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L’éditeur se radossa à son fauteuil (toujours le même, en cuir rouge) et ramassa la note de frais mensuelle de M. Rune. C’était une note de frais particulièrement substantielle. Elle comprenait vingt-trois pages d’une écriture serrée. Il la parcourut et choisit une note au hasard.
–Papier toilette, dit-il.
–Du papier toilette ? répéta Rune en polissant sa chaîne de montre avec un grand mouchoir rouge. Ce n’est pas vraiment une dépense superflue.
–Du papier toilette avec vos initiales ?
–Et pourquoi pas ? Suggéreriez-vous que du papier toilette importé du Japon, fait main avec des fleurs d’iris, de gladiolé et de fleurs de coton, parfumé à la bergamote et au sassafras, puis replié pièce par pièce selon le signe sacré du lotus, ne mérite pas de porter mon monogramme ?
–Vous vous servez de papier toilette en forme de lotus ?
L’éditeur en resta bouche bée.
–Je suis Rune, dit Rune. Je dénoue l’indénouable et effe l’ineffable. Pensez-vous que je doive me faire essuyer le derrière avec du vulgaire papier- cul de bas étage ?
–Vous dites qu’on vous essuie le derrière ?
–Votre intérêt pour mes fonctions corporelles commence à frôler le fétichisme. Ne seriez-vous pas de la jaquette, par hasard ?
M. Mont-de-Marsan en retomba sur son fauteuil.
Afficher en entierL’homme le plus mieux de tous les temps était allongé dans son bain.
Ceux qui servaient d’assistants personnels au grand homme, ceux qui le pomponnaient et l’enjolivaient, qui relevaient ses oreillers et arrachaient ses poils de nez, se tenaient agenouillés sur le sol de marbre de la salle de bains, dans une attitude de supplique et d’attention.
Ils étaient là pour faire. Lui se contentait d’être.
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