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La lueur du soleil levant perce les stores des hublots cuivrés. J’ouvre les yeux. Je sens le doux roulis de la jonque. Mon cœur respire. La lumière se fait dans ma poitrine. Comme à chaque fois, Chris s’est réveillé avant moi. Il dort peu. Je ne sais pas comment il fait. C’est comme s’il était toujours sur le pont, prêt à l’action, prêt au travail.
Les souvenirs de la nuit passée ont du mal à s'estomper, et... tant mieux ! Il me semble encore ressentir les doigts de Chris passant sur ma poitrine. Il me semble encore voyager de plaisir en plaisir, avec lui en moi. Ses mains, sa bouche, son torse, tout mon corps le réclame encore. Cette douceur incomparable mais aussi cette force quand il me donne du plaisir... Et moi, les yeux clos, les songes encore vifs, je sens que je me laisse aller dans les douceurs des draps soyeux.
Mais j'ouvre finalement les yeux.
Afficher en entierMa parole, il lit vraiment dans mes pensées !
– Je l’espère sincèrement pour vous, Badiman ! D’ailleurs, n’hésitez pas si vous avez besoin d’un coup de main. Avez-vous une spécialité ?
– C’est très gentil à vous, mademoiselle Ferner.
– C’est Lerner, mais appelez-moi Lucie, je vous en prie.
– D’accord Lucie. Et bien, je travaille majoritairement sur les constructions durables et respectueuses de la nature et des hommes. Cela fait partie de nos traditions, ici.
Décidément, le concours Goldstein nous fait rencontrer de bien belles personnes !
Afficher en entierMais je me l’avoue, c’est réellement Christopher qui est de toutes mes pensées. Je l’imagine me parlant. Me regardant. Que se passera-t-il à San Francisco ? Comment réagira-t-il en me revoyant ? Sera-t-il déçu ? Suis-je réellement à sa hauteur ? Et puis je l’imagine découvrant que notre histoire a fuité. L’horreur ! Je vois sa colère, son indifférence, ses bras que je ne toucherai plus et ses lèvres que je n’embrasserai plus. J’imagine chaque juré du concours venant tour à tour me taper sur les doigts avec une règle en métal, en riant et hurlant comme des damnés devant des flammes infernales. Je tombe dans un cratère de lave en fusion et apparaît alors le visage condescendant d’Elaine Yade, cette pimbêche si douée, prise elle aussi au concours. Mais je délire ma parole ! Mon Dieu, j’ai juste envie de dormir ! Tête sur l’oreiller, tête sous l’oreiller, rien n’y fait. Je crois que je perds le combat, le sommeil ne viendra pas. Je rends les armes et prête allégeance à mon nouveau dieu. Adieu Morphée, bonjour Travail ! Quitte à ne pas dormir, autant faire avancer les choses. Et puis ça me videra la tête. Je me lève et mets un gilet par dessus ma chemise de nuit. Je m’assois à mon bureau, allume la petite lampe, et sors mes dossiers et mon ordinateur.
Afficher en entierJe ne peux pas me le retirer de la tête. J’ai l’impression de voir partout ses yeux verts et or nacrés de noisette. Si sûr, si affirmé, regard protecteur et aura de chevalier. D’ailleurs là, dans les étoiles... Ou même là, dans les bras de l’homme du « Baiser » de Klimt, dont j’ai une reproduction affichée sur mon mur. Je regarde longuement la peinture dorée et chamarrée. Cette femme... comme je voudrais être à sa place, yeux clos dans des bras virils et rassurants. Mais surtout... être dans les bras de cet homme de l’autre jour. Je ne l’ai pas recroisé depuis à la fac. Que suis-je étourdie de ne pas lui avoir demandé sur numéro ! Ou au moins son nom. Je sais que je pourrais en parler à Rachel, mais la dernière chose que je voudrais au monde, c’est aborder ma vie sentimentale avec ma tutrice de thèse ! Il était probablement simplement de passage à Paris pour un colloque, ou la visite de bâtiments parisiens... Je pourrais fouiller sur Internet, mais comment ? Ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! Je n’ai même pas de compte Facebook ! Je me fais d'ailleurs assez charrier par Jules pour ça. J’aurais alors pu chercher dessus. L’ami d’un ami d’un ami peut-être... L’architecture est un petit monde, ça aurait pu être une solution. Effectivement, je me suis possiblement un peu isolée du monde ces derniers temps. Anabelle et Jules ont raison, il faut que je m’aère la tête !
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