette discussion des dizaines de fois, mais je sais que je n’y couperai pas encore aujourd’hui.

– Quand tu m’as annoncé en quittant le lycée que tu voulais étudier le droit, Alba, dit-il avec l’émotion du souvenir qui lui revient. Tu ne peux savoir à quel point j’ai été heureux de me rendre compte que tu n’avais pas été insensible aux valeurs que nous vous avions inculquées, à ta sœur et à toi.

J’entends à sa voix que sa gorge se serre à l’évocation de ma mère et de ma sœur, Celia. Ma main presse la sienne.

– Et puis j’ai choisi une autre forme de justice, papa, je poursuis à sa place. J’ai choisi de travailler dans la police. Est-ce grave ? Mes motivations sont les mêmes que les tiennes.

– Je sais, Alba, je sais, dit-il en tapotant ma main. Je sais que tu souhaites faire le bien.

Papa n’est pas fort dans les démonstrations d’affection. Ça n’a pas toujours été le cas, mais j’ai parfois l’impression qu’il a désappris à être tendre, à montrer qu’il aime, depuis la mort de ma mère, il y a six ans.

Il a désappris d’ailleurs pas mal de choses, comme prendre soin de lui, de sa personne et de sa santé. Il se concentre uniquement sur les autres et leur bien-être en oubliant le sien. Il nous a même parfois un peu oubliées, ma sœur et moi, tant il était rongé par le chagrin.

Dans ces secondes où flottent l’émotion et le souvenir, je redoute soudain de lui annoncer la nouvelle dont je souhaitais lui faire part. Malgré tout, il faut bien que je me lance.

– Papa, justement, je voulais qu’on dîne ensemble ce soir pour te parler de quelque chose d’important pour moi, dis-je d’une voix que je sens fragile.

J’ai tellement peur de le blesser. Pourtant je sais combien il m’aime et qu’il respecte tous mes choix.

– Ma demande d’affectation a été acceptée, je commence demain, j’ajoute sans être capable de dissimuler ma joie.

– Et ? demande mon père, attentif. Quel service ?

– Le département des stupéfiants, je réponds.

Voilà, c’est dit ! Plus possible de reculer !

Je vois à sa mine figée qu’il accuse le coup sans vouloir rien en laisser paraître. Je me redresse, je suis sûre de mon choix, j’en suis fière même et il y a de quoi, sans aucun doute. Après être sortie de l’école de police avec les honneurs de ma promotion, deux années de patrouille mobile exemplaires, j’ai passé le concours d’enquêteur et l’ai réussi du premier coup !

– J’aurais pu émettre le souhait pour n’importe quel service, ma demande aurait été acceptée, j’ajoute. Je veux travailler aux Stups.

Je suis plutôt quelqu’un de modeste, mais les faits sont là et on m’a avertie : je serai la plus jeune enquêtrice des Stups. Je n’ai pas choisi la facilité, mais j’aime la difficulté.

– Je suis motivée, dis-je comme si je concluais mon monologue intérieur.

Mon père affiche un sourire sincère devant mon assurance.

– Je n’en doute pas, Alba, dit-il. Et, malgré nos opinions qui diffèrent un peu, je suis fier de toi, de ce que tu as décidé d’entreprendre. Que je ne sois pas convaincu par les actions et l’image de la police ne veut pas dire que je ne crois pas en ce que tu es capable d’y faire en tant qu’enquêtrice. Tu as déjà été au plus proche des gens pendant tes années de patrouille. Je suis persuadé que tu as le potentiel de faire bouger les choses.

Je ne peux qu’être touchée. J’ai conscience de la rancœur et du chagrin qu’il doit mettre de côté pour exprimer cette fierté.

– Papa, je te remercie, ton soutien est vraiment important pour moi, tu sais. Je mesure aussi combien c’est difficile pour toi de me dire tout ça, dis-je en espérant qu’il sente tout l’amour que j’ai pour lui.

Il baisse les yeux vers son assiette.

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