Extraits

Il trinqua avec moi. Puis je me penchai vers lui pour l’embrasser goulûment.

À notre enfant, pensai-je. Où que tu sois, aucun de nous ne t’oubliera. Nous t’aimons et un jour… un jour nous te reverrons. Et tu nous connaîtras enfin et tu sentiras l’amour que nous avions pour toi depuis le premier jour où j’ai appris que j’étais enceinte.

- Qu’a-t-on pour le dîner ? demandai-je en essayant de humer l’air et en balayant les alentours du regard pour essayer de trouver tout signe indicatif. Rien. Alex avait déjà tout nettoyé.

- Ça sent… le sucre ?

Il me tendit mon verre.

- Tu verras bien en temps et en heure. Voudrais-tu aller dans le salon te détendre avant que je ne te gâte ?

- Il y a aussi la chambre… lançai-je.

- Tu es bien pressée…

- Je veux juste être avec toi.

- Je vais te gâter plus tard… promis.

- Mais c’est cruel d’attendre !

- Quand je vais te faire jouir tout à l’heure, tu sais, encore et encore, c’est là que tu verras ce que « cruel » veut dire.

- Dans ce cas-là, dis-je en me sentant rougir à cette idée, le salon me semble être parfait.

- Qu’est-ce que tu manigances ?

- Tu verras bien.

- Regarde-toi, tant de mystères…

- Très perspicace.

- Pourquoi tu ne me laisses jamais te surprendre quand nous sommes ici ?

- Parce que tu n’es clairement pas assez rapide.

- Alors ce sera mon challenge la prochaine où nous viendrons ici. Quand à ce soir, eh bien il faudra juste que je te surprenne d’une autre façon…

- N’hésite pas !

- C’est prévu, dis-je en me dirigeant vers la porte. Laisse-moi voir si Drake a besoin de quoi que ce soit, ensuite j’irai sous la douche.

- Parfait ! Et d’ailleurs, plus tard. Prévois aussi de devenir le plat de résistance. Je te préviens, j’ai très faim…

- D’ici la fin de la journée, j’aurai une équipe mise en place et nous nous mettrons au travail.

- Parfait. Quand on aura quelque chose qui pue le scandale, j’irai menacer Rowe avec. Si ce n’est pas suffisant pour qu’il démissionne et que je puisse récupérer mon poste, alors nous donnerons cette information à la presse et laisserons les choses se dérouler en public. Ce que je suis sur le point de lui faire pendant la conférence de presse va nous aider. Je vais le saper d’une façon à laquelle il ne s’attend pas.

- De quoi parles-tu ? demandai-je.

- Tu aimes les surprises, non mon amour ?

- Tu sais bien que je déteste ça !

- Crois-moi, celle-ci tu vas l’aimer ! Tu verras.

- Je crois que j’ai bien besoin de Lisa en ce moment…

- C’est ce que je pense aussi. Elle va être là sous peu. Maintenant, embrasse-moi. Et mon Dieu, que tu as besoin d’un bonbon à la menthe !

- Très drôle…

- Allons, ne sous-estime pas le pouvoir de l’humour, l’alternative est toujours pire.

Et Blackwell sortit de la chambre à la Blackwell…

- Tu dois savoir que tu n’as rien fait de mal.

- C’est également ce qu’a dit Blackwell.

- Et tu es de cet avis ?

- Le médecin a dit qu’il n’y avait quasiment plus de traces d’hormone de grossesse dans mon système, ce qui tendrait à dire que la fausse-couche était liée à l’accident. Je sais que ce qui est arrivé n’était pas de ma faute, mais ça ne veut pas dire que c’est plus facile à accepter. Est-ce que j’ai envie de pleurer maintenant ? Évidemment que oui. Est-ce que j’ai mal à l’intérieur ? J’arrive à peine à fonctionner. Mais pour notre mariage, je vais devoir accepter que je ne pouvais rien faire pour protéger notre bébé. L’accident était trop dur pour lui. C’est la cause de tout. Sinon, si je n’accepte pas ça, je ne vois pas comment je vais pouvoir m’en sortir. Et si je ne m’en sors pas, ça va finir par nous faire du mal à tous les deux.

- Jennifer…

- Tu sais très bien que c’est la pure vérité. Peu importe si notre mariage est solide, il ne peut pas tout supporter, Alex. C’est vrai pour n’importe qui. Nous sommes tous les deux anéantis. Nous allons devoir nous soutenir l’un l’autre pour le restant de nos vies. Cela ne sera pas facile, comment cela peut-il l’être ? Mais au moins, après tout ce que nous avons traversé ensemble, nous avons toujours l’autre, et rien que ça, ça nous aidera à supporter la douleur même quand elle semble insurmontable.

- N’aie pas peur.

- Mais c’est le cas, et c’est normal. J’ai cru te perdre ! dit-il à voix basse. Cette idée seule m’a déchiré ! Te souviens-tu ce que tu m’as dit avant de tomber inconsciente ?

- Je m’en souviens bien, et je le pensais. Et je le pense toujours.

- Personne ne pourrait te remplacer.

- Et maintenant personne n’a besoin de le faire.

- Mais ce que tu as dit…

-… a été dicté par l’amour. Si j’étais morte, j’aurais voulu que tu trouves quelqu’un d’autre. Je ne regrette pas de l’avoir dit parce que tout ce que je veux c’est que tu sois heureux Alex. J’aurais voulu que tu retrouves l’amour, et que tu aies l’enfant que je n’ai pas réussi à te donner…

- J’ai peur que vous ayez eu une fausse-couche, Mme Wenn, reprit le médecin. Mais pas récemment. Il n’y a aucun signe d’hormone de grossesse dans votre système, ce qui indique que vous avez sans doute perdu l’enfant quand votre avion s’est écrasé. Si vous l’aviez perdu durant la fusillade, vous auriez encore des niveaux d’hormone élevés. Mais nous en avons à peine décelé la trace. Ce n’est pas votre faute. Vous n’avez rien fait pour le mettre en danger. Vous devez savoir qu’il est quasiment impossible pour un fœtus aussi jeune de soutenir un tel choc.

Avant qu’il ne puisse ajouter quoi que ce soit, je me mis à pleurer, inondée de désespoir. J’entendis Blackwell m’appeler derrière la cloison de la salle d’examen. Je sentis le visage d’Alex se lover dans mon cou, et la paume de sa main sur ma joue. Je le sentis tremblant contre moi tandis qu’il me répétait encore et encore qu’il m’aimait. J’entendis le médecin redire à quel point il était désolé. Et même si de façon inconsciente j’avais essayé de me préparer à ce moment, il était clair pour moi que personne ne pouvait être prêt. Il n’y avait rien qui pouvait m’aider à oublier la douleur d’avoir perdu mon premier enfant. Et je me mis à hurler de chagrin. Je tremblais et pleurais. Je regardai Alex et vis ma propre douleur reflétée sur son visage. Et le monde alentour commença à s’estomper.

- Jennifer, dit Alex. Ce n’est pas la fin pour nous. Nous recommencerons, tu seras de nouveau enceinte. Nous aurons un enfant !

- Et comment peux-tu le savoir ?

- Parce que c’est vrai !

Mais moi je n’en étais pas si sûre que ça. L’accident avait peut-être eu des incidences sur mon corps qui me rendraient impossible la conception d’un enfant. Cette possibilité ainsi que ses conséquences sur mon mariage me firent trembler.

Mon cœur commençait à battre la chamade.

Mon corps était baigné de sueur.

Puis tout commença à devenir flou, et à tourner.

- Regarde-moi, me dit Alex. Reste avec moi !

Je pouvais entendre l’émotion dans sa voix, sentir la tension de son étreinte, et un sentiment écrasant de perte m’inonda, je me sentis défaillir et ce monde que je ne voulais plus voir devint obscurité.

- Arrête le saignement, Tank ! dit Alex.

- Elle a pris la balle de plein fouet, je fais de mon mieux !

- J’ai besoin que tu m’écoutes, dis-je à Alex. Si je dois mourir, tu dois trouver quelqu’un d’autre. Je veux que tu tombes amoureux de nouveau. Que tu trouves un amour encore meilleur que celui que nous avons connu. C’est possible. S’il te plaît, dis-moi que tu le feras.

- Non, ce n’est pas possible ! Personne ne peut te remplacer. Et de toute façon, tu ne vas nulle part !

- En fait, j’ai déjà été dans cette situation, juste après le crash. Je me souviens de cette sensation, sauf que c’est pire cette fois.

- Ne me quitte pas…

Ma voix était juste un murmure quand je me remis à parler.

- J’essaye…

- Promets-moi que tu ne vas pas me quitter. On a traversé trop de choses ensemble, Jennifer. Ce qui vient de se passer ne peut pas être la fin de notre histoire.

- S’il te plaît fais ce que je t’ai demandé.

- Tu peux t’en sortir !

- Et peut-être que c’est ce qui va se passer. Mais je sens que je suis en train de partir. Si je n’arrive pas à m’en sortir, j’ai besoin que tu me promettes que quand tu seras prêt, tu trouveras une autre femme, tu l’épouseras et tu auras des enfants avec elle, les enfants que je n’ai pas pu te donner.

- Ce n’est que partie remise, dit-il d’une voix serrée par l’émotion.

- On verra bien… prends soin de Cutter et sors les autres de là. Dis à tout le monde que je les aime. Embrasse Lisa et Barbara pour moi. Je ne veux pas partir, pas encore alors essaye de me garder près de toi…

- On va s’occuper d’eux et de toi. Tu ne peux pas me laisser. S’il te plaît reste avec moi !

Mais je pouvais sentir que j’étais déjà en train de m’éloigner. Je n’étais pas sûre de ce qui avait été touché, mais ça devait être assez important. Tout ce qui m’entourait était devenu incandescent, presque hallucinogène. Je sentis Tank entourer le haut de mon corps de sa chemise. Je pensai à mes meilleures amies, Lisa et Blackwell, et à la vie folle que j’avais vécue jusqu’à présent. Je levai des yeux embrumés vers Alex. Il était en train de pleurer. Les larmes coulaient sur ses joues et disparaissaient dans sa barbe. Je pouvais le sentir m’étreindre, je pouvais sentir son amour me traverser. Je lui redis que je l’aimais. Puis je perdis le contrôle de mon corps et m’effondrai dans ses bras.

- Comment te sens-tu ? demanda-t-il.

- Comme quelqu’un qui peut aider son mari. Mais d’abord laisse-moi te demander. Comment va Lisa ?

- Elle est morte d’inquiétude pour toi.

- Où

est-elle ?

- Elle s’occupe d’Alexa et de Daniella.

- Et comment ça se passe, ça ?

- Elles se tiennent à carreaux.

- Eh bien, ça c’est une surprise !

- Elles sont très inquiètes pour toi.

- Je pense qu’elles ont beaucoup mûri pendant ces deux semaines sur l’île. Je suis contente d’apprendre qu’elles se sont reprises, surtout Daniella.

- Elles veulent te voir.

- Elles le pourront après ceci. Et je veux surtout voir Lisa ! Mais tout d’abord ceci. Je regardai Blackwell. Où est Alex ?

- Il est en train de parler à Ann par Skype dans la salle de conférence.

- Et elle est loin cette salle de conférence ?

- Juste à deux pièces d’ici. Mais les portes sont fermées.