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chapitre premier

— Evan ! Debout !

Le garçon commença par enfouir son visage chiffonné sous son oreiller. Alors qu’il était encore plongé dans un demi-sommeil, un gémissement grognon quitta ses lèvres.

En bas, la voix tonna de plus belle.

— Evan, bon sang ! Si je dois monter te chercher, je te jure que…

— Encore cinq minutes, parvint à articuler l’intéressé, frottant d’une main ses yeux embués.

Puis il se redressa d’un coup, le souffle coupé. Hagard, il regarda autour de lui, examinant l’impossible décor qui l’entourait.

L’odeur, la première, l’avait interpellé, par-delà les limbes du sommeil. Une odeur de fonte et de braises, l’odeur de ces milliers de jours où il s’était réveillé de mauvaise grâce, ici même. Dans sa chambrette à l’étage de la forge de Kyle.

Et – Evan l’aurait juré – c’était bien la voix du solide artisan qui résonnait d’impatience en bas de l’escalier. Sauf que c’était impossible. L’adolescent avait quitté son village depuis de longs mois, à présent. Et le pauvre Kyle avait été déporté, on ne savait où, par les Fraters.

Evan se leva en chancelant, totalement perdu. Comment pouvait-il être de retour à Bronghan, dans le cadre familier de son enfance ? Non sans une sensation de vertige, le garçon prit conscience qu’il ne parvenait pas à déterminer précisément son dernier souvenir avant ce matin. Il n’était pourtant pas victime d’une entière amnésie : aucun des événements récents ne lui était étranger, et cependant tout semblait flou, mélangé, dans sa mémoire.

— Garnement…, rugit à nouveau le forgeron. Ça va mal se passer, crois-moi !

Comme un somnambule, Evan se résolut à descendre l’escalier. Mais tandis qu’il finissait de passer sa chemise dans son pantalon, il s’immobilisa sur la dernière marche, étreint par une émotion puissante. Soudain, il se sentait parfaitement réveillé.

Le robuste villageois se tenait bel et bien là, face à lui. Kyle, celui qui avait été son maître. Kyle avec ses biceps de lutteur, sa tignasse rousse et son air courroucé, l’homme qui avait été emmené par les Fraters, sans espoir de retour, il y avait déjà plus d’un an. L’orphelin ne parvenait pas à en croire ses yeux.

Déboussolé, il contourna le colosse sans un mot, et sortit dans la rue en courant. Tout était en ordre, la moindre maisonnette de Bronghan se dressait à sa juste place, parfaitement identique à ses souvenirs. Même celles qui avaient été brûlées. Evan commença à tourner sur lui-même, les bras écartés, chancelant sous une lame de fond vertigineuse tandis qu’il scrutait son environnement avec incrédulité.

— Evan ! s’écriait Kyle dans son dos, d’une voix assourdie par les perceptions cotonneuses du garçon. Où vas-tu ? Mais quelle mouche t’a piqué, ce matin ?!

Saisi d’une impulsion subite, l’orphelin tâta son œil gauche, crevé lors de la dernière bataille.

Bien entendu, il était intact.

Tandis que quelques villageois intrigués par son attitude commençaient à s’attrouper autour de lui, Evan aperçut le vieux Meglinn de l’autre côté de la rue. Cela en fut trop, et l’adolescent sentit sa raison vaciller sur ses bases. Courant vers l’ancêtre, il se jeta dans ses bras.

— Comment est-ce possible ? s’écria-t-il, éclatant soudain en sanglots. Je vous ai vu mourir, Vieux Meglinn !

Le vieillard haussa un sourcil sceptique et chuchota :

— Eh bien, eh bien… un grand garçon comme toi… (Il lui tapota gentiment la tête.) Allons, tout doux, mon enfant. Tu vois bien que je ne suis pas mort. Ce n’était qu’un vilain cauchemar.

Toujours incrédule et choqué, Evan redressa la tête vers le visage souriant du vieil homme. Juste derrière lui, Kyle les observait, l’air plus inquiet que fâché, à présent.

— Je… je n’y comprends plus rien, hoqueta le garçon.

Kyle s’approcha, posant une main sur l’épaule de son pupille.

— Alors, on pourrait enfin savoir ce qu’il t’arrive ? fit-il, l’exaspération feinte de sa grosse voix démentie par le réconfort de sa poigne solide.

— Je ne sais pas…, bredouilla Evan, secouant la tête. Je crois… j’ai dû faire un rêve…

Il ferma brièvement les yeux, tâchant de rassembler ses esprits :

— Pourtant, je… Bon sang, mais non, ce n’est pas possible ! jura-t-il, jetant un nouveau regard circulaire autour de lui.

» Vieux Meglinn, commença-t-il d’une voix plus nerveuse qu’il ne l’aurait souhaité, je crois qu’il faudrait réunir le conseil du village. Il se passe quelque chose de pas du tout normal…

Kyle soupira, croisant les bras sur la poitrine.

— Dis, tu ne crois pas que tu exagères un peu ? lâcha-t-il. D’abord, tu te lèves en retard, puis te voici qui t’élances dans la rue comme un fou, et maintenant cette requête farfelue… comme si on allait convoquer le conseil sur les caprices d’un gamin. Les hommes du village ont du travail, figure-toi, tout le monde ne tire pas au flanc comme un certain garnement de ma connaissance… (Il soupira bruyamment.) C’est donc tout ce que tu as trouvé pour me faire tourner en bourrique ce matin ?

Apaisant, le vieux chef posa une main sur le bras du forgeron, et s’adressa doucement à Evan :

— Voici ce que je te propose : pour commencer, tu vas nous accompagner, Kyle et moi, dans ma maison. Je vais vous réchauffer un bon petit déjeuner, et tu nous parleras de ce qui te tracasse, d’accord ? Ensuite, si nous jugeons que c’est assez grave pour requérir la réunion du conseil, nous ferons prévenir les autres. Ce programme te paraît-il convenable ?

Evan hocha la tête, la bouche pincée. Tout désemparé qu’il était, une partie de lui aurait bien apprécié que le vieux Meglinn cesse de le traiter comme un enfant vaguement attardé. Il avait voyagé à travers deux royaumes, combattu des assassins, des créatures de Pourpremonde et des Fraters. Après avoir vaincu l’Exégète lui-même, il ne croyait plus devoir prouver sa maturité…

À moins, bien entendu, qu’il n’ait rêvé tout cela ? Pour le moment, il ne parvenait pas à envisager sérieusement cette possibilité. Ces souvenirs, même flous comme ils l’étaient, paraissaient trop réels. Il n’avait tout de même pas pu tout inventer…

Il emboîta donc le pas au vieil homme, Kyle fermant la marche. Evan entendait ce dernier ronchonner dans son dos, promettant que ça allait barder si le garçon se moquait d’eux. Arrivé chez le vieux Meglinn et attablé devant un bol de lait et une part de tarte chaude, l’orphelin entama son récit :

— Je vous préviens, c’est assez flou, commença-t-il. Mais je suis certain que tout ça est bel et bien arrivé. Les choses ne sont pas comme vous croyez qu’elles sont, vous comprenez ? C’est totalement impossible.

Les deux hommes l’observaient en silence, l’expression vaguement inquiète. Evan déglutit et poursuivit :

— Euh… bien, je vous raconte. Mais s’il vous plaît, arrêtez un peu de me regarder comme si j’avais perdu l’esprit, d’accord ? (Les deux hommes acquiescèrent et il continua.)

» Tout a débuté quand Finrad, le vieux magicien – enfin, je veux dire l’Ancien Roi, mais à ce moment-là je l’ignorais – a débarqué dans la clairière aux Esprits, tout près d’ici…

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La nuit tomba.

En moins d’une seconde, la clairière aux Esprits se trouva plongée dans les ténèbres. Le croissant de la lune était rouge, comme le sang de Tehan qui brillait sur le menton du Rêveur. Des loups hurlèrent dans les collines, là où il n’y avait jamais eu de loups.

Le danger et la menace réveillèrent la nature draconique d’Evan, qui sentit ses yeux se voiler d’une deuxième paupière translucide tandis que sa vision passait en négatif.

— Je ne suis pas responsable de l’irruption de Finrad, se défendit-il en s’interposant entre le Rêveur et Aiswyn. Inutile de faire appel à la manière forte.

L’Apôtre secoua la tête en souriant.

— Trop tard, mon garçon. Je ne peux pas prendre le risque de te voir céder aux arguments de l’Initié. Nous allons en finir, ici et maintenant.

Evan grogna et se tourna vers Finrad en l’accusant du regard.

— C’est votre faute, vieux fou ! cracha-t-il. Vous avez tout gâché !

Il n’eut guère le temps d’en dire plus, car le Rêveur passa à l’attaque. Se mouvant avec une rapidité stupéfiante, qui agita de soubresauts sa masse adipeuse, il propulsa sa main ouverte vers l’adolescent. Un geste sec, précis, impitoyable et indifférent. Il écrasait un insecte.

Mais l’insecte fut sauvé par une intervention providentielle. Finrad, s’interposant, leva son bâton en un geste impérieux, et Evan sentit une décharge d’énergie glaciale frapper la paume qui s’abattait sur eux.

L’Apôtre ramena vivement sa main à lui, comme s’il avait été piqué par une guêpe, et se suça le gras du pouce. Il fronça les sourcils, ses lèvres épaisses adoptant un pli froidement haineux, sans plus aucune trace de l’ironie ni de la suavité dont il aimait habituellement à se parer.

— Ainsi, le moment est venu, Initié, murmura-t-il. C’est entre nous deux, comme cela devait tôt ou tard arriver. Nous allons enfin savoir qui est le plus puissant.

Les yeux de l’Ancien Roi s’étrécirent dans l’ombre de son grand chapeau, tandis que sa poigne s’affermissait sur son bâton.

— Evan, écarte-toi, dit-il d’un ton concentré.

Le garçon ne se fit pas prier pour obéir, entraînant une Aiswyn prostrée vers la lisière des arbres. Il s’arrêta à quelque distance pour observer l’affrontement des deux entités millénaires.

Le géant obèse s’était arc-bouté et avait mis ses deux mains dans sa bouche, tirant pour agrandir ses joues dans des proportions grotesques. Sa mâchoire inférieure se désolidarisa de son crâne tandis que sa bouche, devenue élastique, enflait et s’ouvrait tel un abîme béant.

Des visages fantomatiques s’en échappèrent, pour assaillir Finrad en hurlant et en sifflant.

L’Ancien Roi frémit et ferma les yeux, mais ne recula pas. Les esprits démoniaques le traversèrent sans parvenir à le terrasser. Il prononça une incantation à voix basse, et un blizzard venu de nulle part se leva, déchirant l’air. Un millier de minuscules cristaux de glace, tranchants comme des éclats de diamant, lacérèrent la chair flasque de l’Apôtre.

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