Extrait

Elle dégagea doucement son bras d’un geste qui trahit une certaine amertume. Son visage laissa passer une expression douloureuse avant de se fermer totalement. Pourtant, le photographe n’avait rien manqué de ses sentiments.

— Ce dont j’ai peur, Bastien, c’est des gens comme toi qui pensent me connaître au premier coup d’œil et qui se permettent de me juger en oubliant que je suis aussi un être humain. Je suis peut-être insipide mais j’ai le droit au respect, moi aussi. Et ne dis pas que tu m’as respectée, reprit-elle en voyant qu’il voulait parler.

Il la fixa en silence pendant un instant, l’air grave.

— Qu’est-ce qui te plaît, chez moi, alors ? demanda-t-il simplement.

Siana se sentit rougir. Elle baissa les yeux au grand dam de Bastien.

— C’est ta capacité à aimer peu de personnes mais à les aimer fort, confessa-t-elle du bout des lèvres. J’ai beau savoir que je n’ai absolument aucune chance avec toi, ça ne m’empêche pas d’espérer qu’un jour tu me mettes sur le même pied d’égalité que toutes ces femmes sublimes que tu fréquentes. Je ne crois pas que mon physique me rend inférieure à elles. Mais je suis peut-être la seule…

Un long silence suivit sa dernière phrase. Il fallut à Siana tout son courage pour oser lever de nouveau les yeux vers Bastien.

L’homme les vit remplis de larmes. Une étrange sensation résonna alors dans sa poitrine et se répandit dans tout son corps. Si certaines choses lui échappaient encore, il pensait comprendre pourquoi il se sentait différent avec Siana : elle attendait de lui qu’il soit lui-même et rien de plus, comme si elle trouvait que ses défauts étaient aussi beaux et précieux que ses qualités.

Elle était sans doute la plus proche de la vérité car c’était ce savant mélange qui rendait une personne unique.