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C’est pire que ce que je pensais. Deux bagues sont effectivement à déplorer, j’ai en revanche gagné un morceau d’asperge, j’espère ne pas avoir trop souri pendant la deuxième moitié du dîner et je me retrouve avec un fil métallique qui se balade dans ma bouche. Si j’embrassais quelqu’un, je pourrais lui embrocher la langue, d’un autre côté la seule personne qui semble disposée à avoir des échanges salivaires avec moi étant Jean-Philippe, aucun risque d’homicide à l’appareil dentaire ce soir. Lorsque je suis de retour dans la salle, je remarque qu’une animation est en préparation. Je déteste les jeux de mariage, avec ma chance, ça tombe toujours sur moi.
Afficher en entierBienvenue à Bourlotte-la-Grande, village de six cent trente-trois habitants, vaches comprises. Inutile de chercher Bourlotte-la-Petite sur une carte, vous ne trouverez pas. De toute façon, je ne vois pas comment on pourrait faire plus petit ! Commerces : une boulangerie. La supérette la plus proche se trouve dans le prochain village, Épeuge, à trois kilomètres. Et pour un supermarché, il faut en compter dix. Même le panneau d’entrée de l’agglomération a l’air fatigué. Ici, tout le monde se connaît et surtout, tout le monde sait tout sur tout le monde. J’ai passé les dix-huit premières années de ma vie dans ce patelin paumé à chercher par quel moyen m’en échapper. Le bac a été pour moi une délivrance, le sésame pour la capitale, et la vraie vie : restaurants, bars, cinémas, théâtres, expos, shopping et surtout êtres vivants non retraités ! Depuis dix ans que je suis partie, presque rien n’a changé, hormis quelques anciens qui nous ont quittés et de jeunes familles qui ont pris leur place. Il faut croire que l’histoire se répète. Revenir ici me donne tout bonnement le cafard.
Afficher en entierJe n’aime pas le lundi. Un traumatisme qui remonte à la sixième. J’ai eu la malchance de grandir à Bourlotte-la-Grande, village paumé de l’est de la France où il n’y avait ni collège, ni lycée à des kilomètres à la ronde. Alors, dès mes douze ans, lundi a rimé avec réveil à 6 h 30, soit à peu près le milieu de la nuit pour une adolescente, pour prendre le bus de 7 h 30 direction Saint-Allay, la « grande » ville de quinze mille habitants. Mes parents n’avaient probablement pas conscience des conséquences de leur acte en choisissant de s’installer dans ce trou. Si un jour j’ai des enfants, je promets de ne jamais leur faire subir pareil sort.
Afficher en entier- Tu sais que je n'aime pas que tu parles de lui comme ça !
- Et toi tu sais que je ne l'aime pas tout court.
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