Extraits

- Je vais prévenir les autorités. Quelle langue parle-t-on sur cette île ?

- Le marshallais et l’anglais. Ça devrait aller.

- Très bien. Maintenant, s’il vous plait, retournez vers vos amis. Ils ont besoin de vous. Cutter est en train de mourir. J’ai besoin que vous utilisiez tout ce que vous appris depuis que vous êtes sur cette île pour aider à le garder en vie. Il nous faut juste quelques heures de plus, mais je ne suis pas sûre qu’il ait même ça encore en lui. Il est inconscient, mais je sais qu’il est capable de nous entendre quand on lui parle. Il a besoin de l’entendre de tout le monde. Pas seulement de ses amis, mais de votre part également. Est-ce que vous pouvez faire ça pour moi ?

- Nous le ferons pour vous et pour lui. Maintenant allez-y.

Je me retournai vers Tank qui me prit la main et m’aida à monter sur le bateau. Puis nous élançâmes sur les flots vers une aventure qui allait peut-être nous sauver la vie.

Ou la finir.

- Vous avez besoin de Tank au cas où les autres essayent quelque chose quand je serai parti.

- Et qu’est-ce qu’un pistolet et un couteau pourront faire contre eux tous ? On est foutus de toute façon. Je le pris dans mes bras et l’embrassai. J’essaye de rester forte, mais j’ai peur. Si quoi que ce soit t’arrive, je ne pourrais pas le supporter. Tu dois faire en sorte que ça marche, Alex. Tu dois revenir vers moi, vers notre enfant si Dieu le veut, et vers notre futur, ensemble. Ça ne peut pas être la fin pour nous, tu m’entends ?!

J’étais tellement émue qu’il me serra encore plus qu’à son habitude. Il m’embrassa fougueusement. Je me laissai porter par son étreinte comme si c’était la dernière. C’était peut-être la dernière fois que les bras de mon mari se trouvaient autour de moi ! Cette pensée me rendait inconsolable. Je me mis à pleurer et toute la peur, toute la colère qui étaient en moi se déversèrent dans ces larmes.

- Arrête s’il-te-plaît, dit-il.

- Comment ? Regarde ce que je dois affronter. Regarde ce que je vais peut-être perdre.

- Fais-moi confiance. Est-ce que je t’ai jamais fait faux bond ?

J’essuyai mes larmes, pris une inspiration et le regardai.

- Quand nous nous sommes rencontrés, répondis-je, tu te souviens de la fois sur la piste de danse quand on faisait semblant d’être un couple ? Tu m’as fait toute une scène…

Il sourit à ce souvenir, et cela me suffit pour me remettre dans l’instant.

- C’est parce que j’étais fou de toi et que je ne savais pas comment gérer ça. Tu m’as pris par surprise. Tu continues à me surprendre tous les jours et tu vas continuer.

- Jennifer ?

- Prend le couteau, répondis-je. Tu dois protéger ma mère.

En entendant ces mots, Blackwell rougit. Puis elle se détendit et vint vers moi pour m’embrasser sur chaque joue.

- Tu sais que tu es comme une fille pour moi, non ? Donc j’ai trois filles maintenant, l’une d’elle est saine d’esprit ! Dieu Merci !

- Merci d’être apparue dans ma vie, même si c’était tout feu tout flamme la première fois.

- Il faut savoir faire son entrée !

Toutefois, deux jours plus tard, qui marquait notre neuvième jour sur l’île, personne n’était encore apparu. Même si nous étions constamment en train de guetter le son d’avions au loin qui seraient à notre recherche, le ciel restait silencieux. Et toujours aucun signe de Cutter. Je craignais qu’il ne soit mort à présent. De plus en plus, l’idée que personne n’allait nous retrouver commença à m’envahir, sans que je le dise à personne. Pour garder le moral des troupes, il était primordial de rester positif, ce que je faisais, tout comme les autres. Mais combien de temps allions-nous pouvoir soutenir cette illusion ?

Pire encore, avec chaque jour qui me séparait d’un médecin, notre enfant, si tant est qu’il était encore en vie, perdait tout espoir de survivre.

Il me sourit de façon si amoureuse et si tendre, que je me sentis fondre. La barbe naissante qu’il portait généralement était devenue une barbe complète et je trouvais que ça lui allait bien, même si cela cachait ses fossettes que j’aimais tant.

- Je t’aime, Jennifer.

- Moi aussi, je t’aime. Plus que tu ne penses.

- Tank m’a ranimé, mais toi tu m’as ramené vers toi.

- Que veux-tu dire ?

- Ce n’est pas fini, pas encore. Je sais que le futur semble peu prometteur au moment présent, mais on va finir par nous retrouver. Je dois vraiment y croire. Et une fois qu’on nous aura trouvé, on va vieillir ensemble, avoir des enfants ensemble, diriger Wenn ensemble, puis on partira ensemble après avoir donné les rennes de Wenn à nos enfants. On est encore jeunes. On a la vie devant nous. Après le crash, je me suis battu pour revenir vers toi et vers notre futur ensemble. Toi et Tank, vous êtes les deux raisons pour lesquelles je suis en vie maintenant. Tank a fait le travail physique, mais c’est toi qui m’as ramené à la vie.

- Maintenant, tu vas me faire pleurer

- Tu fais tout ce que tu peux, dit Lisa.

- C’est gentil de dire ça. Il y a eu des moments sur cette île où j’ai été une vraie peste. Comme tout à l’heure.

- Tu n’as jamais été une peste.

- Disons que j’ai été difficile et je ne me comporte jamais comme ça normalement.

- Et ceci n’est pas une situation normale.

- Touché.

- La Jennifer qu’on connaît n’est pas un petit chaton sans défense, reprit Blackwell. Elle peut être une vipère au besoin, je l’ai vu et j’en ai entendu parler. Ce qu’elle a fait à Stephen Rowe sur cette piste de danse était un piège brillant !