Commentaire de Marie-France-46

Beau à pleurer, triste à mourir...

Quel livre ! Et quel courage, quelle souffrance il a du falloir pour l'écrire... Je suis profondément touchée par cette ode aux femmes, celles que le destin terrasse, que la vie déchiquette, que la mort seule peut apaiser. Malgré ce pessimisme omniprésent, ce n'est pas un livre triste. Dur, terrifiant, mais pas triste. Même ravagées par la drogue et les mauvais traitements, les héroïnes gardent leur part d'enfance, leurs rêves d'un monde meilleur et partagent une amitié lumineuse qui les porte et les transcende.

Mamie Milkweek est la figure stable et bienveillante de cette histoire. Chacune de ses interventions à l'odeur des gâteaux et le parfum des fleurs. Sa fantaisie illumine les pages et c'est d'autant plus difficile de replonger dans un monde terrifiant où les adultes sont incompétents et les hommes des bourreaux potentiels.

Les passages sur la drogue sont exceptionnels. Il serait bon de les faire lire à un public jeune tant ils décortiquent sans concession la lente descente aux enfer de ceux qui y succombent, leur déchéance physique et intellectuelle, les ravages que cela occasionne dans les familles, les fratries, par delà les générations.

Daffy et Arc, Arc et Daffy, les jumelles aux cheveux de feu, à l'imaginaire foisonnant, à l'inventivité foisonnante... Je ne suis pas près de les oublier... Encore une thématique extraordinairement visionnaire de l'auteur. Il faut y ajouter celle de la disparition, du mensonge, de la misère, de la déchéance, de la perte de repères, et bien d'autres encore.

Ce roman porte en lui tant de grâce et de talent que moi, lectrice comblée, je ne peux que dire : Merci ! Merci pour la beauté de l'écriture, pour le souffle de vie, pour la tendresse envers les femmes, pour l'émotion et le chagrin aussi.