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Donc, pendant qu'on se sert de lui comme d'un fantoche, d'un fantoche vidé de roi, pendant qu'on le manipule comme un membre, - et les parades journalières au temple font partie de ces manipulations, - pendant que tout le monde travaille pour lui, tout le monde, c'est-à-dire Julia Moesa, sa grand'mère, Julia Soemia, sa mère, et les deux eunuques de celle-ci, de Julia Soemiamira : Gannys le prévoyant, le sagace, Eutychien le Grotesque ; - et, tout à côté de Julia Soemia, Julia Mammoea, la soeur de cette dernière, qui, tout en faisant semblant de travailler pour lui, travaille en réalité pour son fils, le petit Alexandre Sévère (pour mettre, à la place d'Héliogabale, un jeune empereur à la verge pure et à la tête de mouton frisé) ; tandis que tout le mode travaille pour lui, Héliogabale aussi travaille pour lui-même, mais d'une façon qui aurait bien étonné les historiens de l'époque, s'ils s'étaient risqués à y regarder de plus près. On peut le mener tous les jours au temple ; et, revêtu de la tiare solaire qui porte une corne de bélier, le faire évoluer selon les rites comme une statue qui ne dit mot; Héliogabale, aidé de Gannys, a pénétré toute l'intrigue, et il se propose d'en profiter.
Mais d'en profiter comme un roi. Avec grandeur et magnificence, avec une conscience vraiment royale des pouvoirs qui reviennent au roi et qu'il puise derrière les rites.
Afficher en entierOr, j'estime que nous avons besoin de savoir, et que nous n'avons besoin que de savoir. Si nous pouvions aimer, aimer d'un seul coup, la science serait inutile ; mais nous avons désappris à aimer, sous l'action d'une sorte de loi mortelle qui provient de la pesanteur même et de la richesse de la création. Nous sommes dans la création jusqu'au cou, nous y sommes par tous nos organes : les solides et les subtiles. Et il est dur de remonter à Dieu par le chemin échelonné des organes, quand ces organes nous fixent dans le monde où nous sommes et tendent à nous faire croire à son exclusive réalité. L'absolu est une abstraction, et l'abstraction demande une force qui est contraire à notre état d'hommes dégénérés.
Afficher en entier« Héliogabale, le roi pédéraste et qui se veut femme, est un prêtre du masculin. Il réalise en lui l’identité des contraires, mais il ne la réalise pas sans mal, et sa pédérastie religieuse n’a pas d’autre origine qu’une lutte obstinée et abstraite entre le Masculin et le Féminin. »
Afficher en entierMais si Héliogabale passe de femme en femme comme il passe de cocher en cocher, il passe aussi de pierre en pierre, de robe en robe, de fête en fête et d'ornement en ornement.
A travers la couleur et le sens des pierres, la forme des robes, l'ordonnance des fêtes, des bijoux qui battent à même sa peau, son esprit fait d'étranges voyages. C'est ici qu'on le voit pâlir, qu'on le voit trembler, à la recherche d'un éclat, d'une aspérité à laquelle il s'accroche, devant la fuite effroyable de tout.
C'est ici que se manifeste une sorte d'anarchie supérieure où sa profonde inquiétude prend feu ; et il court de pierre en pierre, d'éclat en éclat, de forme en forme, et de feu en feu, comme s'il courait d'âme en âme, dans une mystérieuse odyssée intérieure que personne après lui n'a plus refaite.
Afficher en entierIl faut suivre la foule pour la diriger. Lui tout céder pour tout lui reprendre.
Afficher en entierLa poésie, c'est de la multiplicité broyée et qui rend des flammes.
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