Ajouter un extrait
Liste des extraits
PREMIÈRE PARTIE
De l’historionomie, considérations sur l’existence, la nature et l’usage de lois de l’Histoire
Notre démarche a commencé avec une constatation : celle des nombreuses comparaisons effectuées par des auteurs divers entre l’antiquité gréco-romaine et l’histoire de l’Occident depuis la chute de l’Empire romain. Certains ont ainsi comparé les « siècles obscurs » grecs au Moyen Âge européen ; Albert Thibaudet a comparé le conflit suicidaire de la Première guerre mondiale (encore n’a-t-il point connu la Seconde) avec la non moins suicidaire guerre grecque du Péloponnèse1 ; comparaison semblablement faite par Arnold J. Toynbee2. Jules Isaac, dans ses Oligarques3, comparait le régime de Vichy avec celui des Trente Tyrans d’Athènes, mis en place par Sparte victorieuse. Oswald Spengler avait compris que la Grèce antique et l’Europe médiévale et moderne ne constituent pas une civilisation continue mais que la seconde a reproduit le parcours de la première4. Chantal Delsol a comparé la situation actuelle de l’Europe face aux États-Unis à celle des Grecs face aux Romains5. Les détracteurs de la puissance américaine parlent fréquemment d’Imperium americanum. Notre incompréhension occidentale face à l’islamo-terrorisme fait écho au choc des civilisations romaine et judaïque au premier siècle de notre ère6.
Toutes ces comparaisons ne relèvent pas seulement de similitudes isolées mais, mises bout à bout, font système et montrent l’existence d’une réelle symétrie entre l’histoire antique et l’histoire mondiale depuis la chute de l’Empire romain.
Notre propos ici est donc de montrer l’existence d’un modèle cyclique historique de près de deux millénaires comprenant plus d’une quarantaine d’étapes réparties entre (ou partagées par) quatre cycles que nous avons simplement nommés A, B, C et D, le schéma A s’appliquant à la fois à la Grèce antique et à l’Europe occidentale, B à la puissance romaine antique et aux États-Unis d’Amérique, C à la civilisation judaïque antique et à la civilisation arabo-musulmane, D aux antiques civilisations assyrienne et perse et aux empires turcs des Seldjoukides aux Ottomans. Nous montrerons aussi que des indices permettent de s’interroger sur une première occurrence du cycle défini dans une époque encore plus ancienne, où A s’appliquerait à la civilisation minoenne de Crète, B à la civilisation Mycénienne, où il est probable que D s’applique aux empires mésopotamiens et où le souvenir de la haute antiquité du peuple hébreu présent dans la Bible semble – en l’absence de données archéologiques précises pour ces périodes – correspondre au schéma de C.
Afficher en entierIntroduction
« Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé. »
Ecclésiaste 3, 15
De nombreux penseurs des siècles passés ont cherché à comprendre les mouvements de l’humanité, tenté de dégager des principes généraux, des règles, des lois de l’Histoire. Les philosophes grecs ont voulu établir quelles lois dictaient l’histoire politique de leurs cités, en particulier l’alternance de différents régimes : monarchie, aristocratie, démocratie… et l’on trouve pratiquement autant de typologies et de schémas d’évolution que d’auteurs.
La même énigme, des siècles plus tard, a poussé à la réflexion un juriste comme Maurice Hauriou, qui a tenté d’expliquer l’instabilité politique de son pays depuis la Révolution par un cycle récurrent alternant dictature du législatif, dictature de l’exécutif et régime parlementaire apaisé.
Afficher en entier