Extrait

Les hommes qu’il affrontait maintenant étaient tous plus petits que lui d’une bonne tête. De loin, il avait l’air d’un géant bataillant au beau milieu d’une troupe de nains. Bien qu’éprouvé par l’effort, Abrax parvenait encore à griffer l’air de son glaive, assénant à intervalles réguliers de rudes coups de poing par-ci, de redoutables coups de tête par-là.

Le soleil avait fini par se lever au-dessus de la cime des arbres et ses rayons inondaient sa chevelure flamboyante, faisant étinceler les pièces de métal disséminées dans ses mèches ou bien le torque11 suspendu à son cou. Ses hurlements de rage se confondaient avec les cris de douleur des soldats aux nez brisés par une percussion du coude, ou la cuisse tailladée par un coup de lame. À ses pieds, gémissaient comme des enfants ses adversaires déjà vaincus.

― Abrax ! hurla Laucos en piétinant à grand coup de sabots les Romains à terre. Monte !

― Va-t’en ! s’égosilla Abrax sur un ton incisif.

― Pas sans toi !

Et Laucos lui offrit son avant-bras pour qu’il s’y agrippe.

Cependant, dans le tumulte un légionnaire qui saignait à la tempe lui attrapa le poignet et le tira vers le bas. Il fallut à Laucos toute sa détermination pour ne pas lâcher les rênes et glisser de selle.

D’un mouvement sec, Abrax trancha la main du Romain, offrant au cavalier la possibilité de se redresser. Il déroba son casque au soldat qui se tenait le moignon pour en frapper un autre en plein visage.

― Pars ! hurla-t-il à l’adresse de son amant. Fous-le camp !