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La musique alla crescendo puis s’interrompit brusquement. Le bruit de conversations qui emplissait la grande salle cessa rapidement.
Les trompettes retentirent et un héraut aux poumons d’airain annonça :
— Sire Hal Kailas de Kalabas, maître dragonnier, membre de la Maison du Roi, défenseur du Trône, héros de Deraine, accompagné de dame Khiri Carstares.
Les trompettes retentirent de nouveau et Hal, s’inclinant devant Khiri, lui prit la main et commença à descendre le grand escalier qui menait à la salle de bal.
— Espèce de barbare, siffla Khiri.
— C’est pour cela que le roi me paie, admit aimablement Hal.
— Vous auriez pu attendre que le bal s’achève, murmura-t-elle. Ou… ou alors me séduire plus tôt afin de me laisser le temps de remettre un peu d’ordre dans ma tenue.
Hal lui adressa un regard concupiscent
— Je n’ai pu refréner mon désir.
— Si le roi me demande pourquoi je suis décoiffée – et… pourquoi ma tenue est en désordre – qu’arrivera-t-il si je lui dis la vérité ?
— Il saura que vous êtes une diablesse affamée de sexe qui n’a pu résister à l’envie de me toucher, répondit Hal. Il gloussera probablement dans la barbe qu’il n’a pas.
— Oh ! vous !
— Je vous aime, dit Hal.
— Moi aussi, répondit Khiri. Obsédé sexuel. Et au moins nous avons réussi à vous faire prendre assez de bains pour vous débarrasser de cette odeur de dragon qui vous imprégnait.
Afficher en entierHal nagea sous l’eau aussi profondément et longtemps qu’il le put. Il refit lentement surface, allongé sur le dos pour n’amener que sa bouche à l’air libre, et prit une longue inspiration.
Puis il replongea et se dirigea vers la rive du fleuve.
Il dut remonter respirer à la surface encore à deux reprises. La seconde fois il resta plus longtemps hors de l’eau pour observer la rive et choisir l’endroit où il accosterait : là où d’épais buissons poussaient jusque dans l’eau.
Il atteignit la berge, dont les buissons immergés le dissimulèrent et s’autorisa enfin à regarder la barge derrière lui.
Les soldats ramaient en cercle, observant toujours le fleuve, attendant que Hal refasse surface, mort ou vif.
Le prisonnier se glissa hors de l’eau et rampa dans la végétation. Enfin, il se remit debout.
Avant peu, les Roches fouilleraient la berge et il songea qu’il vaudrait mieux ne pas s’y trouver.
Il commença à descendre le long du fleuve aussi vite que ses pieds nus le lui permettaient
Il avait délibérément abandonné l’usage de ses bottes durant le mois précédent afin de se durcir la plante des pieds.
Mais il n’avait qu’assez mal réussi.
Au bout d’un tiers de lieue il commença à boiter.
En même temps que l’obscurité grandissait, le froid devint plus vif.
L’automne était déjà là, ou en tout cas tout proche.
Mais il était libre !
Cette pensée et la vue du premier village lui firent oublier ses douleurs.
Il aurait bien aimé entrer dans le village et demander l’aumône mais il préférait garder la tête fixée à son cou.
Qui plus est, même si les habitants ne le tuaient pas pour toucher la récompense, ce village serait le premier où les soldats roches viendraient chercher du renfort pour la battue.
Il rêva au prochain village.
Il évita le groupe de maisons et poursuivit sa route.
Il découvrit un grossier chemin de terre à l’arrière du hameau.
Kailas savait bien qu’il ne devrait pas l’emprunter et rester plutôt à couvert, dans la profondeur des taillis.
Mais il s’imagina que, l’alarme n’étant pas encore donnée, il entendrait sans aucun doute les gens arriver avant qu’ils le voient. Quant aux chasseurs qu’il redoutait le plus, ils devaient être à l’œuvre dans les bois, le gibier ayant rapidement appris à éviter tout ce qui était humain.
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