Extraits

Jake s'agenouilla devant elle sans un mot, son jean et son boxer toujours baissés aux genoux. Il se pencha sur sa fente aux chairs roses offertes, et imita le geste de Désirée, faisant courir un doigt avec légèreté en son centre. Elle frissonna. Un contact si doux ne semblait pas pouvoir provoquer une réaction si intense de sa part, mais peut-être était-ce l'expression dans les yeux de Jake qui l'avait fait trembler un peu. Parce que quelque chose y avait changé.

Ce soir-là, comme chaque fois qu'elle couchait avec quelqu'un, elle menait la danse. Et Colt - avec son attitude présomptueuse - était plus directif que Jake. Résultat, celui-ci avait patiemment pris ce qu'elle lui offrait. Et elle savait qu'il avait aimé ça. Mais il était fatigué de se montrer patient, supposa-t-elle, de les laisser décider du déroulement de la soirée. Il avait soudain l'air plus exigeant et en dépit de ses bonnes résolutions, Désirée en était plus excitée encore.

Pourtant, elle pourrait perdre le contrôle de la situation, se dit-elle. Tout cela n'était qu'un jeu mental, bien sûr, peut-être cela n'avait-il pas d'importance, et devrait-elle laisser Jake agir à sa guise, et voir ce qu'il ferait.

Mais les vieilles habitudes ont la vie dure, et elle sut instantanément qu'elle était incapable de lui laisser tout le pouvoir, car c'était ce qui lui permettait d'agir, de faire l'amour si librement.

Jake l'explorait de ses mains, de ses doigts, frôlant délicieusement le pourtour de sa vulve, ou glissant dans ses replis trempés. Il gardait les yeux fixés dessus, mais plus souvent, la regardait, elle, guettant ses tressaillements, ses frissons, tous les signes qui montraient combien ces attouchements l'excitaient.

Lorsqu'il enfonça deux doigts en elle, elle haleta. C'était mince, comparé au sexe de Colt, mais comme tout ce que lui faisait Jake, cela lui procurait un surcroît de sensations. Il prit son temps, s'observant en train de la pénétrer de cette manière, ses doigts glissant en douceur, rapidement, dedans et dehors, dedans et dehors, la paume de sa main vers le haut. Puis il les porta à sa bouche pour les sucer. Le ventre de la jeune femme se creusa.

Elle déglutit et fixa Jake.

— Tu as une chambre ici, à l'hôtel ?

— Ouais, confirma-t-il d'une voix basse.

— On pourrait y aller, maintenant ?

— Hum, ouais. Bon Dieu, bien sûr.

— Tous les trois, précisa-t-elle.

Ce n'était pas une question mais une affirmation.

—Tu sais, après t'avoir vue vendredi dernier, Dana a élaboré cette théorie dingue comme quoi tu étais recluse dans ton appartement à faire l'amour avec le nouveau flic toute la journée, parce que personne ne l'a vu dans le coin cette semaine, lui non plus.

Le soupir que laissa échapper Beth Anne était cette fois-ci moins heureux que le précédent.

—Mais on dirait bien que nous avons pris nos rêves pour la réalité.

—Pas du tout, répondit Carly, avec un naturel alarmant. J'ai couché avec lui. Et c'était incroyable, d'ailleurs. Il n'est pas en ville en ce moment, mais je devine que lorsqu'il reviendra, nous nous enverrons en l'air comme des fous.

Pour quelqu'un qui, d'habitude, répugnait à évoquer sa vie sexuelle, ou plutôt son absence, Carly apprécia que son amie en reste bouche bée, mâchoire pendante. Elle ne parvenait pas vraiment à y croire, mais c'était en fait amusant de choquer Beth Anne. Elle sourit et poursuivit, débordante de confiance en elle :

—Je parie que vous pensiez que je n'avais aucune expérience sexuelle, hein ? lança-t-elle, éprouvant soudain le besoin de partager son nouveau sentiment de normalité. Eh bien surprise : je couche.

Une fois remise du choc, Beth Anne se fendit d'un large sourire.

—Dieu soit loué ! Tu n'imagines pas à quel point cela me rend heureuse.

Carly ne put résister à la tentation d'ajouter :

—Mais attention quand tu courras apporter la nouvelle à Dana. Je ne voudrais pas être responsable d'un accouchement prématuré.

Il était furieux contre elle mais, face à cette vision aussi excitante qu'inattendue, son désir prit le dessus et le domina comme jamais auparavant.

La porte de Winterberry s'ouvrit à l'heure du déjeuner et Dana entra, radieuse.

-Tu couches avec l'officier Lockhart! lança-t-elle à Carly.

-Je n'arrive pas à croire qu'il t'ait fallu tant de temps pour être au courant !

Il parcourut le couloir jusqu'à sa chambre où il attrapa sa paire de menottes. La pensée lui vint alors qu'il n'aurait maintenant plus besoin de les rendre. Retournant au canapé, il les tendit à Carly.

— Hum, je suis bonne à ce jeu, mais maintenant ? Sa confusion le fit sourire largement. Puis il lui tendit ses poignets.

— Considère qu'il s'agit d'un acte symbolique. Pour te montrer que je peux renoncer à la maîtrise des événements. Ou qu'en tout cas, je vais apprendre. Je te fais confiance, tu peux me les passer - je supporterai. Saisis ta chance,fais ce que tu veux de moi.

Un sourire s'épanouit sur le visage de Carly pendant qu'elle glissait une menotte d'acier autour du poignet gauche de Jake et la fermait dans un claquement ; puis elle fit de même avec l'autre, autour de son poignet droit à elle.

— Comme cela, ça ira pour le moment. Juste pour savoir que nous traverserons les choses ensemble.

Sauf que c'était maintenant impossible. Parce que chaque fois qu'il regarderait par sa fenêtre, il penserait à Carly.