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Anne Mandayville installa Finn dans une des chambres de la maison. Sa fenêtre donnait sur les jardins parfumés. Des perroquets au bec jaune vif tapaient du bec contre le volets.
- Tu guériras vite ! affirma Sara le jour de son installation. Elle s'activait déjà dans la pièce, les bras chargés de linge propre.
- Ah oui ? Tu es médecin ? maugréa l'ancien mousse.
- Ne fais pas le malin ! répliqua sévèrement Sara. Tu as de la chance qu'Anne te traite comme ça. Moi je t'enverrais à l'instant coucher avec Midas.
Elle tourna autour du lit, défroissa les draps et continua d'une voix féroce :
- Miguel raconte que tu dis n'importe quoi.
- Mais...
- Tu te mêles de ce qui ne te regarde pas. Tu parles d'amour à tort et à travers.
- Mais...
- Et de quel droit, espèce d'ahuri ? Et cesse de répéter mais-mais-mais comme un mouton, ça m'énerve !
- De quel droit ? répéta le pauvre Finn en réussissant enfin à placer un mot. Parce que je t'aime. Je t'aime et c'est toi l'ahurie si tu ne le sais pas encore ! Tu cours derrière Anne qui ne pense qu'à ses bijoux, et derrière Miguel qui ne pense qu'à Anne. Mais MOI je ne pense qu'à toi.
Finn se redressa dans son lit et flanqua un bon coup de poing à son oreiller.
- Tu n'as vraiment rien compris ! Je t'aime !
- Mais...protesta faiblement Sara.
- Et tu n'y peux rien ! C'est comme ça !
- Mais...
- Ah ? Tu vois ? Toi aussi tu bêles comme un mouton, grogna Finn. Tu ferais mieux de me regarder. Je suis beau moi ! Je pense à toi, moi ! J'ai appris à lire et à écrire rien que pour te plaire, moi ! J'ai même pris une balle dans la peau à cause de toi !
Le garçon retoba sur son lit, épuisé. Sara, partagée entre la stupeur et l'attendrissement, le contemplait fixement.
- Tu es sérieux ? demanda t-elle enfin.
- Et comment ! rugit Finn.
La jeune fille s'assit près du lit et plongea sa tête entre ses mains.
- Tu m'aimes peut-être à Alegria, dit-elle enfin. Mais ailleurs...
Elle posa sa main sur celle du garçon. Sa peau sombre se détachait nettement sur le drap blanc.
-Ailleurs, je suis une ancienne esclave.
- A je ne quitterai jamais Alegria, décida Finn. Et toi, tu ferais mieux de réfléchir.
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Pendant son temps libre, Finn cherchait tous les prétextes possibles pour rendre services à Anne Mandayville... afin d'approcher Sara.
Il l'aimait sans même savoir pourquoi ! Dès le premier jour, Anne et Sara l'avaient impressionné. Maîtresse et servante, blonde et noire, l'une vêtue de soie lumineuse, l'autre de coton délavé... [...]
- Tu n'as vraiment rien d'autre à faire ? lui demanda t-elle alors qu'il rôdait autour d'elle. Va cirer les bottes de ton capitaines, tu n'es bon qu'à ça !
Finn, humilié, s'empourpra jusqu'au oreilles.
- Et toi, va repeigner ta maîtresse. Elle passe sûrement sa vie devant son miroir ! Je me demande d'ailleurs bien pourquoi, vous êtes aussi moches l'une que l'autre. Elle ressemble à un fromage blanc et toi à un masque de suie ! explosa t-il.
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