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Pourtant, alors que tout se meurt et disparait autour de moi, je me sens empli d’une résolution que je ne me connaissais pas. Quand il n’y a plus rien à espérer, il n’y a plus rien à craindre. Il n’y a plus qu’à avancer, et à jeter vers le passé un ultime regard.
Afficher en entierLa montagne a cédé le pas à une forêt épaisse et vénérable, qui semble n’avoir jamais connu le passage de l’Homme. Des ronces plus hautes que nos têtes nous entourent de toutes parts et les chevaux peinent à s’y frayer un chemin. Sans parler du chariot de ma fille, qui ne cesse de s’enliser dans l’humus, une véritable boue de vers et de feuilles en décomposition, spongieuse, dans laquelle nous nous enfonçons souvent jusqu’aux genoux. J’ai entendu quelques-uns de mes compagnons murmurer que Dora pourrait tout aussi bien poursuivre sa route sur le dos d’une simple monture. Je m’y refuse. S’ils osent m’en faire la suggestion, j’ordonnerai qu’on les abandonne derrière nous, et ils n’auront plus qu’à rebrousser chemin. Malgré tout, j’aime cette forêt, car son silence m’aide à oublier mes maux.
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« Les hommes se taisent. Je parle de Varidian, de la disparition d’un lac et de l’apparition d’un autre. Ils ont peur. Autour de nous, le silence, hormis Aldemar qui miaule toujours. L’un des musiciens reprend la parole. « Écoutez, mes amis, le chat chante mieux que nous. Il chante pour la fin du monde. - Vous sentez ce vent ? murmure un autre. Il faut le laisser nous pousser. » Ils partent. En effet, je sens le vent sur mon visage. Il vient du nuage de Nuit. Un vent fait de vagues, tantôt glacées, tantôt tièdes et fétides. Mon avancée ne s’en trouve que plus difficile, mais demeurer immobile me semble plus absurde que de m’efforcer de progresser encore. »
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